En ce vendredi après-midi, une vingtaine de jardiniers néophytes ou aguerris partagent le plaisir de mettre les mains dans la terre. Derrière eux s’élèvent les installations de Transfert, laboratoire artistique qui fait vivre la friche des anciens abattoirs depuis 2018. Gantée et masquée, Alexandra enfouit avec soin les pousses d’arbres. « Dans chaque carré, il faut planter trois arbres de différentes tailles – petit, moyen, grand – en triangle. On recouvre ensuite de paille pour protéger les plantations », explique cette Rezéenne venue grossir les rangs des jardiniers après avoir vu l’information dans le magazine municipal. « J’avais très envie de participer à cette opération qui vise à rendre la ville plus verte. » Des salariés de Pick Up Production, l’association qui pilote Transfert, et des paysagistes de l’agence d'Ici là, en charge du projet, sont également présents. Le matin, ce sont les élèves de l’école primaire Plancher qui ont participé aux plantations, encadrés par les bénévoles de MiniBigForest.
L’association s’est inspirée de la méthode du botaniste japonais Akira Miyawaki pour concevoir cette mini-forêt extrêmement dense, autonome dans deux à trois ans. Au total, 900 pousses d’arbres sont enfouies en une seule journée sur la parcelle de 300 m2. Chêne, érable plane, mûrier, noisetier, hêtre… Les essences sont locales. « Ce sont des arbres qui poussent déjà naturellement dans nos sols, on ne plante pas des espèces exotiques parce que c’est joli. C’est une culture qui a du sens », souligne Maud, maraîchère et bénévole à MiniBigForest.
Tester les capacités d’adaptation des arbres
Ce poumon vert fait partie des 4000 m2 de jardins tests conçus par les agences d’Ici là et Obras pour le compte de Nantes Métropole Aménagement. « La ville de demain doit planter beaucoup plus mais aussi beaucoup mieux en utilisant la qualité de sol existant pour préserver les terres agricoles, précise Sylvanie Grée, paysagiste de l’agence d’Ici là. Nous sommes ici sur un sol sableux des bords de Loire, nous devons donc organiser l’espace public autour de végétaux qui viendraient s’installer ici naturellement. » Cet automne, des expérimentations sont menées sur les sols en partenariat avec Biotec, spécialiste en renaturation. « On met des essences locales dans des conditions défavorables pour tester leurs capacités d’adaptation. L’idée, c’est de produire un paysage économe en arrosage avec des végétaux capables de résister aux canicules. » Les arbres en pousses, situés sur de futures trames vertes, seront conservés. Des plantations tests de pelouses et de prairies sont également programmées cet hiver.
Ces jardins prototypes préfigurent les ambiances des futurs espaces publics. Une cabane du projet verra le jour au deuxième semestre 2021. Cet espace d’information et d’échanges servira de support à la concertation qui devrait être lancée au premier semestre 2021.