Léo, 3 ans, finit son repas à l’ombre d’un arbre, sur une petite table en bois, tandis qu’Anna, pieds nus, vadrouille dans l’herbe et grimpe sur une sculpture en bois, représentant un animal imaginaire endormi (voir encadré). Avec 80 autres enfants, tous les deux sont accueillis à la crèche de la Manufacture qui a bénéficié de travaux en 2023 pour transformer la cour en jardin. 370 m² ont été débitumés, remplacés par de l’herbe, des petits rochers, un tunnel de bambou, une butte, des potagers…
« La bifurcation écologique passe aussi par la petite enfance avec le projet de « crèches nature » sur nos 31 structures municipales, rappelle Hélène Naulin, adjointe déléguée à la petite enfance, les familles et la parentalité. Cela passe par une végétalisation en profondeur, une alimentation à 75 % bio, un abandon du plastique avec des biberons en verre, de la vaisselle en céramique, en porcelaine, en inox et des produits d’entretien respectueux de la santé et de l’environnement. » Les jouets en plastique sont également remplacés progressivement par des jouets en matières plus vertueuses.
Des usages facilités et des pratiques qui changent
Dans le carré potager, Anna montre les salades et les fraises qu’elle a plantées et qu’elle arrose régulièrement. Chaque crèche est ou va être équipée d’un potager pédagogique avec la formation d’une personne référente pour la gestion et la proposition d’activités dédiées. « Avoir un beau jardin ne suffit pas pour faire sortir les enfants et le personnel, explique Léa Guilloy Martos de l’Auran, l’agence d’urbanisme qui a accompagné la Ville de Nantes dans la réalisation de ces jardins. Il faut faciliter les usages, comme mettre à disposition des vestiaires roulants pour mettre et déposer manteaux, chaussures, combinaisons de pluie facilement, ou avoir du mobilier qui reste toujours à l’extérieur pour n’avoir qu’à sortir le goûter dès qu’un rayon de soleil apparaît. »
Enfants comme personnel de la crèche apprécient les changements. « On a un beau jardin, on n’hésite plus à sortir les bébés quand il pleut trois gouttes » se réjouit Laurence, auxiliaire de puériculture. « Nos pratiques ont évolué, on a arrêté de sortir des jeux dans les jardins, les enfants regardent, s’émerveillent devant les escargots et développent leur créativité », poursuit Marine, éducatrice de jeunes enfants. Et les parents adhèrent, même si les vêtements reviennent parfois tachés d’herbe ou de terre.
La nature pour l’équilibre psychique et le bien-être
Au-delà de l’adaptation de l’environnement au changement climatique pour un meilleur confort d’été notamment, les crèches nature servent aussi à accroître le lien à la nature des tout-petits. « Quand on connaît la nature, on la respecte », assure Hélène Naulin. Six jardins de crèches ont déjà été réaménagés, pour trois autres les travaux commencent cet été et six autres seront réalisés d’ici 2026.
« En plus des crèches, il y a aussi les cours d’écoles réinventées, 52 au total. Ces projets sont liés car c’est la continuité du parcours éducatif de nos enfants, ajoute Johanna Rolland, maire de Nantes. Le rapport à la nature est un élément déterminant pour l’équilibre psychique et le bien-être de nos enfants. Je suis attachée à une écologie au sens populaire du terme, car nous accueillons dans nos structures des enfants de différentes situations sociales et tous ont le droit de découvrir la nature. »
Des sculptures en bois par le Collectif MONsTR
Chaque jardin de crèche a ou va accueillir un petit monstre en bois réalisé par le collectif d’artistes MONsTR. Ces sculptures représentant des animaux endormis sont fabriquées à partir de bois nantais abattu par les services de la Ville. Un récit graphique racontant l’origine de ces petits monstres a été pensé par l’illustratrice Juliette Barbanègre et à la scénographe Céline Perrigon et remis à chaque crèche. Les sculptures permettent de développer la motricité, l’éveil sensoriel et la créativité des enfants. Fin 2024, 20 petits monstres auront été installés.