Rénové, le quartier Moulin-du-Bois fait un saut énergétique
Publié le 09 juill. 2025
Dernière mise à jour 09 juill. 2025
Plus de 23 millions d’euros ont été investis pour transformer les logements et améliorer la qualité de vie des 1200 habitants de ce micro-quartier du Grand Bellevue, à Saint-Herblain. Une champignonnière a même poussé dans les caves ! On vous fait visiter cette rénovation exemplaire.
Sur le balcon de son T4, au dernier étage de la résidence Montauban, Liliane Logeais profite d’« une vue imprenable » sur le Bois-Jo et le pont de Cheviré. Attachée à son quartier, l’ancienne bénévole du centre socioculturel Le Grand B l’a vu changer. « Je vis ici depuis 40 ans, toujours dans le même appartement, sourit-elle. Je suis la plus ancienne de l’immeuble. » Construit dans les années 60, le bâtiment abrite 46 logements sociaux. Le bailleur social Atlantique Habitations a investi 6 millions d’euros (M€) pour lui offrir une seconde jeunesse dans le cadre du projet global Grand Bellevue. Liliane y a gagné un balcon deux fois plus grand. Mais pas seulement.
Objectif : une consommation d’énergie nulle
L’immeuble est le premier en Pays de la Loire à bénéficier d’un procédé innovant venu des Pays-Bas : la démarche EnergieSprong, « Cette méthode permet de massifier la rénovation énergétique des logements en réduisant les coûts grâce à l’industrialisation et la préfabrication en usine », explique Axel David, directeur de l’Union sociale de l’habitat (USH) des Pays de la Loire. « À l’origine, le bâtiment était habillé de panneaux sandwich, courants dans les grands ensembles des années 60 », poursuit Virginie Le Roy, responsable des opérations à Atlantique Habitations. 65 ans plus tard, ses façades ont été recouvertes d’une ossature très isolante en fibre de bois, intégrant les menuiseries. Fabriquée dans une usine de Vendée, cette couverture thermique a été posée en un temps record, « 50 jours ! C’est deux fois plus rapide qu’une façade traditionnelle et ça réduit les nuisances du chantier pour les habitants qui n’ont pas eu à quitter leurs appartements ».
Finis aussi les chauffe-bain à gaz. Le chauffage et l’eau chaude sont désormais alimentés par le réseau de chaleur urbain. Sur le toit, depuis fin juin, des panneaux solaires produisent le complément d’énergie nécessaire aux besoins de l’immeuble. À l’arrivée, le bailleur social et ses partenaires visent « une consommation d’énergie nulle » et un meilleur confort, été comme hiver. « Le bâtiment a fait un véritable saut énergétique, passant de la classe D à la classe A », assure Vincent Biraud, directeur général d’Atlantique Habitations. À la clé, une baisse des consommations, et donc des charges pour les locataires. Liliane Logeais a déjà senti l’effet : « Il a fait plus chaud cet hiver, confirme-t-elle. On verra ce que ça donne sur la prochaine facture. » En théorie, le procédé devrait réduire de 70 à 80 % les consommations. « Il renforce le confort intérieur, tant en matière d’isolation thermique qu’acoustique, et la qualité de l’air s’améliore. »
300 appartements rénovés de fond en comble
Montauban n’est pas la seule résidence à avoir bénéficié d’un coup de jeune. Sept bâtiments du quartier Moulin-du-Bois ont profité de cette rénovation XXL : isolation par l’extérieur, remplacement des menuiseries et réfection des parties communes, sécurisation des halls d’immeubles et pose de loggias… 254 logements au total ont été rénovés de fond en comble, grâce à un investissement de 23,1 M€, financé avec le soutien de Nantes Métropole, le Département de Loire-Atlantique, la Région via le Feder, l’Agence nationale de la rénovation urbaine (ANRU), l’État, Action Logement et la Banque des territoires. « Nous améliorons l’environnement et la qualité de vie de 1200 habitants au total », apprécie Virginie Le Roy, responsable des opérations à Atlantique Habitations. 17 logements séniors, adaptés aux personnes à mobilité réduite, ont par ailleurs été créés et une cage d’escalier a été démolie rue de Cahors pour désenclaver le cœur d’îlot.
Une fresque et des jardins partagés
La transformation du Moulin-du-Bois ne se limite pas aux logements. Les espaces extérieurs ont également fait l’objet de travaux pour renforcer la place de la nature, encourager la convivialité et le lien social. Entre les bâtiments, le secteur est désormais maillé de chemins piétons desservant des jardins privatifs ou partagés, coordonnés par l’association Environnements solidaires pour sensibiliser les habitants à l’importance d’une alimentation durable. Les enfants et les locataires se sont investis dans le renouveau du quartier. Fruit de leur implication, une fresque colorée orne le mur du 1 rue de Cahors, réalisée avec l’artiste Yassin Lattrache et l’association la Goutte d’O. Elle attire l’œil vers une originalité nichée au sous-sol du bâtiment : une champignonnière (lire ci-dessous) !
« Cette réhabilitation de grande ampleur illustre un partenariat fructueux et efficace au profit des habitants », se félicite le maire de Saint-Herblain, Bertrand Affilé. « Elle est exemplaire en termes de transition énergétique et sociale, ajoute Tristan Riom, vice-président de Nantes Métropole en charge du climat, de la transition énergétique et de la résilience. La rénovation thermique est le premier levier de la transition énergétique. Elle améliore le confort de vie des habitants et baisse leurs factures, lutte efficacement contre la précarité énergétique et rend notre système énergétique plus résilient, tout en confortant l’emploi local. »
Le nouveau Plan climat métropolitain veut ainsi accompagner la réhabilitation thermique de 10 000 logements par an, dont 1850 logements sociaux.
«La crise du Covid nous a ouvert les yeux sur la manière dont on vit dans les immeubles des années 60-70. Notre objectif collectif est de répondre aux besoins de nos locataires en matière de confort, d’économies d’énergie, de sécurité, tout en anticipant les enjeux de demain, en particulier ceux liés au vieillissement, au climat et au lien social.
»
Vincent Biraud, directeur général d’Atlantique Habitations
Des shiitakés sous les logements
Surprise au sous-sol du 1, rue de Cahors : la tour héberge… une champignonnière urbaine ! Gérée par l’association Environnements solidaires, avec quatre personnes en insertion, ce lieu de production locale original « permet de cultiver des champignons biologiques sur des substrats eux-mêmes issus de l’agriculture biologique, tout en redonnant une utilité à ces caves qui souffraient autrefois de mésusage », explique Sandrine Oger, la responsable de production. Après une période de tests, l’association a déjà fait pousser 1,6 tonne de pleurotes et de shiitaké depuis le début de l’année 2025. « Nous les commercialisons via des AMAP (associations pour le maintien d’une agriculture paysanne), des magasins bio et en paniers d’entreprise, précise-t-elle. Les surplus sont cuisinés avec les habitants lors d’ateliers organisés par des associations du quartier ou distribués lors du marché de Bellevue. » L’initiative, soutenue par Nantes Métropole et l’Anru, est intégrée au projet « Bellevue en transitions ».