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Il y a 80 ans, l’exécution des 50 otages

ActualitésPublié le 08 octobre 2021

Le 22 octobre 1941, des otages sont fusillés en représailles de l’exécution à Nantes d’un officier allemand. La ville garde la trace de ce martyre, qui a contribué à forger l’esprit de résistance. Cette année, les commémorations ont un relief particulier.

Cinq résistants nantais sont exécutés le 22 octobre 1941 au Mont-Valérien à Paris par les Nazis. (crédit : DR)
Cinq résistants nantais sont exécutés le 22 octobre 1941 au Mont-Valérien à Paris par les Nazis. (crédit : DR)

Deux coups de revolver. Un homme s’effondre. Il est 7h45 ce lundi 20 octobre 1941, quand est abattu rue du Roi-Albert le lieutenant-colonel Karl Hotz. Le chef de la Kommandantur de Nantes a été la cible d’un commando venu spécialement de Paris et composé de trois résistants communistes : Gilbert Brustlein, Marcel Bourdarias et Spartaco Guisco. Leur acte va avoir des répercussions dramatiques, à Nantes et au-delà.

Informé de l’attentat, Hitler exige des représailles immédiates et l’exécution de 100 à 150 otages. Le 21 octobre, le général Otto von Stülpnagel, chef de l’armée d’occupation en France, fait publier ce terrible avis : « En expiation de ce crime, j’ai ordonné préalablement de faire fusiller cinquante otages (…) 50 autres otages seront fusillés au cas où les coupables ne seraient pas arrêtés d’ici le 23 octobre 1941 à minuit. »

Les autorités civiles nantaises intercèdent auprès des Allemands, en vain. Le gouvernement collaborationniste de Vichy est mis à contribution pour fournir une liste d’otages. Le ministre de l’Intérieur Pierre Pucheu donne les noms de responsables syndicaux et militants communistes, détenus politiques du camp de Choisel à Châteaubriant. Au total, 27 hommes sont transportés dans l’après-midi du 22 octobre à la carrière de la Sablière et fusillés. Le plus jeune est le fils d’un député communiste parisien : c’est Guy Môquet, qui laisse à ses proches une lettre poignante.

Le martyr nantais, de Nantes au Mont-Valérien

Von Stülpnagel a aussi acté l’exécution de 16 otages détenus à Nantes. Ce sont des anciens combattants, des jeunes membres de réseaux de résistance, des communistes. Ils sont fusillés par petits groupes sur le champ de tir du Bêle. Enfin, cinq autres résistants nantais emprisonnés au fort de Romainville près de Paris sont fusillés au Mont-Valérien. Deux hommes échappent in extremis à leur funeste sort : les 50 otages ne sont en réalité "que" 48. Au-delà de leurs actions contre l’Occupant, de leurs engagements politiques ou syndicaux, qui étaient-ils ? Âgés de 17 à 58 ans, ils sont ouvriers, employés, médecins, enseignants, ancien combattant mutilé de guerre, parfois élus… La France, dans toute sa diversité.

D’autres otages seront exécutés à la même époque en France, dont 50 à Bordeaux le 24 octobre, en représailles à un attentat trois jours avant où un officier allemand est également abattu. Ce sont pourtant les "cinquante otages" nantais qui provoquent une onde de choc à travers le pays et bien au-delà. Depuis Londres, de Gaulle condamne ces exécutions et décerne à Nantes dès le 11 novembre 1941 l’insigne de l’Ordre des compagnons de la Libération. Churchill et Roosevelt dénoncent aussi l’infamie. C’est la première fois que des otages sont exécutés en aussi grand nombre. Ce drame marque d’ailleurs un tournant : le rejet de l’occupant devient dès lors perceptible dans la population.

En octobre, une exposition place Royale

Le 80e anniversaire de l’exécution des 50 otages est marqué par une exposition « hors les murs » place Royale, présentée du 8 octobre au 1er novembre 2021. Conçue par les Archives de Nantes, en partenariat avec le Comité départemental du souvenir, elle permet de plonger dans les heures sombres de l’Occupation et de commémorer également la Résistance à Nantes, entre 1940 et début 1942. 

L’hommage à la mémoire des 50 otages aura donc cette année un éclat particulier, et de nouveau les visages des 48 fusillés vont orner tout le mois d’octobre le cours qui porte leur nom. Le premier massacre de civils à l'Ouest démontre l'évolution de la politique de répression nazie et, dans le même temps, des entraves à la collaboration "sincère et loyale" prônée par Vichy.

Retrouvez tout le programme des commémorations (PDF ; 603 Ko)

L'info en +

« En vie, en joue, enjeux. Les 50 otages. Châteaubriant, Nantes, Mont-Valérien », le livre
Cet ouvrage, co-écrit par Didier Guyvarc’h, historien, agrégé, maître de conférences honoraire en histoire contemporaine et Loïc Legac, enseignant puis proviseur, animateur du Comité du souvenir des fusillés de Châteaubriant, Nantes et de la Résistance en Loire-Inférieure, et édité par le Centre d’histoire du travail, revient sur le drame des 50 Otages. Paru en septembre dernier, il a été conçu à l’occasion du 80e anniversaire de l’exécution des 50 otages, à l’initiative du Comité départemental du souvenir des fusillés de Châteaubriant de Nantes et de la Résistance en Loire-Inférieure, présidée par Christian Retailleau.

« Quatre-vingts ans après, la mémoire de l’évènement a évolué, mais elle reste vive... » rappellent les auteurs. C’est tout l’intérêt de ce livre, pour ne pas oublier et perpétuer ainsi la mémoire de ce martyr local. « Le massacre du 22 octobre 1941, retenu par le Tribunal international de Nuremberg, constitue un événement fondateur pour le droit international" rappellent Didier Guyvarc'h et Loïc Legac.  

En savoir plus : https://cht-nantes.org/editions-presentation/editions-a-paraitre