Un témoin de l’architecture industrielle
Posé sur le quai d’Aiguillon, entre la Loire et la carrière Miséry où se niche le Jardin extraordinaire, le Cap 44 est depuis les années 1970 reconnaissable par son bardage métallique bleuté, qui ne laisse rien deviner de son passé singulier. Il s’agit en effet de l’ancien bâtiment des Grands Moulins de Loire, minoterie construite selon le procédé de béton armé Hennebique – unique au monde en 1895. Prouesse d’ingénierie, symbole de l’histoire industrielle nantaise, l’actuel Cap 44 est propriété de Nantes Métropole Aménagement depuis 2018.
L’avenir du site soumis aux habitants
Cette même année, dans le cadre de la transformation du Bas-Chantenay, les habitants sont appelés par les élus nantais et métropolitains à se prononcer sur le devenir du Cap 44 et à en imaginer de nouveaux usages. Après six mois de concertation citoyenne, la décision est prise de préserver et faire évoluer le bâtiment pour en révéler la valeur patrimoniale. « C’est un bâtiment précieux, fragile, que nous voulons conserver », observe Aymeric Seassau, adjoint nantais à la culture. Un comité scientifique formé de 15 chercheurs, artistes et acteurs culturels poursuit la réflexion en 2019. C’est alors qu’émerge l’idée d’« un lieu culturel fondé sur l’univers vernien et plus globalement sur les imaginaires contemporains ».
Une ambition culturelle
La Cité des imaginaires, dont l’objectif premier est d’accueillir le musée Jules Verne et ses riches collections, se veut un centre culturel d’un nouveau genre, accessible à tous les publics – l’accueil des écoles constitue d’ailleurs une priorité. « C’est un projet profondément nantais dans son histoire, dans ce qu’il dit de notre rapport à la culture, aux autres », souligne Johanna Rolland, maire de Nantes et présidente de Nantes Métropole. La Cité des imaginaires contribuera à faire rayonner l’œuvre et de l’écrivain, tout en explorant et en valorisant sa descendance. « Jules Verne est une source d’inspiration pour beaucoup de créateurs, c’est une œuvre séminale. Son œuvre a cette faculté d’être universelle, intemporelle, d’être un socle pour créer du neuf, étendre l’imaginaire », observe Marc Caro, cinéaste nantais présent lors de la présentation à la presse du projet de Cité des imaginaires.
Un musée Jules Verne et de nouveaux espaces
Ce sera le cœur du futur équipement : un espace d’exposition permanent de 1 000 m² va accueillir les collections du musée Jules Verne (contre 250 m² aujourd’hui). « L’enjeu est bien de conforter cette dimension métropolitaine en permettant à cette riche collection que nous possédons d’être encore plus visible », précise Fabrice Roussel, vice-président de Nantes Métropole en charge du tourisme, tout en rappelant que « Jules Verne est très demandé par les touristes étrangers ». En lien direct, un espace d’exposition temporaire déclinera une programmation autour des imaginaires – des partenaires dont les Utopiales, le lieu unique, le pôle de culture scientifique technique et industriel, y seront associés. Le site accueillera également une bibliothèque de type « tiers lieu », dédiée à cette même thématique et favorisant l’implication des habitants, ainsi qu’un espace de création et de diffusion qui accueillera en résidence des artistes, scientifiques, paysagistes, mais aussi des concerts, projections, etc., tournés vers le quartier. La terrasse-belvédère, un espace de restauration et une boutique complètent le projet.
Une reconfiguration radicale
Avant de devenir la Cité des imaginaires, le Cap 44 va connaître une profonde transformation – à commencer par son profil. Le porte-à-faux du pignon ouest sera conservé, et le côté est abaissé. « Le bâtiment sera écrêté sur deux niveaux pour donner de la visibilité sur la Loire tout en préservant les principes de cette architecture », précise Nicolas Cardou, directeur général cultures et arts dans la ville à Nantes Métropole. La terrasse deviendra un belvédère : « Ces lieux, avec des points de vue privilégiés, doivent être accessibles au plus grand nombre », souligne Johanna Rolland. Au total, la surface disponible dans le Cap 44 transformé devrait avoisiner 5 000 m2. Début des travaux : 2024 en vue d’une ouverture en 2028, année du bicentenaire de la naissance de Jules Verne. Coût prévisionnel de l’opération : 50 millions d’euros TTC.