Thomas Porcher : « Les entrepreneurs qui s’engagent dans une démarche RSE seront les gagnants de demain »

« L’économie est une science qui n’est pas réservée à une élite, et c’est dans l’intérêt de chacune et chacun d’avoir des bases pour rejoindre le débat, car elle a un impact direct sur nos vies. Par exemple, depuis plusieurs décennies, l’économie européenne est fortement libérale et mondialisée. Elle poursuit une « politique d’austérité » : c’est-à-dire que les salaires stagnent et les impôts restent bas afin d’encourager les entreprises à investir en France et à créer de l’emploi. 

Malheureusement, on se rend compte aujourd’hui que ce pari n’a pas eu l’effet escompté : le pouvoir d’achat reste faible, le chômage reste fort et le coût du travail est toujours moins cher à l’autre bout du monde. De plus, nous avons vécu des moments difficiles, notamment la crise financière mondiale en 2008, la pandémie de Covid-19, ainsi qu’une forte hausse des prix à l’échelle internationale. Cette situation n’est pas une fatalité et de nombreux économistes, parmi eux, le collectif « des économistes atterrés » (dont je fais partie) propose d’autres stratégies économiques. Les alternatives existent et elles sont nombreuses. »

« Il faut déjà changer de paradigme : aujourd’hui, les questions sociales et environnementales sont aussi importantes que la réduction de la dette, la compétitivité et la réduction des déficits publics. Il est important que l’économie soit au service de la planète et de ses habitants. Au lieu de vouloir compresser les coûts à tout prix, pour être plus compétitif que son voisin, on peut également choisir de produire en moindre quantité, plus cher, mais de bien meilleure qualité. 

La bonne nouvelle, c’est que ce cheminement de pensée a été fait, notamment chez les plus jeunes : désormais, les consommateurs préfèrent acheter moins, mais mieux. Leur préférence va à un produit qui a été fabriqué dans de bonnes conditions sociales et environnementales, plutôt qu’un produit de grande marque peu éthique. »

« Parce que je pense que les entreprises et les entrepreneurs qui s’engagent dans une démarche RSE (Responsabilité sociétale des entreprises) et qui mettent les questions sociales et environnement au centre de leurs préoccupations sont sur la bonne voie et seront les gagnants de demain. Il ne faut rien lâcher. Le contexte international est actuellement difficile. La concurrence des multinationales peut parfois être déloyale, mais les consommateurs sont prêts à changer leurs habitudes. Il est donc important pour les entreprises de continuer leur démarche. La surconsommation est un concept qui appartient au passé. »