
Bonjour Maxime Sourdin, qui êtes-vous ?
Je travaille à Nantes Métropole au sein de la Mission d’Animation de la Feuille de route Transition Énergétique, qui coordonne les 33 engagements votés en conseil métropolitain suite au Grand Débat sur la transition énergétique.
Quelles sont vos missions pour encourager les habitants de la métropole nantaise à s'engager dans la transition énergétique du territoire ?
En plus de la coordination, j’assure la mise en œuvre d’une partie du 22ème engagement de la feuille de route "100 labs citoyens" avec mes collègues du pôle climat, du pôle environnement et de la direction des déchets. Cet engagement consiste à mettre en place et en réseau des laboratoires citoyens, et à poursuivre l’animation de défis citoyens sur la métropole.
Concernant les défis, les habitants de Nantes Métropole sont invités chaque année à participer à une nouvelle saison sur 3 thématiques : #énergie, #alimentation et #zérodéchet. Au cours des défis, les participants sont regroupés en équipes pour changer leurs habitudes et ainsi réduire leurs consommations d’énergie (électricité, gaz, eau…), apprendre à manger local et sain à budget constant, ou encore réduire leurs déchets. Pour réaliser ces défis, les participants sont accompagnés plusieurs mois par des prestataires que nous mandatons, spécialistes de chacune des thématiques proposées.
Quels sont les retours des citoyens sur ces enjeux et les premières solutions locales proposées ?
Au cours du grand débat sur la transition énergétique, l’un des axes soumis aux habitants de la métropole concernait les modes de vies. Nous avons reçu de nombreuses contributions de personnes qui demandaient à être accompagnées dans la transformation de leurs comportements, et c’est aussi ce qu’ont fait remonter les participants des différentes communautés du "faire".
Les Précurseurs, qui rassemblaient les participants aux défis énergie et zéro déchet pendant le débat, ont insisté sur le rôle du collectif comme levier de l’action, du passage l’acte. C’est d’ailleurs un retour global des actions menées par les participants aux communautés. Les Précurseurs avaient également préconisé de poursuivre et d’améliorer la logique de défis citoyens en proposant de nouvelles thématiques et des formats plus ludiques.
C’est pourquoi, depuis les éditions qui ont succédé au Grand Débat, nous proposons des temps forts en fin de défis qui rassemblent tous les participants autour d’un grand jeu où petits et grands se retrouvent. Ces temps communs et ludiques favorisent les échanges et donnent envie de poursuivre l’aventure sur la saison d’après en testant un autre défi thématique.
De nouveaux défis sont proposés, comme l'Alimentation depuis 2018, ou un défi déplacement déjà testé en 2016, que nous espérons pouvoir re-proposer dans les années à venir.
Très concrètement, pendant les défis, les personnes sont invitées à établir un suivi de leurs habitudes alimentaires, énergétiques et de production de déchets. Ensuite, pour chaque thématique, un parcours d’animations les aide à changer leurs habitudes en testant différents gestes : installation de mousseurs pour réduire les consommations d’eau, de multiprises intelligentes pour réduire les consommations énergétiques, formation au compostage et lombricompostage pour valoriser ses déchets, sensibilisation à la diététique avec des ateliers cuisine, et d’autres.
En fin de défi, grâce au suivi réalisé par les participants, on peut constater une évolution positive des habitudes. Sur la saison dernière, les participants du défi énergie ont réussi à réduire en moyenne de 12 % leurs consommations énergétiques, soit environ 200 € de moins sur leur facture annuelle. Pour le zéro déchet, les inscrits ont réduit de 35 % leurs déchets en moyenne, et sur l’alimentation, ils ont acheté plus de produits bio (+14%), de légumes, sans augmenter leur budget initial.
En complément les défis citoyens de la transition, place aux labs citoyens ! De quoi s’agit-il et comment fonctionnent-ils ?
Au cours du Grand Débat, des dynamiques de groupes se sont mises en place dans les différentes communautés. Au terme de la participation citoyenne, certains de ces collectifs ont fait part de leur envie de continuer à se retrouver dans des lieux pour travailler, trouver des ressources, sans nécessairement se constituer en association.
D’un autre côté, la Commission indépendante du débat interpellait le territoire dans ses préconisations en suggérant la création d’un Lieu Unique de la Transition Énergétique (33e eng. devenu Le Bureau de la Terre). Elle expliquait que cet espace pourrait être central, accessible à tous pour y trouver de l’information, assister à des conférences et des solutions pour s’impliquer dans la transition écologique. C’est comme cela que s’est construit l’engagement n°22 de la feuille route transition énergétique autour de la création de "100 labs citoyens".
L’idée de cette action est de faciliter la mise en réseau de lieux existants qui sont déjà reconnus comme des lieux ressources sur les champs de la transition écologique pour les rassembler sous une « bannière commune ». Ces lieux mettent souvent à disposition des ressources documentaires, parfois associées à une offre d’animation pour s’engager dans la transition écologique, pour "faire". Aujourd’hui, nous pensons qu’un laboratoire citoyen répond à plusieurs critères que nous avons construit au gré de nos rencontres avec des personnes qui gèrent des lieux comme par exemple la Maison du Développement Durable à Rezé, l’éco-appartement de Nantes/St-Herblain, Écopole, la Galerie zéro déchet ou encore les premières places de villages dans les quartiers nantais. Nous avons aussi accompagné l’émergence d‘un laboratoire sur le campus du Tertre à destination des étudiants et des habitants du quartier, ce qui nous a permis d’infirmer ou d’affirmer nos réflexions sur ces critères.
On considère qu’un lieu est un laboratoire citoyen lorsque la transition écologique y est abordée au travers d’animations (conférences, ciné débat, etc) ou d’ateliers (do it yourself, lombricompostage, etc), que les habitants peuvent s’y retrouver pour travailler collectivement sur un projet, qu’il est géré de manière exemplaire (système de tri des déchets, attention aux consommations énergétiques, etc) et qu’il est en réseau avec des lieux similaires qui proposent des animations complémentaires.
Comme évoqué lors du 3e "Midi de la transition", temps évènementiel qui visait à présenter l’idée de labs aux acteurs et habitants du territoire, nous allons pour 2020 travailler avec des lieux sur le territoire qui répondent à la majorité des critères. La suite du projet consistera à se mettre d’accord sur une charte de fonctionnement et de renforcer les liens entre les laboratoires. L’objectif est d’arriver à une mise en commun de leurs programmes d’animations pour gagner en fluidité dans les offres à destination des habitants de la métropole.
Quel autre engagement de la feuille de route de la transition énergétique vous semble également prioritaire ?
La feuille de route comprend d’autres engagements qui proposent des actions sous la forme de défis. Le numéro 8 propose l’animation d’un défi sur le télétravail, en direction des entreprises qui peuvent s’inscrire en continu depuis juin 2019. L’engagement 23 sur la construction d’une offre pédagogique territoriale sur la transition énergétique propose aussi des défis en direction des écoles sur les thème des mobilités, de la réduction des déchets et de réduction des consommations énergétiques. C’est aussi enfin le cas de l’engagement 26 qui pose comme défi d’accompagner 1001 événements du territoire dans une gestion et une animation éco-responsable,
Nous avons depuis cet été une page internet qui rassemble toute cette offre de défis, et nous devons continuer de travailler leur articulation car ce format, réponse aux préconisations issues du Grand Débat : continuer d'accompagné et de miser sur le collectif pour faire la transition.