« À l’origine, la Grande Vallée de Bouguenais abritait d’anciens bras de la Loire, et si, au fil du temps, elle a été modelée par l’homme, elle reste en connexion directe avec le fleuve », rappelle Sylvain Chauvigné, technicien des milieux aquatiques à la direction du cycle de l’eau de Nantes Métropole. Cette continuité écologique favorise le passage d’espèces animales et de sédiments, essentiels au maintien de la biodiversité de cette zone humide. Sur plus de 224 hectares vivent diverses espèces d’une grande richesse, comme l’Angélique des Estuaires, le Scirpe triquètre, le castor ou encore la loutre, comme en témoignent de récentes traces découvertes.
Plusieurs défis à relever
« L’étude approfondie des enjeux spécifiques de la vallée de Bouguenais a révélé plusieurs enjeux, notamment en ce qui concerne l’agriculture, poursuit Sylvain Chauvigné. Certaines zones de la vallée rencontrent des difficultés à évacuer l’eau des parcelles, ce qui affecte les pratiques agricoles. Notre priorité est, ici, de trouver un équilibre entre le maintien d’une agriculture durable et la préservation des écosystèmes fragiles. » La Grande Vallée fluviale de Bouguenais offre également de nombreux usages : randonnée pédestre, vélo (l’un des circuits de la Loire à vélo y passe), chasse, etc. Dès 2020, Nantes Métropole a développé un programme de restauration de cette zone humide en partenariat avec le département de Loire-Atlantique, la commune de Bouguenais, le Grand Port maritime, les exploitants agricoles et diverses associations locales.
Travaux, expérimentations et sensibilisation
Les actions, démarrées dès 2020, se concentrent principalement sur la recréation de petits canaux, la lutte contre les espèces invasives (Jussie, renoué du Japon) et des travaux d’amélioration de la circulation de l’eau dans les marais, notamment en évacuant certains arbres morts qui encombrent les canaux. « L’une des dernières actions en date a consisté à créer des abreuvoirs pour concentrer l’abreuvement du bétail à des points spécifiques dans le marais, et ainsi éviter leur divagation dans les canaux, tout en préservant une espèce végétale protégée : la renoncule à feuilles d’ophioglosse. » Nantes Métropole a également lancé des actions de sensibilisation auprès du grand public, comme lors des 48 h de l’agriculture urbaine en mai 2023. « En 2024, nos actions seront principalement axées sur la recréation des écoulements hydrauliques sur des zones où les anciens canaux sont obstrués et nous allons concentrer nos efforts sur la restauration des haies, avec notamment l’élagage de frênes têtards », précise Sylvain Chauvigné.
La restauration de la Grande Vallée fluviale de Bouguenais fait partie des opérations identifiées dans le schéma directeur de Nantes Métropole de reconquête de la qualité des cours d’eau, développé avec l’agence de l’Eau, la Région Pays de la Loire et le Département de Loire-Atlantique. Cette planification jusqu’en 2033 des actions de la Métropole sur les milieux aquatiques, et la stratégie associée, ont été adoptées par le conseil métropolitain du 9 février 2024, avec un investissement estimé à 52 M€ pour les 10 ans à venir.
La vallée fluviale de Bouguenais en 3 chiffres clés
224
hectares environ
10
km de canaux (étiers)
405 000
euros investis depuis 2020 pour sa restauration