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La Quinzaine photographique nantaise en cinq clichés
Publié le 16 sept. 2025
Dernière mise à jour 16 sept. 2025
Directeur de la Quinzaine photographique nantaise (QPN), Hervé Marchand nous présente cinq photos phares du festival photo, qui se tiendra du 26 septembre au 2 novembre sur le thème de la réalité.
1- Guillaume Blot, série « Rades »
« Guillaume Blot sillonne depuis plusieurs années les bistrots qui maillent le territoire français. Pour cette série, il s’est imprégné de l’ambiance de 250 cafés. Il affectionne particulièrement ces cafés modestes dans lesquels les gens aiment discuter de tout et de rien. Il a une approche très humaniste : il s’arrête, prend le temps de discuter et de faire faire connaissance avec les gens… Il donne à voir la vie dans ces lieux.
Sur cette photo tirée de la série « Rades », utilisée pour les affiches de la QPN, on découvre un monsieur photographié au flash, un peu à la Martin Parr, dans un modique bistrot parisien. Le genre de lieu où l’on croise tout un microcosme social, à l’image de ce monsieur. C’est probablement un joueur si l’on en croit sa cravate. En tout cas, il a un aspect de « titi parisien », une espèce d’élégance surannée qui le rend singulier. Dans cette photo, on se détache aussi de la réalité avec cette grosse pivoine et ce regard interrogateur, fantaisiste, presque joueur. Ce que nous dit cette photo, c’est que les bistrots demeurent des endroits de la sociabilité quotidienne et du rêve. »
> LA QPN expose deux séries de Guillaume Blot : « Rades » et « Restos routiers ». À retrouver à l’Atelier, 1 rue de Chateaubriand.
2- ECPAD, Pierre Allard et Jean Suquet, série « Enfance radieuse »
« Dans les années 60, l’État français commande, par l’intermédiaire de l’Établissement de communication et de production audiovisuelle de la défense (ECPAD), des reportages à des photographes pour documenter l’enfance. À l’époque, la France est en plein boom économique, ce sont les fameuses Trente Glorieuses, la guerre est passée et l’espoir d’une vie meilleure se ressent partout, y compris dans l’architecture.
C’est dans ce contexte que les photographes Jean Suquet et Pierre Allard arrivent à la Maison radieuse de Rezé, imaginée quelques années plus tôt par Le Corbusier. Sur la photo tirée de la série « Enfance radieuse », on découvre des enfants en train de courir sur le toit-terrasse de l’immeuble, toujours occupé par une école maternelle. C’est une image à la fois documentaire et humaniste, à la façon d’un Robert Doisneau, mais aussi très mystérieuse. On est ancré dans la réalité (le logement HLM, l’école…) et en même temps, il y a un côté poétique dans cette photo, comme une allégorie de la liberté. »
> La QPN présente 600 clichés des archives inédites de l’ECPAD à l’Atelier, 1 rue de Chateaubriand.
3- Aurélien David, série « Le peuple des algues »
« Le projet du photographe nantais Aurélien David est très singulier. Sur l’île d’Oléron, près du phare de Chassiron, il a réalisé une déambulation sensible sur l’estran de l’océan Atlantique, à la rencontre des algues et de leurs ambassadeurs humains (un récoltant, un artiste, une chercheuse, un chef étoilé…), qu’il a portraiturés en photo. Leur portraits sont ensuite révélés directement sur des algues grâce à la photosynthèse, puis replacés dans leurs écosystèmes. Ici, les algues servent d’encadrement naturel à des œuvres forcément éphémères. Ce que nous dit le travail d’Aurélien David, c’est qu’il faut parfois s’éloigner du réalisme pour toucher du doigt le réel, car les deux ne sont pas synonymes. »
> À retrouver au Passage Sainte-Croix. En marge de l’exposition, la QPN propose un atelier tirage avec l’artiste, un atelier cuisine avec des algues ainsi que deux conférences sur la fragilité des estrans.
4- Adeline Praud, série « A War On US »
« Depuis plusieurs années, les États-Unis connaissent une crise sans précédent liée aux opioïdes et notamment au Fentanyl, une drogue analgésique 100 plus fois plus puissante que la morphine. A cause de l’avidité de l’industrie pharmaceutique et de la complicité d’une partie du monde médicale, plus de 1 million de personnes sont mortes de surdose et des milliers demeurent accrocs, avec les problèmes sociaux que cela créé : pauvreté, violences intra-familiales…
Adeline Praud est une photographe nantaise qui est partie documentée cette crise. Elle a choisi une approche sensible pour en témoigner, à l’image de cette photo. C’est un portrait d’une jeune femme qui cache son œil droit avec un tatouage... d’œil. Sa symbolique est assez forte : l’oeil est une fenêtre ouverture sur l’âme. La tristesse de son regard nous aimante et on comprend assez vite que cette femme porte un poids, presque indicible. Et c’est ce qui fait selon moi la force d’une photo : quand on réussit à souligner le sensible sans tout dire. »
> La QPN expose la série « A War On Us » à l’Atelier, 1 rue de Chateaubriand
5- Anne Desplantez, série « Parce que...Ici »
Le travail d’Anne Desplantez a été récompensé à l’unanimité du Prix QPN 2025. La photographe a passé plusieurs mois dans un Centre d’aide sociale à l’enfance, en Ariège. Ce lieu est une refuge pour des enfants fragilisés par leur histoire familiale. Elle a travaillé avec les enfants grâce à des appareils photos jetables, qu’elle a fournis à chacun d’entre eux.
L’image que j’ai choisie, ce n’est pas un portrait, plutôt une évanescence. On discerne un enfant en train d’allumer un feu de broussaille. Quand j’étais gamin, moi aussi j’adorais faire ces feux avec mon père, après le jardin. Il y a un côté quasi-chamanique dans cette image qui témoigne encore une fois de la beauté et de la liberté de l’enfance.
> La QPN expose la série « Parce que… Ici » à l’Atelier, 1 rue de Chateaubriand.
En 2025, la QPN explore la réalité
Après l’illusion en 2024, la Quinzaine photographique nantaise (QPN) explore cette année la thématique antagoniste de la réalité. 14 expositions gratuites sont programmées à Nantes et dans 3 autres communes partenaires. Aux côtés du QG nantais de l’Atelier, plusieurs lieux culturels sont partenaires du festival, dont certains nouveaux à l’image des Ateliers de la Ville en Bois ou d’Entre 2 ponts (La Chapelle-Basse-Mer).