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Au festival Handiclap, le solo sans complexe de Jeanne Borgel
Publié le 18 avr. 2025
Dernière mise à jour 28 avr. 2025
Handiclap revient sur l’Île de Nantes pour une 38e édition. Parmi les temps forts de ce rendez-vous culturel pas comme les autres, le solo de la danseuse hémiplégique Jeanne Borgel. Rencontre avec l'artiste.
Quel est votre parcours ?
J’ai été victime d’un AVC avant ma naissance qui m’a laissé hémiplégique du côté droit et je fais des crises d’épilepsie partielles. À l’âge de six ans, j’ai commencé la danse dans mon service de rééducation. De 2006 à 2016, je me suis formé à la danse contemporaine au Centre national de la danse à Pantin. J’ai également dansé au Centre des Arts Vivants, ainsi qu’à la Rencontre Internationale en Danse Contemporaine.
Pendant quatre ans, j’ai fréquenté l’académie Be Together, dirigée par la danseuse en fauteuil roulant Magali Saby. Depuis 2022, je poursuis ma formation à Micadanses, [NDLR : un studio parisien engagé dans le soutien, l’accueil et le développement de projets en lien avec le handicap]. Et je danse aussi énormément seule, jusqu’à six heures par jour.
Comment décrire le spectacle que vous allez danser à Handiclap ?
C’est un solo de trente minutes, composé de huit chorégraphies qui portent des titres : Pétage de plombs, La joie ou La Quête… J’y partage mon histoire tout en transmettant un message : celui de l’acceptation du handicap. Pendant longtemps, j’ai dansé dans ma zone de confort, toujours sur les mêmes musiques, sans jamais prendre de risques. Cette zone, je la symbolise sur scène par une chaise. À travers des mouvements du côté droit, j’évoque l’hémiplégie, et je m’inspire aussi de ce que je vivais avant d’être soignée pour l’épilepsie : les vomissements, la vision dédoublée…
«J’ai écrit ce solo avec tout ce que j’ai traversé.
»
Jeanne Borgel, danseuse

J’ai été rejetée d’école de danse en école de danse, et j’étais en colère contre toutes ces personnes qui m’ont blessée dans ce milieu. J’avais besoin de faire passer ce message. Ma professeure, Mylène Venturini, m’apporte un soutien précieux. C’est elle qui m’a encouragé à raconter mon histoire. À sa création, le spectacle durait vingt minutes ; aujourd’hui, il en fait trente, et je continue de l’enrichir. La deuxième partie, en cours d’élaboration, abordera le besoin de se sentir libre et de ne pas être mis à l’écart.
Vous jouez ce spectacle depuis 2023. Comment réagit le public ?
La première fois que je l’ai présenté, on m’a dit que c’était une claque. J’ai un regard très puissant, il transmet beaucoup quand je danse. Les spectateurs sont souvent bouleversés, certains finissent les larmes aux yeux, profondément émus.
Comment votre handicap influence-t-il votre pratique de la danse ?
J’ai développé mes propres adaptations. Par exemple, pour réaliser une roulade, je dois basculer le haut de mon buste pour que mes jambes puissent suivre. La danse en solo m’a permis de beaucoup affiner ma technique. Cela m’a demandé du temps et de la recherche, mais c’est aussi ce que je fais au quotidien pour vivre de manière autonome.
Jouer à Handiclap est un vrai bonheur car c'est un bonheur de danser.
Handiclap, la culture pour tous
Du 5 au 11 mai, le Festival Handiclap investit les Machines de l’île de Nantes pour une 38e édition. Piloté par l’APAJH44, l’événement œuvre depuis sa création à sensibiliser le grand public aux questions d’inclusion et à favoriser l’accès à la culture des personnes en situation de handicap.
Spectacles, concerts, ateliers, exposition, la programmation est pensée pour être accessibles à tous et toutes, à la fois pour le public mais aussi les artistes, sur scène.