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À Nantes, vaches, chèvres et moutons remplacent les tondeuses

Actualités Publié le 02 juin 2022


Le saviez-vous ? La Ville de Nantes possède un cheptel d’une soixantaine d’animaux pour entretenir ses espaces verts aux côtés des jardiniers. Une méthode de gestion plus douce et plus écologique, qui donne à la ville un air de campagne.

Sept vaches écossaises, une Pie Noire et trois vaches nantaises entretiennent naturellement les prairies humides des bords de  Sèvre. © Rodolphe Delaroque pour Nantes Métropole
Sept vaches écossaises, une Pie Noire et trois vaches nantaises entretiennent naturellement les prairies humides des bords de Sèvre. © Rodolphe Delaroque pour Nantes Métropole

De plus en plus de villes abandonnent le tracteur pour se convertir à l’écopâturage. À Nantes, la mairie possède même son propre cheptel pour entretenir une partie de ses espaces verts.  « Nous avons 36 brebis et béliers, 18 vaches, 6 chèvres poitevines, 2 boucs des fossés, un âne normand et un baudet du Poitou, détaille Jonathan Mainguy, coordinateur animalier à la direction Nature et jardins. Depuis 2019, le troupeau a doublé. En février, il s’est encore agrandi avec la naissance de 10 agneaux. » D’ici quelques mois, comme leurs aînés, ces boules laine iront tondre et débroussailler les pelouses et les prairies de Nantes.

« Le pâturage est une méthode ancestrale, qui se démocratise de plus en plus dans les milieux urbains, explique Manuella Lefort, chargée des projets de renaturation urbaine à la Ville de Nantes. L’utiliser nous semble naturel dans une démarche de gestion  écologique de nos espaces verts ». Moins polluants et moins bruyants que les engins mécaniques, les animaux gèrent les prairies en douceur : « Ils broutent progressivement, en laissant une chance aux insectes et aux petits rongeurs de se sauver. Leurs déjections entretiennent également la chaîne alimentaire. Les insectes coprophages, qui se nourrissent des excréments, alimentent ensuite à leur tour les chauve-souris, les petits rongeurs, les oiseaux… » Et favorisent ainsi la biodiversité.

Des races locales et sociables

Depuis le 1er avril, la Ville mène une expérience d’écopâturage jusque dans les douves du château des ducs de Bretagne, « un espace très fréquenté, où l’on a eu pendant des années une gestion intensive », précise Manuella Lefort. Convertie en prairie dans le cadre de l’opération « Oasis de biodiversité », une partie de la pelouse est devenue le terrain de jeu de Caramel et Nougat, deux petits moutons d’Ouessant qui font le bonheur des enfants.

« On choisit des races locales, peu craintives, adaptées à nos espaces et à notre climat », précise Jonathan Mainguy. Les animaux, placés sous la surveillance de trois jardiniers-vachers, sont répartis sur les parcelles en tenant compte de la surface et de la nature du sol, de la hauteur de l’herbe, de l’ombre nécessaire à leur bien-être… « Les chèvres des fossés s’adaptent facilement aux terrains escarpés, peu pratiques pour passer la tondeuse, précise Manuella Lefort. Le long du Gesvre et du ruisseau des Renards, elles font un travail formidable pour débroussailler les ronciers et endiguer la Renouée du Japon, une espèce invasive qu’on avait du mal à canaliser ». Sur les prairies inondables des bords de Sèvre ou sur le site classé Natura 2000 de la Petite Amazonie dans le quartier Malakoff, ce sont des vaches écossaises (Highland), « habituées à vivre les pieds dans l’eau », qui ont été privilégiées. « On réserve les parcelles mieux drainées aux vaches nantaises », précise Jonathan Mainguy. La mairie participe au programme de réintroduction de cette race locale, qui a failli disparaître dans les années 1970. En partenariat avec l’association l’Etable nantaise, elle a ainsi déployé, en 2020 et 2021, deux troupeaux dans le futur quartier Doulon-Gohards, et sur les prairies de Mauves.

Bientôt des animaux dans d'autres lieux ?

« Nous réfléchissons à développer l’écopâturage sur d’autres types de lieux, dotés de grands espaces », précise Manuella Lefort. Introduire des vaches et des moutons en ville a de nombreux avantages. En plus de tondre la pelouse, « les animaux apportent de la sérénité. Dans 99 % des cas, les riverains et les promeneurs sont heureux de voir ces bêtes qu’ils n’ont pas l’habitude de côtoyer de près ». Pratique et écologique, le retour de l’animal en ville permet aussi de « sensibiliser les urbains à la présence du vivant, sous toutes ses formes », ajoute Manuella Lefort.

Lundi 30 mai à la ferme de la Chantrerie, les 36 brebis et béliers du cheptel de la Ville de Nantes sont passés à la tonte. © Céline Jacq pour Nantes Métropole
Lundi 30 mai à la ferme de la Chantrerie, les 36 brebis et béliers du cheptel de la Ville de Nantes sont passés à la tonte. © Céline Jacq pour Nantes Métropole

Tous à la Chantrerie pour la tonte estivale !

Une fois par an avant l’été, les moutons « municipaux » regagnent la ferme pédagogique de la Chantrerie, au nord-est de Nantes, pour être tondus. Ce rituel annuel a eu lieu lundi 30 mai. En quelques heures, l’ensemble du troupeau a été débarrassé de sa toison. « À l’origine, la laine des moutons partait naturellement en lambeaux quand l’animal s’accrochait aux branchages, aux ronces, etc., explique Jonathan Mainguy. Ce sont les sélections génétiques réalisées au cours des siècles pour valoriser les animaux produisant beaucoup de laine qui nous impose aujourd’hui de les aider à renouveler leur laine. Nos prairies herbacées et cette sélection génétique de nos ancêtres nous imposent aujourd’hui d’intervenir manuellement pour les alléger de ce poids avant qu’il ne fasse trop chaud. » La laine, distribuée aux classes, fait le bonheur des enfants qui viennent participer aux activités pédagogiques de la ferme. Cette année, les jardiniers vont également tester sa réutilisation en paillage pour protéger les végétaux du parc de la Chantrerie.