Un nouveau poumon vert se dessine au sud-ouest de l’île de Nantes

Dernière mise à jour 11 juill. 2025

La nouvelle maîtrise d’œuvre de l’île de Nantes a dévoilé, jeudi 10 juillet, une première version du plan-guide pour la transformation du sud-ouest de l’île. Attendu en 2030, le futur parc de Loire se déploiera sur 10 hectares et viendra reconnecter la ville au fleuve.

  • Attendu dès 2030, le futur parc de Loire se déploiera sur 10 hectares d’un seul tenant au sud-ouest de l’île avec, en lisière, un nouveau quartier de vie comprenant 1500 à 2100 logements. © D’Ici Là / Martin Etienne

« Transformer un des plus grands îlots de chaleur de la métropole en un îlot de fraîcheur, c’est le défi qui nous attend », résume Johanna Rolland, maire de Nantes et présidente de Nantes Métropole, pour évoquer la métamorphose à venir du sud-ouest de l’île de Nantes.

Une nouvelle page de l’histoire de l’île s’est ouverte en décembre 2024 avec la désignation d’une nouvelle équipe de maîtrise d’œuvre, pilotée par Sylvanie Grée et l’agence de paysage D’Ici Là, pour les huit prochaines années (2025-2032). Aussitôt nommée, une démarche de concertation s’est engagée début 2025 avec la création de l’Assemblée de l’île - 36 habitants, usagers et actifs - chargée de proposer des scénarios d’aménagement pour la pièce maîtresse de cette transformation : le futur parc de Loire, 10 hectares au bord du fleuve. 

  • Ce nouveau poumon vert viendra reconnecter la ville à la Loire. Le quai conservé laissera entrer le fleuve pour alimenter des prairies humides. Une grande terrasse en surplomb permettra de profiter du paysage. © D’Ici Là / Martin Etienne

« On a d’abord demandé à l’assemblée de fixer les ambitions avant de commencer à dessiner les plans, c’est très rare comme méthode », indique Sylvanie Grée. Deux éléments sont ressortis de ces échanges nourris : « la volonté d’avoir parc extrêmement nature » et « l’envie pour les habitants d’apprendre et de faire dans ce lieu ». 

Un parc de proximité et de destination

  • Le futur parc de Loire aura une double vocation : à la fois espace vert de proximité pour les riverains du quartier et lieu de destination pour les habitants de la métropole. Il a été pensé en complémentarité avec le parc des chantiers. © D’Ici Là / Martin Etienne

Ces avis citoyens ont permis au groupement de maîtrise d’œuvre de proposer une première version du plan-guide qui dessine les intentions pour cette pointe sud-ouest de l’île. Le parc de Loire, l’équivalent en taille du Jardin des plantes et du Jardin extraordinaire réunis, aura une double vocation : à la fois parc de quartier pour les riverains et lieu de destination pour les habitants de la métropole. « C’est un changement dans le modèle français de la fabrique urbaine. En général, on aménage un quartier et on termine par un parc. Ici, on fait l’inverse », souligne Johanna Rolland. 

Reconnecter la ville à la Loire

Le nouveau poumon vert, desservi par les futures lignes de tramway 6 et 7, offrira de larges vues dégagées sur l’estuaire, autour d’une grande diagonale depuis le boulevard Simone-Veil jusqu’à la pointe de l’île. « Le quai, aujourd’hui enterré, sera découvert et la Loire passera en dessous », précise Sylvanie Grée. L’eau viendra alimenter des prairies humides surplombées par une terrasse. De part et d’autre, des lisières et bosquets accueilleront des aires de jeux et des activités intergénérationnelles. « Remettre en place les milieux naturels au cœur de l’île, c’est amener des puits de carbone, de la biodiversité et préparer le parc à faire face à l’avenir. » Une grande partie devrait être livrée dès 2030. 

