Le variant delta commence sa percée en Loire-Atlantique. Faut-il craindre une nouvelle vague ?
"On s'attendait à ce qu'il se répande dans la mesure où il avait déjà commencé à se diffuser sur le territoire et qu'il entraîne une éventuelle vague. Mais on ne l'attendait pas si vite, si tôt, si fort. On est étonnés de la vitesse à laquelle il se propage un peu partout en Europe, donc on est particulièrement méfiants. La dernière modélisation Pasteur dit, sur la base d'un taux de reproduction à 4 et sur l'hypothèse d'une couverture vaccinale de 30% chez les 12-17 ans, de 70% chez les 18-60 ans et de 90% chez les plus de 60 ans, qu'un pic d'hospitalisation similaire à celui de l'automne 2020 pourrait être observé s'il n'y a aucune mesures barrières et de prévention. Ce n'est pas une prédiction mais ça fait partie des hypothèses possibles. La vaccination est une arme dont on ne disposait pas avant et qui devient cruciale, couplée avec le reste des mesures barrières et de distanciation. Par ailleurs, ce virus est beaucoup plus contagieux que ce qu'on a connu jusqu'à présent. Avec un taux de reproduction accru d’autant, une personne pourrait contaminer jusqu’à 7 personnes en l’absence de mesures barrières et de distanciation. Une personne lambda pourrait alors contaminer en chaîne plus de mille personnes en quelques semaines, comme les ‘supercontaminateurs’ au printemps 2020, contaminés par le virus d’origine, beaucoup moins contagieux. Il est donc plus que jamais nécessaire de respecter la distanciation, de se faire dépister quand on s'expose et qu'on a été exposé et de respecter l'isolement qui va avec."
Quelle est la situation en Loire-Atlantique ?
"Les chiffres n'ont jamais été aussi bas qu'aujourd'hui. En revanche, nous étions au dessous de 10 pour 100 000 dans la région il y a une semaine, à 15 pour 100 000 il y a deux jours et le taux d'incidence est aujourd'hui de 17 pour 100 000. Ça démarre et ça peut aller vite. Dans quelques jours, la dynamique de l'épidémie sera celle du delta. La grand inconnue c'est de savoir si l’envolée de la courbe va toucher l’hôpital ou pas. En ce qui concerne la couverture vaccinale, on a 35% de couverture vaccinale complète et 55% de première dose. Pour le moment c'est insuffisant. Avec l'arrivée du variant delta, l'immunité collective à atteindre (par la maladie ou par la vaccination) est de 87% !"
Pourquoi la vaccination est-elle indispensable aujourd'hui ?
"Se vacciner diminue par 12 le risque de contaminer son proche âgé ou immunodéprimé, réduit le risque de développer un covid long, et contribue à protéger le système de soins. À terme, la vaccination permettra de reprendre une série d'interactions sociales et de lever toutes les mesures barrières. Je tiens à rappeler que le virus ne touche pas que les personnes âgées, les personnes obèses ou les personnes atteintes de complications. Je pense aussi qu'il faut tordre le cou à certaines idées reçues concernant les effets secondaires des vaccins. Ressentir de la fièvre ou de la douleur au point d'injection est le signe que ça marche. Ce qui ne veut évidemment pas dire que le vaccin est inefficace si on ne ressent pas de douleur ! De nombreuses personnes pensent également qu'on n'a pas suffisamment de recul alors que c'est tout l'inverse ! En réalité, on n'a jamais eu autant de recul qu'avec ce vaccin. Contrairement aux effets secondaires des expositions aux risques environnementaux ou aux risques des médicaments, les effets secondaires des vaccins apparaissent pratiquement toujours dans les premières semaines donc avec des millions de gens vaccinés en six mois, on a un recul exceptionnel. Enfin, les règles de vaccination ont été assouplies avec la possibilité de se faire vacciner sur son lieu de vacances ou de respecter un délai de 21 jours à 49 jours entre deux doses, donc il faut en profiter !"