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Nantes Nord : les habitants veulent se réapproprier l’espace public
Publié le 20 nov. 2025
Dernière mise à jour 20 nov. 2025
Réunis dans le Collectif du 24 mai, des habitants de Nantes Nord ont organisé des balades dans leur quartier pour établir, en marchant, des diagnostics sur les sources de sentiment d’insécurité, avec l’intention de se réapproprier l’espace public.
En ce jeudi 13 novembre, une vingtaine de personnes sont réunies devant la Mano, maison de quartier de Nantes Nantes. On s’organise en deux groupes, pour explorer les rues environnantes avec un objectif : repérer les facteurs de sentiment d’insécurité. « Nous avons diffusé un questionnaire préparatoire
, explique Jacques, membre du collectif. 96 personnes ont répondu, nous indiquant des choses à observer. Cela nous a aidés à dessiner des itinéraires.
»
« Des choses ne vont pas, c’est important de le dire »
Adultes, enfants, seniors… On se met en route vers les rues des Roches, de Québec, de Toronto… Chacun scrute le paysage, baisse les yeux pour désigner les déchets malvenus au pied d’un immeuble, les lève pour pointer un lampadaire éteint : « Nous aimons notre quartier, mais il y a des choses qui ne vont pas, et c’est important de le dire
, souligne Julie, qui habite depuis dix ans rue des Roches. L’école Paul-Gauguin est vraiment une super école, avec une équipe formidable, pourtant nous avons dû nous résoudre, comme plusieurs familles, à inscrire nos enfants dans une école privée, parce que l’environnement du groupe scolaire est trop mal fréquenté, nous craignons pour nos enfants.
»
« Fuir, c’est pas la solution »
Points de deal, groupes individus bruyants tard le soir et scooters qui pétaradent sont désignés comme éléments de troubles majeurs : « Nous avions un jardin partagé
, raconte Céline, qui habite rue de Toronto. On s’est donné du mal, des jeunes se sont amusés à tout ravager en roulant dessus en scooter... C’est décourageant.
» Mais ces habitants sont bien décidés à ne pas se laisser faire : « Fuir, c’est pas la solution, poursuit-elle. Il y a beaucoup de choses positives ici. Nous avons une super médiathèque, par exemple. Mais les ados manquent d’occupations qui leur sont destinées. Alors ils trainent, font des bêtises.
»
Écureuils et hérissons
En passant près du chantier en cours dans ce quartier en pleine évolution, on remarque des passages à hérissons aménagés dans les palissades : « Il y a aussi des écureuils
, reprend Céline. Parfois, je pars plus tôt pour emmener les petits à l’école, pour profiter de la nature sur le chemin.
» Julie trouve, elle qu’« il n’y a pas assez de végétation. Des arbres ont été coupés.
» On note en passant l’absence de poubelles près des tables de pique-nique, dans les squares, on se félicite de la présence des nouveaux équipements sportifs installés dans le parc en accès libre, tout en regrettant le manque d’information sur leur présence et leur usage.
« Définir l’immatériel »
Les deux groupes se rejoignent au point de départ, la Mano, pour échanger et comparer leurs relevés : pataugeoire pas éclairée rue de Québec, manque de commerces, de lieux de restauration, équipements dégradés : « Dès qu’on fait quelque chose de joli, quelqu’un l’abîme. Et les dealeurs font leurs affaires ouvertement.
» Avec un constat partagé : « Il faut définir l’immatériel, ce qui nous perturbe et ne se voit pas.
» Pour cela, le collectif envisage d’interroger les habitants en faisant du porte-à-porte.
L'info en +
Un café des habitants l’été prochain
Le collectif est né à la suite de la fermeture de l’agence de Nantes métropole habitat pour cause de menaces envers le personnel. Un groupe d’habitants s’est alors constitué, se réunissant chaque mois avec les acteurs locaux. Ensuite est survenu le drame de la mort de Nahel, les émeutes et l’incendie de la mairie annexe. « Pour surmonter ces événements collectivement, on a eu besoin de se rassembler, nous avons organisé un grand repas des voisins route de La Chapelle, pour une occupation positive de l’espace public
», explique Lydie. C’était le 24 mai 2023, date mémorable qui a baptisé le collectif né ce jour-là. Actuellement, des cafés éphémères sont organisés régulièrement, pour préparer l’ouverture, à l’été 2026, d’un café des habitants dans l’ancienne supérette de la route de La Chapelle
: « Ce lieu sera au service des habitants, pour partager de l’info et lutter contre l’isolement
», se réjouit Jacques.
Les informations recueillies au cours de la balade seront transmises à la Ville, à Nantes Métropole et à la Préfecture.
A l'agenda
Prochains cafés éphémères : jeudi 20 novembre de 16h à 18h30 dans la salle Olga Chalon, mercredi 10 décembre de 16h à 18h30 dans la salle AB de la Mano.
Contact : cafedeshabitantsnantesnord@gmail.com & 02 40 41 61 30.