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Perturbateurs endocriniens : « On les trouve un peu partout »

ActualitésPublié le 03 mai 2022

Dans les cosmétiques ou les produits d'entretien, ces molécules se nichent dans nos objets du quotidien. État des lieux avec Aurore Gely Pernot, enseignante chercheuse à l'Institut de recherche en santé, environnement et travail (Irset). Elle est chargée d'animer le premier rendez-vous « focus santé », organisé par la Ville de Nantes le 5 mai à l'UFR des sciences pharmaceutiques et biologiques.

Aurore Gely Pernot est enseignante chercheuse à l'Institut de recherche en santé, environnement et travail (Irset).
Aurore Gely Pernot est enseignante chercheuse à l'Institut de recherche en santé, environnement et travail (Irset).

Qu'est-ce qu'un perturbateur endocrinien et où les trouve-t-on ?

« C'est une molécule ou un ensemble de molécules qui va venir altérer le système endocrinien et qui, par voie de conséquence, va induire des effets néfastes sur la santé des individus ou sur la descendance d'individus. Ils sont difficiles à appréhender car on les trouve un peu partout : dans les cosmétiques ou les produits d'entretien, dans les matériaux qui peuvent être en contact avec la nourriture, dans des produits de consommation tels que les jouets, les tissus, les ordinateurs, les télés avec les retardateurs de flammes, mais aussi dans les pesticides, insecticides et biocides utilisés par des particuliers ou en agriculture. »

Quels sont leurs effets sur la santé ?

« Ils entraînent de nombreux effets sur la santé, notamment au niveau neurodéveloppemental. Des baisses de QI ont par exemple été observées après des expositions in utero au PCB, des molécules interdites mais qui persistent dans l'environnement. On observe également des effets sur le métabolisme avec une augmentation de certaines pathologies comme le diabète et la prise de poids, corrélés avec l’exposition au Bisphénol A. Il y a également des corrélations avec les cancers hormono-dépendants, comme le cancer du sein. Et avec tout ce qui touche à la reproduction où l'exposition à ces molécules peut entraîner des malformations congénitales chez le petit garçon, une augmentation des cancers testiculaires ainsi qu’une baisse de la fécondité. »

Comment les repère-t-on ?

« Dans le cadre du 2e plan perturbateurs endocriniens, l'idée est d'essayer d'arriver en 2023 à un étiquetage des produits qui en contiennent. Les seuls moyens de savoir où ils sont consistent à aller consulter les listes disponibles sur le site de l'ANSES ou sur le site européen edlists.org qui répertorie l'ensemble des molécules suspectées d'être des perturbateurs endocriniens ou identifiées comme tels. Je conseille de regarder les étiquetages pour s'assurer que les produits ne contiennent pas de molécules comme des parabènes ou des phtalates. Il est fondamental de travailler de concert avec l'Europe pour parvenir à traiter ce problème. »

« Focus santé » : trois rendez-vous gratuits pour échanger avec des scientifiques

Organisés par la Ville de Nantes en partenariat avec le CHU de Nantes et Nantes universités, les rendez-vous « focus santé » sont des conférences-débats gratuites et sans inscription, ouvertes à toutes et tous, qui visent à apporter un éclairage scientifique sur un sujet santé d'actualité et à échanger avec des scientifiques. Outre le débat sur les perturbateurs endocriniens programmé le 5 mai de 18h30 à 20h, la Ville vous donne rendez-vous le 14 juin pour une conférence consacrée à « l'activité physique sans faire de sport » en compagnie du Pr François Carré, cardiologue et maladies vasculaires, pôle sport au CHU de Rennes. S'ensuivra une conférence sur l'éco-anxiété en octobre.