Ils sont nombreux, ceux qui franchissent la porte de La Papotière, sans savoir que dans ce restaurant on parle la langue des signes. Imane Grizon, sourde et co-gérante, les rassure. « Ils sont surpris et parfois un peu angoissés mais je souris, je montre les plats, les dessins avec les signes et tout se passe bien ! Ils reviennent ensuite. Certains habitués commencent à signer pour commander. »
Avec Kanyaman Brossaud, elles ont ouvert cette cantine du midi début décembre 2019, en plein centre-ville de Nantes (rue Saint-Léonard) pour sensibiliser le plus grand nombre à la langue des signes. « On prouve que sourds et entendants peuvent travailler et communiquer ensemble, précise Imane Grizon. Ce n’est pas un problème auditif, je parle juste une langue différente, comme dans un pays étranger. »
Restaurant, salon de thé et ateliers de/en langue des signes
Lila Bensebaa, aux fourneaux, sourde également, propose une cuisine de saison avec des produits locaux. Formée depuis plusieurs années, elle ne trouvait pas d’emploi. « Malgré leurs diplômes, beaucoup de sourds ont des difficultés à être embauché, explique Kanyaman Brossaud. Ils ont les compétences mais souvent les entreprises disent qu’il n’y a pas de budget pour faire venir un traducteur pour les réunions. Et s’ils sont embauchés, ils sont souvent isolés car personne d’autre ne parle la langue des signes. »
Les deux amies se sont rencontrées dans une formation pour être animatrices en langue des signes et l’idée de créer ensemble un lieu où tout le monde se côtoie en harmonie est né. En plus du restaurant, salon de thé (ouvert du lundi au vendredi de 10h à 18h), elles organisent des ateliers d’initiation à la langue des signes mais aussi des ateliers en langue des signes (baby-signes, découverte du vin, contes…). Dans la salle, des artistes signants sont exposés comme Nikesco qui fera une soirée dédicace le 21 février.