Seniors : un escape-game pour prévenir les risques de chutes

Monique, 72 ans, est tombée à son domicile. Son mari, Denis, 69 ans, détaille alors les dangers auxquels elle est exposée au quotidien : monter sur une chaise pour faire les carreaux, circuler dans son bureau encombré, lui emprunter ses chaussures pour se rendre à l’extérieur. Cette histoire, si elle ressemble à beaucoup d’autres, est inventée de toutes pièces par l’agence Sharewood anim’. Pour sensibiliser les seniors aux risques domestiques, la direction parcours de vie des aînés de la Ville de Nantes a imaginé une manière ludique d’évoquer les risques de chute, alors qu’une personne sur deux de plus de 75 ans vit à domicile.

Mardi 16 septembre, dans le bâtiment de briques rouges de La Locomotive, maison de quartier Erdre-Batignolles, quatre femmes ont répondu présent pour se mettre dans la peau d’enquêteuses à travers un escape game. L’objectif ? Résoudre des énigmes donnant accès à des témoignages et des conseils. « Cette action vise à compléter l’offre de prévention santé du territoire et pallier les difficultés liées au vieillissement, explique Alice Lagrève, coordinatrice. Nous savons que la prévention des chutes est un sujet majeur de santé publique car elles entraînent de nombreuses hospitalisations. » 

Dans l’une des salles d’activité du rez-de-chaussée, le décor reconstitue l’ambiance du foyer de Monique et Denis, et les risques qui s’y trouvent. Des boîtes sont empilées avec maladresse, des câbles traînent à terre, un tapis trône dans un coin de la pièce. Sur les tables, les éléments nécessaires à la résolution de l’enquête : des jeux en bois, un carnet de recettes, une lampe infrarouge. Un grand panneau figure le plan de la maison. « Chaque énigme est reliée à une pièce et à ses risques, lorsque les participantes les ont toutes résolues, grâce à un système de symboles, elles auront accès au message de Monique », expliquent les animatrices Cécile et Emmanuelle. 

Après un moment pour trouver leurs marques, les quatre femmes se saisissent de la proposition avec entrain. Olga note consciencieusement les informations récoltées dans son carnet d’enquête, tandis que Roselyne ouvre les petits coffres en bois contenant les témoignages à écouter. 

Au-delà de sa vocation pédagogique, l’escape-game permet aussi de « passer un bon moment ». Le dernier coffre ouvert et le message final de prévention écouté, le petit groupe s’assoit pour échanger. Une participante était sceptique au départ : « Je pensais que nous allions parler de comment adapter nos appartements, j’ai été un peu surprise mais finalement je me suis bien amusée ». 

Chacune y va alors de son expérience, « c’est vrai que les jouets de nos petits enfants peuvent être un peu dangereux ! », « je vais penser à mettre mon fer à repasser à ma hauteur plutôt que tout en bas de mon placard ». Les animatrices listent les aides techniques et matérielles : installer un tapis antidérapant, une rampe ou une main courante. Elles en profitent également pour rappeler l'existence du CreAT, un appartement reconstitué dont les équipes accueillent les seniors qui souhaitent adapter leur logement au vieillissement. Après ce premier escape-game, Alice Lagrève est enthousiaste : « le but est que les participants fassent le lien avec leur quotidien. »