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Sur la ligne verte avec les artistes du Voyage à Nantes 2024

ActualitésPublié le 08 juillet 2024

Ils ont travaillé sur le thème de l’arbre dans la ville et ont rivalisé de créativité. Suivez les artistes pour découvrir quelques-unes des œuvres essaimées le long de la ligne verte !

Yuhsin U Chang : Un Pinus pinea en l’an 2252

Square Maurice-Schwob

© Romain Boulanger.
© Romain Boulanger.

C’est l’œuvre qui orne l’affiche de l’édition 2024 du Voyage à Nantes estival. L’artiste taïwanaise a installé dans un pin une large « tranche », réalisée en bois, symbolisant la croissance future de l’arbre. « J’ai réalisé 130 cernes car cet arbre a environ 80 ans et sa longévité est plus longue que la nôtre, 250 ans », décrit Yuhsin U Chang. Très technique, cette installation n’en est pas moins émouvante et questionne notre temporalité d’être humain : « J’ai voulu créer une fiction qui nous emmène dans l’avenir. En 2250, nous ne serons plus là, contrairement à l’arbre ! »

Cyril Pedrosa : L’évasion

Jardin de la Psalette, rue des États, place Fernand-Soil, square Léon-Bureau

 

© Romain Boulanger.
© Romain Boulanger.

L’auteur de BD s’est senti « une grosse responsabilité » lorsque le Voyage à Nantes l’a sollicité pour  travailler sur les célèbres fontaines Wallace. De fait, Cyril Pedrosa va durablement marquer le paysage urbain local avec son récit sculpté évoquant en quatre chapitres l’émancipation des caryatides – les figures féminines soutenant le dôme en fonte de fer. Entre la conception, le recours à des modèles vivants, leurs costumes ou encore le travail en fonderie, « il y a eu beaucoup de collectif, beaucoup d’apports dans ce projet », se réjouit aujourd’hui l’artiste.

Fabrice Hyber : L’Homme de bois

Jardin des Plantes

© Rodolphe Delaroque.
© Rodolphe Delaroque.

Installée dans un tout nouveau bassin accueillant des plantes aquatiques, cette œuvre de 6 m de haut surplombe l’ancien « cœur scientifique » du jardin : à savoir la collection de végétaux issus du Massif armoricain. « Elle datait de 50 ans et avec les progrès de la génétique et de la botanique, elle n’était plus à jour, de même que son esthétique », explique Claire Marcadet, directrice du site à la direction Nature et jardin. L’installation de L’Homme de bois, dont l’eau suinte de tous les orifices, amorce ainsi la rénovation de cet espace. Réalisée avec du bois d’arbres coupés à Nantes – soit des arbres tombés dans une tempête soit malades –, l'œuvre va progressivement être colonisée par les mousses et fougères.

Aurélie Ferruel et Florentine Guédon : Glaner les germes

Cimetière de la Bouteillerie et hôtel de ville

© Romain Boulanger.
© Romain Boulanger.

Le duo d’artistes travaille ensemble depuis 14 ans. « C’est d’abord une relation d’amitié, puis le travail est arrivé », expliquent les deux jeunes femmes, qui ont été « charmées par les endroits proposés : le cimetière avec ses quatre tilleuls, la cour de la mairie avec son magnolia ». Inspirées par les graines, les fossiles, les deux œuvres font dialoguer divers matériaux : le tuffeau, le verre, la terre crue. « On ne voulait pas prendre le dessus sur les arbres, qui sont des sculptures en soi, mais entrer en relation avec eux et faire naître quelque chose à leurs côtés ».

Sébastien Gouju : Le désespoir des singes

Les Jardins d’Arcadie de la Visitation

© Romain Boulanger.
© Romain Boulanger.

Splendide écrin, pour cette installation mi-humoristique mi-méditative, que le cloître (XVIe s.) de l’ancien couvent des visitandines ! Suspendus le long de tiges de métal ornées de feuilles, des singes filiformes en grès émaillé regardent les visiteurs, comme amusés par leur présence. Au centre du carré de pelouse, l’immense araucaria qui donne son nom à l’œuvre. « Dans mon travail, je cherche des points de friction entre les notions de décor et de nature, sachant que la nature et le décor ne font jamais bon ménage », explique l’artiste.

Claire Tabouret : Deux baigneuses

Allée Baco

© Marc Roger.
© Marc Roger.

Les bains-douches municipaux ont déménagé sur l’île de Nantes et c’est désormais un tiers-lieu collaboratif, Le Grand Bain, qui occupe le bâtiment de 1860. Sur le pignon ouest, un bassin réalisé tout exprès accueille désormais cette fontaine artistique. « On avait invité Claire Tabouret en 2019 à la HAB Galerie en 2019 et la présence de l’eau était déjà très présente dans son travail », rappelle Marie Dupas, chargée de production au VAN. L’artiste a donné à ses deux figures féminines « des postures figées, entre deux états, assez nonchalantes ». Réalisées en bronze d’après modèles en argile, elles ont subi un travail de patine qui brouille encore un peu plus les repères temporels.

Pierrick Sorin : Derrière la porte

25 rue Fouré

© Marc Roger.
© Marc Roger.

