Au premier rang, une femme tricote une pelote rose bonbon. À ses côtés, une autre écoute, battant la mesure ; un peu plus loin, un homme a les yeux clos, rêveurs. Il est 15h ce mardi 4 février et au clavier, sous un mur végétal et des fanions colorés, Romain Lallement, alias Lenparrot, chante. En partenariat avec Stereolux, l’Ehpad Hirondelle de Sèvre au sud de Nantes offre pour la seconde fois un concert à ses résidents. L’année dernière, c’est Zaho de Sagazan qui était venue offrir quelques titres de sa Symphonie des éclairs.
À l’occasion des dix ans de l’établissement, Lenparrot a cette fois-ci répondu présent. « J’ai fait beaucoup d’actions culturelles, dans des maisons d’arrêt, des écoles, mais dans un Ehpad, c’est une première pour moi, confie-t-il avant de s’installer. Ces actions sont nécessaires. C’est très fort politiquement de pouvoir s’adresser à toutes et tous. » Son souhait : apporter de la joie dans l’établissement. L’artiste propose un répertoire de chansons en français aux airs doux. « Je m’inspire de films, de tableaux ou de photographies pour composer », précise-t-il. Mélanie Legrand, directrice de l’action culturelle à Stereolux, estimait que sa musique pourrait toucher les résidents. « Il chante en français, ses mélodies peuvent rappeler des souvenirs aux habitants », explique-t-elle.
Ouvrir les portes de l'Ehpad
Sur les balcons qui surplombent le musicien et dans la grande salle du rez-de-chaussée, des bénévoles, des familles et des habitants s’installent, écoutent le concert ou repartent après quelques morceaux.
Quand je suis arrivée dans le métier, j’ai constaté que l’on cachait les vieux car la vieillesse fait peur. J’ai envie au contraire d’ouvrir les portes de l’Ehpad et de permettre au plus grand nombre de pouvoir les franchir, que cela ne soit plus une crainte.
Très rapidement après l’ouverture d’Hirondelle de Sèvre, Stereolux s’associe au projet pour proposer une programmation culturelle aux habitants. « Nous cherchons à aller vers les publics qui ne pousseraient pas naturellement la porte de notre salle en achetant un billet, expose Mélanie Legrand. On pense souvent au handicap, aux tout-petits ou aux quartiers prioritaires, mais il y a dans les Ehpad une population qui peut aussi être éloignée de la culture. »
Proposer des concerts dans l’établissement permet de faire le lien avec l’extérieur, confirme la directrice d’Hirondelle de Sèvre : « Nous n’avons pas les moyens humains et matériels de sortir 80 résidents, alors c’est l’extérieur que je fais venir ici. »
Compagnies en résidence
À la fin du concert, le personnel sert jus et gâteaux. Odette, résidente, est ravie : « J'ai beaucoup aimé la musique », dit-elle en baissant son masque. « C’était poétique, reposant, et cela fait découvrir des nouveaux artistes », abonde une bénévole.
Bientôt, des compagnies en résidence à Stereolux qui souhaitent développer des spectacles en Ehpad viendront s’installer pendant plusieurs semaines à Hirondelle de Sèvre. La compagnie Digital Samovar ouvrira le bal.
Dans la grande salle, Lenparrot range son matériel. « Sans l’aide de structures comme Stereolux, il est difficile de mettre en place ce type d’actions essentielles pour toucher tous les publics, d’autant plus à l’heure de coupes budgétaires importantes dans la culture », assure-t-il. À Hirondelle de Sèvre, c’est une petite parenthèse dans le quotidien que le chanteur a pu offrir aux habitants et habitantes.
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