Comment résumer la démarche de l’économie circulaire ?
C’est passer d’une économie où l’on prend la matière première, on produit et on jette, à une autre où l’on réfléchit dès le départ à comment éco-concevoir des objets sobres en matière, et imaginer déjà à ce qu’il va devenir « en fin de vie », que ce soit pour de la réutilisation, du réemploi ou, en dernier lieu, du recyclage.
Pourquoi est-il essentiel pour la Métropole de contribuer à son développement ?
On n’a pas de planète B. Les ressources sont limitées, et on doit prendre soin de ce que l’on utilise. Et donc s’interroger sur la manière de consommer, de produire, de commercialiser. Nantes Métropole a donc tout intérêt d’appuyer une économie transformatrice qui prend en compte l’urgence écologique. La collectivité a une exemplarité, mais elle doit aussi être animatrice de la dynamique économie circulaire du territoire.
Quelle est la stratégie de la Métropole ?
Nous avons bâti une feuille de route sur l’économie circulaire, adoptée le 5 octobre 2018 en conseil métropolitain. Elle identifie des “boucles” prioritaires, pour lesquelles on a un potentiel, une marge de progression, des leviers, et la possibilité d’avoir un impact fort. D’abord, en regardant le métabolisme de la métropole, on s’est rendu compte qu’il y avait de gros enjeux autour du BTP, du fait du volume d’aménagements sur le territoire, cela peut vite être structurant. Il faut rappeler que le BTP représente 8 fois la production des ménages en termes de déchets. On a réfléchi à qui pouvait travailler sur du BTP durable, et on a inscrit cette démarche dans notre commande publique. C’est dans cette logique que nous avons posé l’économie circulaire au cœur du cahier des charges de la ZAC Pirmil les Isles. L’idée est de prendre en compte l’accessibilité pour tous les habitantes et habitants et l’aspect climatique et écologique. L’économie circulaire n’a d’intérêt que si elle répond à ces deux enjeux.
Quelle est la deuxième boucle ?
Celle de l’alimentation. Elle concerne les acteurs de l’agroalimentaire, les agriculteurs, et tout un chacun en tant que « mangeurs ». On veut une boucle la plus courte possible qui valorise les acteurs locaux et permet aussi la renaturation des sols, leur enrichissement. Elle s’inscrit dans le projet alimentaire territorial. On le voit très bien avec des exemples comme ceux des écoles nantaises : on lutte contre le gaspillage alimentaire. Les biodéchets sont collectés par Compost in situ. Et ensuite, via les agriculteurs de La Chapelle-sur-Erdre et Treillières, on valorise ces biodéchets en compost.
Et la troisième boucle ?
Celle des petits équipements du quotidiens, ceux que l’on utilise tout le temps. Le téléphone, par exemple, ouvre des sujets comme le numérique responsable, jusqu'à la question des données. On reste assez pragmatiques et factuels, en posant la question de comment mettre en place une filière de réparation, des solutions de réemploi ou de seconde main, et ensuite de recyclage. On a effectué un gros travail sur la réparation dans sa globalité avec la Chambre des Métiers et de l’Artisanat. On a identifié des métiers où il y a un besoin de recruter. C’est l’exemple classique du cordonnier. Comment avoir le réflexe de faire réparer les objets du quotidien si il le sont pas conçus pour l'être ou si l’offre de service de proximité n'existe pas ou plus. Nous identifions donc des espaces où ces services peuvent s’installer. Avec l’Ademe, la Région, on contribue au financement de projets expérimentaux ou pilotes, des démonstrateurs, avec ensuite la volonté de dupliquer. L’exemple, c’est Bout’ à Bout’, qui cherche à recréer une filière de la consigne de verre. On les a soutenus avec le prix de l’innovation sociale. Et puis évidemment, on a le levier de la commande publique : on réfléchit à comment l’organiser pour que les achats publics soit sobres et responsables.
Que signifie la labellisation économie circulaire pour Nantes Métropole ?
Nous sommes fiers de recevoir ce label. Ce qui est important pour nous, c’est que ça vient évaluer la performance de la métropole sur ces sujets-là. On a inscrit cette stratégie dans la politique économique, mais on sent, dans le moment planétaire où l’on est, qu'il y a besoin d’aller plus loin, plus vite. C’est une opportunité de progresser, car ce sont des outils de suivi, des audits. Cela permet de suivre la trajectoire que l’on s’est fixée. On reconnaît que la démarche engagée est impactante, que ce n’est pas qu’une volonté politique, cela se traduit dans le réel. Je pense qu’on doit être exemplaire sur ces sujets, mais c’est un défi collectif de basculer vers quelque chose de massif, un modèle économique plus respectueux des hommes, de la nature, du climat.