C’est un beau complément à l’exposition visible au Musée d’arts. Le vidéaste nantais ouvre pour la première fois son atelier au public, qui découvrira où et comment se fabriquent ses œuvres, à travers quatre prototypes. « Deux sont des expériences formelles et deux autres plus profondes dans le propos », explique l’artiste, spécialiste de l’auto-filmage. « Les coulisses, de manière générale, sont très intéressantes et poétiques, ajoute-il. Dans les mises en scène d’opéra que j’ai pu créer, les processus de fabrication étaient mis à jour car on fabriquait les images en direct. »

Max Coulon : Luffy and the tree

Station Duchesse-Anne

© Romain Boulanger.
© Romain Boulanger.

« Très impressionné par la beauté de cet arbre », le jeune artiste nantais s’est demandé comment le révéler : « Finalement, ça pouvait son côté drôle, burlesque, le fait qu’il pousse à l’horizontal. L’idée, c’est que si on enlevait la sculpture, l’arbre se redresserait d’un coup ! » La main géante – « une image forte, très simple, qui parle au plus grand nombre » – a été réalisée dans un tronc de sequoia, tué par la sécheresse. Une opportunité rare pour le sculpteur nantais, puisque ce bois est interdit de commerce en France.

Séverine Hubard : Chef-d’œuvre torse

Miroir d’eau

© Romain Boulanger.
© Romain Boulanger.

« L’avantage que j’ai eu, c’est d’avoir habité à Nantes entre 1999 et 2001 », explique l’artiste, dont les œuvres dépendent toujours d’une rencontre. Elle s’est ainsi inspirée du clocher tors de la Maison des compagnons pour cette installation dont la technicité interroge. « Cette idée d’une charpente construite par l’homme dans la charpente naturelle d’un arbre, c’est l’idée d’emménager à Nantes, comme si ses propres branches avaient été taillées pour construire un toit. » L’œuvre suspendue a été réalisée d’après un relevé des branches réalisé par drone, puis une maquette 3D. Elle est réalisée en sapin, ultime clin d’œil à l’arbre qui la porte.

Jean-François Fourtou : La famille des Hybridus

Hôtel de Briord et place Royale

© Romain Boulanger.
© Romain Boulanger.

Une drôle de famille prend ses quartiers d’été dans le centre historique de Nantes. Engoncés dans des costumes sombres ou un pyjama, ils ont forme humaine, mais leur tête et leurs mains sont faites de palmes. « La cour est un endroit très intime, la place un milieu plus ouvert, mais dans les deux cas ce sont des espaces urbains très minéraux. Il y a donc un contraste revendiqué avec les œuvres, l’idée de parasitage, de nature dans la ville », explique l’artiste, qui pour « déstabiliser davantage », joue avec les échelles : « Les personnages sont plus petits ou plus grands que l’humain : on ne sait pas vraiment si ce sont des enfants, des adultes… »

Henrique Oliveira : Le rêve de Fitzcarraldo

Place Graslin

© Romain Boulanger.
© Romain Boulanger.

Se voir proposer la place Graslin pour terrain de jeu a fait tilt dans la tête de Henrique Oliveira ! Il signe une œuvre monumentale dont le nom est tout droit tiré d’un de ses films préférés : Fitzcarraldo Dream, de Werner Herzog, dont le personnage principal s’échine à construire un opéra en pleine jungle amazonienne. « Ici, c’est la forêt qui entre dans l’opéra », sourit l’artiste brésilien dont l’installation « est ouverte aux interprétations. Qu’il s’agisse d’un tronc, d’un arbre, de la canopée, n’est pas bien défini. » Les visiteurs pourront à loisir se questionner en se faufilant entre les branches géantes, réalisées en contreplaqué de récupération.

Barreau Charbonnet : Le sursaut des bois courbes

Cours Cambronne

© Romain Boulanger.
© Romain Boulanger.

Ce drôle d’objet aux couleurs pop, « à la croisée d’un escalier et d’un belvédère », n’a pas tardé à être pris d’assaut par les visiteurs. Et pour cause : il les emmène à 6-7 mètres de haut, à hauteur du houppier d’un magnolia grandiflora pour leur permettre de humer ses fleurs odorantes. Au passage, ils profitent d’une vue inédite sur le cours d’inspiration classique. Le duo d’artistes designers leur offre ainsi un voyage inédit, odorant et vertical !

Florentine et Alexandre Lamarche-Ovize : Le train fantôme

Lignes 2 et 3 du tramway

© Marc Roger.
© Marc Roger.

Neuf rames ornées d’œuvres circulent désormais sur le réseau Naolib, grâce à un partenariat au long cours entre le VAN et la Semitan. « C’est un peu émouvant car c’est notre première œuvre dans l’espace public, en plus elle est mobile ! » confessent les deux artistes parisiens. « Très proches du monde la bande dessinée », ils ont imaginé des « planches mouvantes », inspirées par les symboles de Nantes, son histoire, sa richesse botanique. Au final, c’est un bestiaire complexe qui est donné à voir et qui va ajouter une jolie touche artistique de Rezé à Saint-Herblain, en passant par Nantes et Orvault !