Pour les citoyens, 3 grands enjeux pour les futurs de l’Hôtel-Dieu
Dernière mise à jour 15 juill. 2025
Que faire de ces 10 hectares quand l’hôpital aura déménagé sur l’île de Nantes fin 2027 ? Pour nourrir le projet d’aménagement de ce site emblématique, Nantes Métropole a sollicité l’inspiration de la population. Une commission citoyenne en a tiré les enseignements et a remis sa « copie » aux élus après 3 mois de travail fourni.
Balades urbaines, ateliers fictions, cafés rencontres, exposition, permanences nomades... De septembre à décembre 2024, 2730 participants ont eu l’occasion de contribuer aux 50 temps d’échange et « d’inspiration citoyenne » proposés par Nantes Métropole pour penser les futurs de l’Hôtel-Dieu. La collectivité deviendra en effet propriétaire du site lorsque l’hôpital aura déménagé, fin 2027. 18 citoyennes et citoyens ont ensuite pris le relais pour analyser, synthétiser et débattre sur toute cette matière collectée.
Le 7 mars, cette commission citoyenne a remis son « carnet des inspirations » à Bassem Asseh et Thomas Quéro, élus métropolitains et adjoints à la maire de Nantes en charge respectivement du dialogue citoyen et de l’urbanisme.
3 orientations majeures
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Le site de l’Hôtel-Dieu ayant toujours été une terre d’accueil, d’asile et de soins, les citoyens demandent à ce qu’il le reste, en évoluant dans ses formes bien sûr. « Ce quartier doit être un refuge pour les plus fragiles, un lieu où on prend soin de l'humain, du vivant, un lieu de solidarité, d’entraide et de partage », souligne Victor, l’un des membres de la commission. Sans omettre la nécessité d’une cohabitation paisible entre les « espèces » : humains, animaux et végétaux. Au passage, la commission citoyenne souligne qu’elle n’a pas tranché sur le volet patrimonial du site. « Si vous voulez faire des trous dans la croix de Routz Spitz, allez-y, dit Jacques, un de ses membres, un brin provocateur. Ce qui compte pour les citoyens, c’est bien de conserver l’esprit des lieux, plus que les murs à tout prix. »
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Après l’innovation en santé, les citoyens appellent de leur vœu la mise en place d’un quartier laboratoire à plusieurs niveaux : architectural, social, environnemental, créatif, botanique... « Dans ce lieu de vie et d’accueil, on pourrait trouver des ateliers créatifs, une pépinière d’idées, un observatoire du sensible et du lien avec la nature, explique Marie-Laure. Les citoyennes et citoyens devront aussi être acteurs de l’évolution du lieu, dans une gouvernance partagée. » Avoir un lieu évolutif semble essentiel à leurs yeux : des friches, des terrains de jeux ouverts aux initiatives citoyennes. « Le site peut évoluer par petites touches et changer ensuite. On ne doit pas attendre que l’on soit tous morts autour de cette table pour le voir changer », ajoute Victor.
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« Aujourd’hui, l’hôpital est ouvert aux malades mais il est fermé sur lui-même, il semble infranchissable, explique Antoinette, autre membre de cette commission. Perçu comme un grand bloc, le quartier doit s’ouvrir pour permettre des vues, se connecter aux quartiers environnants, à la Loire. » Le site est aujourd’hui artificialisé à 95%, il doit aussi faire place au vivant et au végétal, s’adapter aux enjeux climatiques et permettre à la nature de reprendre ses droits. « Et quid d’un rôle productif alimentaire ? », questionne Thomas Quéro. « Il y a trop d’inconnues sur les potentialités du vivant pour penser la nature, répond Marie-Laure. Il faut déjà voir comment elle va reprendre ses droits, c’est trop tôt pour y répondre ». « Il n’y a pas vraiment de plus-value à cultiver là en particulier », ajoute Jacques.
Un futur quartier à part entière
« Le fait que vous utilisiez le mot quartier, c’est intéressant », note Bassem Asseh. « Pour nous, dans un quartier, on a de l’habitat, on y travaille, on y mange, explique Victor. C’est créer cette mixité d’usages au centre-ville de Nantes qui est important ». La commission citoyenne a aussi identifié des sujets secondaires, moins traités, mais qui sont aussi essentiels : le fait de recycler et réemployer, d’améliorer et d’apaiser le cadre de vie et de gérer les risques : celui de la gentrification, mais aussi les risques d’inondation et de pollution des sols.
Forts de cette synthèse des inspirations citoyennes, les élus métropolitains vont poursuivre leurs travaux sur les futurs de l’Hôtel-Dieu en intégrant aussi l’expression des acteurs, les propositions des jeunes architectes d’Europan, l’étude mémorielle et patrimoniale et les analyses techniques en cours. « Ayez de l’ambition, exhorte Jacques. Ce lieu le mérite ! »
En savoir plus
Sur le site du dialogue citoyen, retrouvez l'ensemble des travaux de la commission citoyenne sur les futurs de l’Hôtel-Dieu, le carnet d’inspirations citoyennes, les 8 livrets détaillant la démarche et l'actualité de cette concertation.