C'est un message d'espoir et d'action qui a été donné mardi 30 avril au gymnase Albert-Camus. Devant 250 habitants venus assister à la réunion publique de présentation des avancées du projet Grand Bellevue, Johanna Rolland, maire de Nantes et présidente de Nantes Métropole, et Bertrand Affilé, maire de Saint-Herblain et vice-président de Nantes Métropole, ont détaillé les chantiers lancés pour transformer ce quartier de 19 000 habitants, aussi grand que l'île de Nantes (325 hectares). "Nous avons une ambition forte pour Bellevue", assure le maire de Nantes. "Le projet prévoit des transformations importantes sur le logement et les espaces publics. Mais c'est avant tout un projet humain destiné à améliorer le quotidien".
Au cours des dix prochaines années, plus de 310 millions d'euros vont être investis pour que Bellevue devienne "un quartier actif et attractif" : 80% sont apportés par le territoire nantais (bailleurs sociaux et collectivités locales) et 20% par l'Etat et l'Agence nationale de rénovation urbaine. "Ce projet est le fruit de quatre ans de travail avec les habitants et les acteurs du quartiers : associations, enseignants, commerçants, etc. Aujourd'hui, il démarre vraiment", se réjouit Myriam Naël, adjointe au maire chargée de la réussite éducative et de la politique de la ville. Premier signe de changement, une Maison du projet a ouvert ses portes en janvier place Mendès-France et des palissades de chantier viennent d'être installées place des Lauriers. "Un gros effort est engagé pour améliorer l'habitat et favoriser la transition énergétique", précise l'élue. Un logement social sur trois est concerné. 500 logements seront ainsi démolis, 900 seront construits et plus de 1200 autres bénéficieront d'une réhabilitation, notamment thermique. Mais le projet apporte aussi des réponses en matière de développement économique, d'accès à l'éducation et aux soins, de culture, d'espaces verts et de sécurité.
La place Mendes-France, par exemple, sera reconfigurée pour accueillir le marché, de nouveaux commerces et un centre d'affaires autour d'un mail paysager. "Aujourd'hui, certains aménagements sont détournés de leur usage et favorisent la délinquance", explique Bertrand Affilé, maire de Saint-Herblain. "Nous allons supprimer les porches et les recoins qui servent de repaire aux dealers et revoir la configuration des rues afin de pacifier la circulation. Pour que cette place vive bien et devienne le cœur actif du Grand Bellevue, elle doit répondre aux besoins de tous : familles, travailleurs, clients des commerces et du marché, etc." Une cour artisanale est également en projet à la Bernardière.
Après les fusillades qui ont éclaté place Mendès-France et dans plusieurs quartiers nantais les 21, 22 et 23 avril, les attentes sont fortes du côté des habitants. "Lutter contre la délinquance, les trafics d'armes ou de drogue, c'est le travail de l'État et de la police nationale", rappelle Johanna Rolland qui réclame depuis des mois des renforts. Depuis le 1er avril, 20 policiers supplémentaires sont affectés à la sécurisation de Bellevue et les patrouilles ont été renforcées pour déployer la police de proximité du quotidien. "Une cellule anti-rodéo a également été créée", indique Jean-Christophe Bertrand, le directeur départemental de la sécurité publique. Cette dernière travaille avec l'aide des 17 caméras de vidéo-protection déployée par Nantes Métropole pour surveiller en continue les espaces publics. "Ce quartier a des difficultés que nous devons affronter avec responsabilité et lucidité. Mais il a aussi un vrai potentiel que nous voulons faire prospérer", assure Johanna Rolland. "Il y a beaucoup de belles choses ici : des artistes, de grands sportifs sortent de ce quartier... Tous les jeunes ne sont pas des délinquants", défend Bouchra Akdim, l'une des organisatrices de la marche citoyenne, organisée dimanche 28 avril pour dire "stop à la violence". Personne n'a de baguette magique. Mais si on se mobilise tous ensemble, on peut changer les choses". La jeune femme y croit.
Dès 2021, le projet Grand Bellevue deviendra réalité, avec la livraison de plusieurs équipements phares. Une maison de santé, réunissant médecins, kinés, orthophonistes, infirmiers mais aussi des permanences de spécialistes et de travailleurs sociaux, ouvrira ses portes le long du boulevard Jean-Moulin afin de lutter contre "la désertification médicale, qui touche aussi les quartiers urbains". A côté de la médiathèque Lisa-Bresner, c'est un équipement sportif qui va sortir de terre. Le projet, né d'une idée des habitants, voit les choses en grand : une salle de boxe, un dojo, deux salles de danse, une salle de musculation et une pour des cours collectifs. Dans le même temps, le quartier va s'enrichir d'une nouvelle crèche intercommunale de 46 places, dont 6 réservées à des enfants handicapés, près de la place Mendès-France. Et l'école Alain-Fournier gagnera 4 classes supplémentaires, un centre de loisirs et des espaces extérieurs végétalisés. À la rentrée 2023, ce sera au tour des écoles Lucie-Aubrac et de la Bernardière d'être rénovées et agrandies. « Nous avons choisi d’investir fortement dans la jeunesse et l'éducation, mais aussi la culture », souligne Johanna Rolland. Pour sa première résidence à Bellevue, mi avril, la compagnie Royal de Luxe a ainsi permis à 2400 enfants des écoles du quartier de s'évader en écoutant les histoires de Monsieur Bourgogne, vieux campeur solitaire qui a planté sa tente à la verticale, sur la façade d'un immeuble de la rue de la Saône ! La troupe, habituée à se produire dans le monde entier, reviendra place Denis-Forestier du 23 juillet au 17 août, avec son spectacle Miniatures. Avant d'autres interventions dans le quartier...
Grand Bellevue en 5 chiffres clés
Pour s'informer et participer au renouveau du Grand Bellevue, rendez-vous à la Maison du projet, le vendredi matin de 10 h à 13 h, place Mendès-France.