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« Les enfants sont des éponges, ils retraduisent l’angoisse de notre société »

Publié le 28 avril 2021


La crise sanitaire met notre équilibre psychique à rude épreuve. Les hospitalisations des moins de 15 ans pour motif psychiatrique sont en forte hausse. Comment repérer la détresse de son enfant ? Quelles solutions pour l'aider ? Entretien avec Christèle Gras-Le Guen, cheffe du service pédiatrie au CHU de Nantes et présidente de la Société française de pédiatrie.

Christèle-Gras Le Guen, cheffe du service pédiatrie au CHU de Nantes, observe une forte hausse des hospitalisations pour détresse psychologique depuis l’automne.
Christèle-Gras Le Guen, cheffe du service pédiatrie au CHU de Nantes, observe une forte hausse des hospitalisations pour détresse psychologique depuis l’automne.

Quel est l’impact de la crise sanitaire sur la santé mentale des enfants et des adolescents ?

« C’est un impact majeur. Beaucoup de jeunes enfants arrivent dans les services d’urgences pour une détresse psychologique importante avec des idées noires et parfois des gestes suicidaires. Nous avons eu les premières alertes fin octobre et la situation s’est dégradée en janvier. Depuis, ça ne désemplit pas. À Nantes, nous avons ouvert des lits de crise pour pouvoir accueillir ces enfants. Tous les services pédopsychiatriques de France sont saturés, dépassés par la demande. Les inquiétudes ne sont pas liées au virus mais plutôt au climat anxiogène avec les restrictions et l’appauvrissement de la vie sociale. Les enfants sont des éponges, ils retraduisent l’angoisse de toute notre société. Chez les adolescents, on observe une forte augmentation des troubles du comportement alimentaire. Chez les plus jeunes, les symptômes sont différents avec des troubles du sommeil ou des agitations. Toutes les classes d’âge sont touchées, il y a une hausse des consultations observée en Protection maternelle et infantile (PMI) pour les moins de 6 ans. »

Comment repérer la souffrance de son enfant ?

« C’est assez bruyant et donc visible, il n’y a pas de souffrance latente. Les enfants ne mangent plus, ne dorment plus. Ils peuvent être très agités. Ou au contraire arrêter de communiquer. En cas d’inquiétude, les parents doivent se rapprocher du pédiatre ou du médecin généraliste qui pourra examiner l’enfant et solliciter l’avis d’un spécialiste si la situation le nécessite. »

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Que pensez-vous du forfait psy pour les 3-17 ans ?

« C’est une excellente chose. Les médecins généralistes vont évaluer l’état des enfants et leur prescrire ces dix séances prépayées chez un psychologue de ville. Une dizaine de séances suffit dans la majorité des cas. Pour certains, discuter une ou deux fois avec un professionnel permet déjà de se sentir mieux. J’espère que les enfants pourront bénéficier largement de ce dispositif. Ce seront les acteurs de la reconstruction de l’après-crise, nous devons en prendre soin. » 

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