Allaiter ou changer son enfant en ville ? C’est possible place de la Petite-Hollande

C’est une jolie structure en métal et en bois, avec un sol souple, une table à langer, un espace intime d’allaitement et des bancs confortables pour s’installer à l’ombre… Le mobilier « Premiers pas » vient de trouver sa place à Gloriette Petite-Hollande, et quelques curieux commencent déjà à expérimenter l’espace. Concrètement, il permet aux parents de changer la couche de leur bébé ou aux mamans d’allaiter dans un espace à la fois pratique et apaisant. La structure est décorée de miroirs et d’un mobile pour éveiller la curiosité de l’enfant. Son accès est gratuit pour toutes et tous, et adapté aux fauteuils roulants ainsi qu’aux poussettes.

À quelques kilomètres, quartier Bottière-Pin Sec, un autre banc parental a été installé dans le parc de la Grande-Garenne. Ces deux mobiliers seront expérimentés sur une durée d’un an, jusqu’à l’été 2026. S’il trouvent sa place dans les habitudes des parents, le concept sera pérennisé, voire étendu à d’autres quartiers.

Curieux ? Ce nouveau type de mobilier urbain est pourtant déjà présent dans des villes comme Barcelone ou Lyon. Il répond à un constat et à un besoin : selon une étude de 2014, 41 % des femmes trouveraient « embarrassant » d’allaiter dans l’espace public, alors qu’il s’agit d’une pratique naturelle. Dans une autre étude, 17 % des femmes affirment avoir déjà été « ouvertement critiquées » ou « victimes de préjugés » lorsqu’elles allaitaient en public.

Pour Mahaut Bertu, adjointe à la maire de Nantes en charge de l’égalité et de la ville non sexiste, ce mobilier est l’occasion de faire évoluer les mentalités tout en facilitant le quotidien des parents et des professionnels de la petite enfance : « L’espace public n’est pas neutre : les aménagements ont un impact direct sur l’appropriation par les habitantes et les habitants, défend l’élue. Intégrer les enjeux de genre dès la conception de ces espaces permet donc de favoriser un usage plus égalitaire. »

Ce mobilier a été imaginé avec les habitantes et les habitants, au croisement de la politique publique « Ville non sexiste » et de la démarche « Contre le sexisme, imaginons ensemble les espaces publics de demain ». « Nous avons mené ce travail dans une approche dialoguée, avec celles et ceux qui utilisent ces espaces, et transversale, l’espace public couvrant à la fois les enjeux d’aménagement de la voirie, d’éclairage, de mobilier urbain ou encore de végétalisation », précise Michel Lucas, vice-président de Nantes Métropole délégué à la voirie. Le banc a été dessiné par l’agence d’architectes-urbanistes féministes barcelonaise Equal Saree et fabriqué par le collectif d'architecture nantais Gru.