Un sommet pour l’emploi à l’assaut d’une tour de 12 étages

Descendre du douzième étage en rappel, c’est peu fréquent – et même très interdit. Pourtant, en ce mercredi 17 septembre, les candidats sont nombreux et bravent le vertige à un rythme soutenu, mais… sous l’égide de guides de haute montagne aguerris venus tout exprès de l’Alpe d’Huez, à l’invitation de l’association Un sommet pour tous.

Au départ et à l’arrivée, autour de l’immeuble du 3, rue de Québec, tout un village se déploie, animé par soixante professionnels de l’emploi : France travail, bien sûr, mais aussi structures de formation et d’accompagnement, et entreprises : « Notre idée est de rapprocher les jeunes de quartiers populaires de leur projet professionnel et du monde de l’entreprise », explique Laurent Stephan, président et fondateur de l’association organisatrice. 

Pour cela, ce chef d’entreprise passionné d’alpinisme a d’abord eu l’idée d’organiser des expéditions rassemblant des jeunes de quartiers populaires et des dirigeants ou cadres d’entreprises, « parce que, dans une cordée, on est unis, les critères sociaux sont gommés, l’entraide est obligatoire. On ne se connaît pas, mais on a un objectif commun : le sommet. On est à égalité face à la nature. On vit ensemble des moments parfois compliqués, uniques, on affronte ses peurs. Cela crée des liens et donne le goût de l’effort. La réussite redonne confiance en soi. » 

Depuis 2019, de jeunes Nantais ont ainsi grimpé en Corse, dans les Alpes ou les Pyrénées, mais aussi en Bolivie et au Kirghizistan. Et… à Nantes : « La première expédition dans les Alpes s’est tellement bien passée que les guides ont décidé de venir nous voir. C’est ainsi que nous avons organisé en 2021 la descente d’une tour à Orvault-Plaisance, accompagnée dès 2022 de notre premier forum de l’emploi. Depuis, les guides reviennent gratuitement chaque année. » Selma, 13 ans, joueuse de football à l’Étoile du Cens, qui vient de terminer sa descente, confirme l’avis général sur cette expérience : « C’était un peu stressant au départ, mais super bien. On n’a qu’une vie, il faut essayer tout ce qu’on peut ! »

Parallèlement, au long de l’année, les mentors de l’association accompagnent une cinquantaine de jeunes par an, soit 300 depuis l’origine de la structure. « Nous avons organisé un parcours de mentorat qui est personnalisé pour chaque jeune, de manière à nous adapter à la diversité des projets. On prend le temps qu’il faut. Un an, deux ans, trois ans… Il n’y a pas vraiment de limite d’âge. On est "jeune" tant qu’on n’est pas "débrouillé". »

Le rendez-vous de septembre, qui se déroulait pour la première fois à Nantes, est devenu l’événement rituel réunissant les partenaires institutionnels et privés qui viennent à la rencontre de leurs possibles futurs salariés. Les jeunes viennent en nombre et en famille. Collecte d’information, prise de contact, dépôt de CV… L’occasion est belle, les recruteurs sont là pour échanger, répondre aux questions et, pourquoi pas, embaucher : «  20 CDI ont été signés lors du forum 2024 », se réjouit Laurent Stéphan.