Au pied du nouvel hôpital, le quai Wilson renaturé

  • Au pied du CHU, le quai Wilson sera lui aussi renaturé. Aujourd’hui bétonné, 70 % de sa surface sera désimperméabilisée et 250 arbres seront plantés. © Agence TER

En lien avec le parc, le quai Wilson, au pied du nouvel hôpital, va également se transformer. Ici aussi, les attentes ont été concertées avec un panel citoyen de 23 personnes : des professionnels de l’hôpital, des riverains et des habitants de Rezé en face du quai. « L’idée, c’est de proposer le quai de la lenteur, un lieu de flânerie et de repos avec des vues sur la Loire et la Haute-île. Tout en intégrant des usages dynamiques », explique Nicolas Marie de l’agence TER, en charge de l’aménagement. 70 % du quai, aujourd’hui totalement bétonné, sera désimperméabilisé et 250 arbres seront plantés. Le site de 500 m de long offrira des usages variés : des salons de repos pour les populations du CHU, un jardin ludique pour petits et grands, des lieux de rééducation, une aire de pique-nique… Ce nouvel espace de promenade et de repos sera aménagé à partir de 2028, après la mise en service du CHU. 

1500 à 2100 nouveaux logements

  • Ce nouvel espace de promenade et de repos, aménagé à partir de 2028, offrira à la fois des espaces intimistes pour se ressourcer et des espaces de rencontres ludiques et conviviaux. © Agence TER

En lisière du parc de Loire, un nouveau quartier sera créé. 1500 à 2100 nouveaux logements seront construits, dont 55 % de logements sociaux et abordables. 25 000 m2 d’équipements publics sont également programmés : équipements scolaires, sportifs, culturels… Ce nouveau quartier viendra répondre au quartier Prairie-au-Duc, prolonger le nouveau quartier République et amener une diversité de programmes et d’usages face au nouvel hôpital. Il incarnera la règle du 3/30/300 adoptée par Nantes Métropole avec sa charte de l’arbre : voir 3 arbres depuis son domicile, habiter dans un quartier à 30 % de canopée et résider à moins de 300 m d’un espace vert. 

  • Premier prototype du projet, le Jardin des possibles a ouvert ses portes jeudi 10 juillet. © Tim Fox

Le Jardin des possibles et la Perm’, deux lieux de concertation et de préfiguration

Premier prototype du projet, le Jardin des possibles a ouvert ses portes jeudi 10 juillet. Lieu support de la concertation, il permet de préfigurer et de tester les aménagements du futur parc de Loire. Plusieurs tests ont déjà été réalisés entre mars et juin 2025 : un revêtement de sol 100 % issu du réemploi permettant de diviser par 50 son impact carbone, des sols fertiles reconstitués à partir des terres de l’île de Nantes et deux bosquets adaptés au changement climatique.

La Perm’ est l’autre lieu du projet. Situé au 6, rue Maya-Angelou, quartier Prairie-au-Duc, c’est, depuis la mi-juin, un lieu de travail pour le Sens de la Ville et l’équipe de maîtrise d’œuvre urbaine qui s’y réunit pour fabriquer et tester des prototypes. La Perm’ ouvrira en septembre 2025 au public. Habitants, actifs, usagers de l’île de Nantes, et plus largement de la métropole, pourront y échanger sur le projet de transformation de l’île, comprendre les enjeux et exprimer leurs besoins et leurs idées. 

L’Assemblée de l’île poursuit son travail

Cette assemblée citoyenne est constituée de 36 membres répartis dans trois collèges : le collège des habitants et des usagers, le collège des structures économiques et sociales de l’île et le collège des transitions qui porte la voix du vivant et des enjeux de transition. Le travail a démarré en mars 2025 autour du futur parc de Loire, venant nourrir le premier plan guide. « C’est intéressant d’être sollicité très en amont du projet. Nous avons eu une grande liberté dans les propositions que l’on pouvait faire, témoigne Sarah, 45 ans, qui habite le sud-ouest de l’île depuis 5 ans. On est aussi ambassadeurs dans notre quartier. J’en ai parlé avec mes voisins et on a pensé le parc à hauteur d’enfant. » La réflexion va se poursuivre à l’automne 2025 avec une deuxième saison sur les nouvelles mobilités. En 2026, une troisième saison abordera le sujet des logements durables et abordables.