Comment les conditions climatiques influent-elles sur la Loire ?
La Loire prend sa source très en amont. Le débit est en permanence maintenu par des barrages bien en amont, dans le Massif central. Mais il fluctue sur l’année. Ces barrages peuvent faire des soutiens d’étiage : l’hiver, ils stockent de l’eau dans les barrages et les larguent l’été pour que le niveau soit compatible avec les activités (utilisation industrielle, refroidissement des centrales nucléaires). Or, la durée de l’étiage (la période où le débit du fleuve est le plus bas, ndlr) est de plus en plus longue, et les pluies habituelles de l’automne viennent plus tard.
Quelles sont les conséquences pour la qualité de l’eau de la Loire?
La Loire apporte des sédiments, dont tout ou partie se dépose dans une zone plus calme de l’estuaire. C’est dans cette zone de confluence entre les eaux du fleuve et la marée que l’on peut avoir une zone chargée en matière en suspension (matière organique qui peut être drainée par la Loire). C’est le bouchon vaseux. Au cœur, il est très concentré et il est entouré d’un petit panache de moins en moins dense à mesure qu’on s’éloigne du cœur. Dans un fonctionnement normal de rivière, une partie de ce bouchon vaseux est expulsée en mer lors des crues. Il faut donc des crues importantes. L’an dernier, nous avons ainsi connu une crue supérieure à 4000 m3 par seconde (m3/s). Cela donne une force qui permet d’expulser en mer le bouchon vaseux, malgré la marée. Or en ce moment, le débit est de 110 m3/s en Loire, on a même atteint 90 m3/s cet été. Avec des périodes d’été de plus en plus longues et des crues moins fréquentes et intenses du fait du changement climatique, le bouchon peut avoir tendance à remonter plus loin dans le fleuve, poussé par la marée. C’est ce qui se passe en ce moment. Et c’est évidemment accentué par les grandes marées comme celles qui vont intervenir dimanche et lundi.
Pourquoi le bouchon vaseux est-il problématique pour la production d’eau potable ?
On s’est rendu compte pour la première fois en 2019 que le panache du bouchon vaseux était remonté jusqu’à Mauves-sur-Loire. Cette année, on observe ce même phénomène, qui a gagné en intensité à mesure que l’été avançait. L’usine de la Roche, dont dépendent près de 650 000 habitants de Loire-Atlantique, est en capacité de traiter de l’eau avec des matières en suspension jusqu’à une certaine limite. Mais si les eaux sont très chargées, le processus produit plus de boues, qu’il faut ensuite retirer. Ce qui nous limite dans notre capacité à produire la quantité d’eau nécessaire au quotidien. Au-delà d’un certain seuil (qui est surveillé en temps réel par nos équipes, qui travaillent en 3x8), on ne peut ainsi produire qu’à mi-capacité. Cela ne devrait être un problème que pendant quelques heures, le temps d’une marée. La turbidité (teneur en matériaux en suspension, ndlr) de l’eau monte vite, puis redescend. Néanmoins, si la concentration est trop forte, nous pouvons être contraints d’arrêter la production. En cas de besoin, nous avons quasiment 24h de stockage devant nous, notamment grâce au réservoir de la Contrie.
Un week-end sous surveillance
Les grandes marées qui sont prévues dimanche 11 et lundi 12 septembre feront l’objet d’une surveillance étroite par les services de Nantes Métropole. Il est donc important que nous soyons vigilants à nos consommations d’eau, en particulier jusqu’au 16 septembre. Retrouvez nos conseils pour économiser l’eau.