Le Nantes de... Anna Grau-Galofré

Publié le 21 mars. 2025

Mon Nantes à moi

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Chercheuse au laboratoire de planétologie et géosciences de Nantes, la Barcelonaise a découvert Nantes en 2021. Elle partage son regard sur notre ville.

  • Ana Grau-Galofré souriante, en veste bleu foncé et sac à dos, s’appuie sur une barrière dans un jardin. Derrière elle, un arbre aux feuilles jaunes illumine la scène, créant une belle ambiance automnale.
    « A Nantes, j’ai retrouvé le côté vivant des centres-villes européens où les gens se promènent, sont dans la contemplation ou lisent des livres. » © Christiane Blanchard

« Je m’appelle Anna Grau-Galofré. Je suis née en 1990 à Barcelone et j’y ai grandi. Enfant, je rêvais d’être la nouvelle Einstein (sourire) et de faire une découverte sur la mécanique quantique ou la relativité générale. De la physique très théorique. Pendant mes études, j’ai réalisé que je voulais que mon travail serve à la communauté et être sur le terrain car j’aime la nature. Je me suis spécialisée dans la physique de la terre et des planètes. Plus précisément, la glaciologie. Après un doctorat au Canada et un premier poste aux États-Unis, j’ai eu envie de rentrer en Europe. En septembre 2021, je suis arrivée à Nantes comme chercheuse CNRS au laboratoire de planétologie et géosciences. » 

Nantes, une ville européenne

« Je suis venue à Nantes pour la première fois en 2019 dans le cadre d’un séminaire et pour connaître la ville avant de candidater. En me promenant dans les rues, j’ai retrouvé le côté vivant des centres-villes européens où les gens se promènent, sont dans la contemplation ou lisent des livres. J’ai adoré cette sensation. Lors de mon installation, les premiers pas ont été chaotiques. Je suis arrivée en plein Covid avec un carnet de vaccination canadien inutilisable en France. Les premiers mois, je ne pouvais pas aller dans les bars et les restaurants. Il était donc difficile de socialiser. Et je ne parlais que quelques mots de français. Pendant plusieurs mois, j’ai appelé mon stagiaire, mon "étagère" (rires). » 

Percer le mystère du plus grand canyon du système solaire

« Ici, je poursuis mon étude de la dynamique de la glace sur la surface martienne. Je fais le lien avec la terre où l’on peut trouver des régions comparables au niveau de la géologie et de l’environnement. J’aime dire que j’ai un pied sur terre, l’autre sur mars (sourire). En septembre 2024, j’ai obtenu la bourse ERC Starting Grants pour étudier la formation du plus grand canyon du système solaire : Kasei Valles sur mars. Avec mon équipe, nous allons revisiter l’hypothèse actuelle, qui veut que la formation de ces canyons soit le résultat de vastes inondations souterraines, en étudiant la possibilité d’une fonte de mégaglaciers. Nos travaux démarrent en janvier 2025 et vont durer 5 ans. »

Nantes à pied et à vélo  

« J’ai le plaisir d’habiter à côté de l’hippodrome. Quand la météo est bonne, je profite de l’Erdre et de la vallée du Cens. Je fais de la course à pied, pas mal de vélo aussi. Je suis allée à Ancenis et à Saint-Nazaire en suivant la Loire à vélo. J’aimerais aussi faire le canal de Nantes à Brest. C’est un vrai plaisir de découvrir l’ouest de la France de cette façon. Il y a moins de soleil qu’à Barcelone mais j’ai été habituée à des climats plus difficiles au Canada et aux États-Unis. La seule chose qui me manque ici, c’est la montagne ! » 
 

  • Anna Grau-Galofré, souriante, en pull clair, travaille sur un ordinateur portable dans un café cosy. Assise sur un fauteuil à motifs, elle semble détendue, une tasse de café posée sur la table en bois.
    « À Nantes, j’aime le sens du collectif et cette façon de repenser ensemble les espaces publics. » © Christiane Blanchard

Nantes et toi

Ton lieu préféré ? 

« Le parc de Procé, au printemps. Les arbres sont en fleurs, il y a plein de couleurs et de parfums. J’aime prendre une gaufre au Manoir de Procé. » 

Une bonne adresse à recommander ?

« The Good Life, à côté de la tour Bretagne. Pour le café, le meilleur de Nantes selon moi. Pour la qualité des gâteaux et de l’épicerie. Et pour la gentillesse de la dame qui tient le lieu. J’y vais au moins une fois par semaine, notamment le samedi pour prendre un café. » 

Un souvenir marquant ? 

« À mon arrivée à Nantes, ma collègue Susan Conway a reçu la médaille de bronze du CNRS et une réception était organisée au château des ducs de Bretagne. C’est la première fois que je visitais les lieux, je me souviens du plaisir à avoir accès à cet endroit historique pour célébrer une personne que j’apprécie beaucoup. »  

Une Nantaise ou un Nantais que tu admires ? 

« J’ai envie de dire Jules Verne, le père de la science-fiction, pour l’impact qu’il a eu sur l’imaginaire collectif. Mais à titre plus personnel, j’ai envie de parler de Fériel Rodriguez, une professeure de danse orientale. Je prends des cours avec elle toutes les semaines. Elle a beaucoup d’enthousiasme et est très impliquée dans le milieu associatif nantais. C’est une personne qui m’inspire. » 

L’événement que tu attends ? 

« Les Utopiales. C’est LE rendez-vous pour toutes les personnes intéressées par la science-fiction. Il y a des scientifiques, des artistes, des cinéphiles… C’est un festival inspirant. J’aimerais y participer en tant que chercheuse. » 

Nantes en 2050 ? 

« À Nantes, j’aime le sens du collectif et cette façon de repenser ensemble les espaces publics. J’aime imaginer que des espaces aujourd’hui dégradés vont se réinventer dans les prochaines années. J’espère qu’elle va continuer à être vivante et verte, sans devenir trop touristique comme Barcelone. »