Parce qu’ils sont liés à l'ambition d’une ville non-sexiste, zoom sur les projets de deux des quinze lauréats : celui du Group Berthe, ainsi que celui de Nous Toutes 44 et Consentis.
A l’origine du projet SAFE Bar, mené par les associations Consentis et Nous Toutes 44, il y a un constat, sorti d’une étude nationale menée en 2018 : « 57 % des femmes se sentaient en insécurité seules dans les lieux festifs et avaient été à 60 % victimes de violences sexuelles dans ces milieux » selon Clémentine Roul, coordinatrice de l’association Consentis.
Afin d’œuvrer à un changement de mentalité, l’action de Nous Toutes 44 et Consentis s’est orientée d’abord vers des outils et des évènements de sensibilisation sur les violences sexuelles : violentomètre imprimé sur les pochettes de baguettes de pain, arbre des témoignages devant le Château des ducs de Bretagne ou conférences auprès des fêtardes et des fêtards. « Rapidement la nécessité d’aller plus loin s’est fait ressentir » précise Clémentine Roul, « on a donc créé un projet qui s’articule autour d’un protocole de formation des professionnels des établissements recevant du public ».
Le protocole établi depuis s’étale ainsi sur douze mois, et propose des entretiens in situ auprès des responsables et des employés, ainsi que différents modules spécifiques de formation : définir les violences sexuelles et sexistes, sensibiliser au phénomène de soumission chimique, qualifier juridiquement les actes, accueillir la parole, aménager les espaces, travailler à l’inclusivité des lieux, etc.
« Si les établissements s’engagent sur la durée dans le protocole de formation c’est parce que nous souhaitons pouvoir évaluer l’accompagnement à mi-parcours et en fin de parcours, avec des questionnaires à destination du public afin de mesurer l’évolution du sentiment de sérénité » conclut Clémentine Roul. Pour le moment, le protocole se déploie à titre expérimental avec trois bars et clubs de la Ville (New Factory, Décadanse, Ohm Town). Des évènements seront aussi organisés en journée et en soirée auprès des clients.
Libérer les corps autant que les esprits
Sensibiliser et former ce sont aussi les objectifs du projet mené par la compagnie Group Berthe. Un projet dont la composante principale reste la médiation artistique autour d’un spectacle : « Superbe(s) ». Un spectacle comme base pour capter l’attention, mais également la diffusion du film « Trouble Fête » co-réalisé avec Vincent Curutchet, et présentant une déambulation festive nocturne. Ces deux supports seront accompagnés de sessions de sensibilisation et de formation auprès des femmes et des publics fragiles.
Christine Maltête-Pinck, artiste-chorégraphe met en avant la dimension participative du spectacle « Superbe(s) » : « le but est de faire danser les gens, de participer à une désinhibition collective où l’on peut se prendre tour à tour pour Madonna ou Philippe Katherine ».
Si le spectacle libère les corps, les esprits ont aussi besoin d’être libérés quand on parle de déambulation la nuit. Comment réagit-on face à une agression ? Quelle posture doit-on adopter ? Comment se défend-on par les mots et par les gestes ? Christine Maltête-Pinck insiste sur « le besoin d’outiller les femmes et les personnes fragiles dans l’espace public nocturne ». Ainsi, en parallèle des représentations, les cours donnés au public porteront sur la manière d’agir et de réagir afin de vaincre la crainte et la peur que peut évoquer la ville la nuit.
Film, spectacle et sessions de formations seront proposés lors de trois soirées sur trois lieux différents de la ville, que cela soit au cœur d’un quartier (Malakoff – Place Rosa Parks le 23 juin), plus proche du centre-ville (Caserne Mellinet le 24 juin), ou dans l’un des lieux à réinventer (Square Vertais le 22 septembre).
Dans chaque quartier et pour chacun des évènements, « des associations locales vont être impliquées pour tenir une buvette et des stands de restauration » conclut la chorégraphe.