Le Nantes de... Norman Barreau-Gély

Publié le 28 avr. 2025

Mon Nantes à moi

Voir le dossier

Comédien et metteur en scène, le natif de Nantes porte son regard sur la ville.

  • Le comédien et metteur en scène Norman Barreau-Gély attablé à la brasserie La Cigale à Nantes.
    Norman Barreau-Gély à la brasserie La Cigale, un établissement qui lui évoque Jacques Demy. © Christiane Blanchard

« Je suis né à Nantes le 12 août 1983. Petit, j’habitais dans le quartier Sainte-Thérèse, puis j’ai déménagé rue Racine. Ado, j’allais tout le temps au cinéma Apollo qui se trouvait dans ma rue. C’était super de grandir en ville et d’avoir cette culture à portée de main. J’ai fait ma scolarité à l’Externat des Enfants nantais qui avait une classe théâtre. Ensuite, je suis allé à la fac et au Conservatoire national de région avant de fonder la compagnie Alambic Théâtre en 2005. »

Nantes, port d’attache

« Comédien et metteur en scène, je suis également auteur de livres historiques et de biographies d’artistes mais aussi voix pour le documentaire et la publicité. Je voyage beaucoup pour mon métier mais j’ai toujours gardé Nantes comme port d’attache. C’est facile de la quitter et d’y revenir. Et je m’y sens bien. Je n’ai pas connu le frisson de celles et ceux qui ne vivent pas là où ils sont nés. J’aimerais l’expérimenter un jour mais Nantes m’a toujours gardé pour le moment. » 

Plus ville que nature

« J’habite à Talensac. C’est un quartier refuge, avec un petit côté village, et je me sens parfois comme un touriste quand je rejoins le centre-ville. Je suis un vrai citadin, je préfère marcher en ville qu’à la campagne. J’aime (re)découvrir Nantes, voir comment elle change et emprunter des rues jusque-là inconnues. Je suis surpris par les nouveaux quartiers, notamment sur l’île de Nantes. Pour rejoindre les bureaux de la compagnie, je circule régulièrement à vélo sur les bords de l’Erdre tôt le matin. J’aime la nature quand il y a la ville autour. Pour cette raison, je préfère les bords de Loire industriels comme le Bas-Chantenay. J’aime aussi Nantes pour la proximité de la mer — Guérande, Pornic — et des paysages du vignoble. »  

On danse à Nantes Nord

« En 2025, l’Alambic Théâtre, devenu un collectif codirigé par Anthony Breurec et Mickaël Freslon, fête ses 20 ans. Au printemps, nous menons une résidence artistique de territoire dans le quartier Nantes Nord : Le grand final. On invite les habitantes et les habitants à participer à une parade théâtrale et chorégraphique : le salut final d’un spectacle que l’on n’aurait pas vu et qui tournerait en boucle sur le titre de Gloria Gaynor, How high the moon. Sur la base d’une danse très simple, chacune et chacun va pouvoir s’exprimer et révéler son identité. Le coup d’envoi du projet, soutenu par Nantes Métropole, sera donné le 8 mars avec Le bal du grand début, une initiation grandeur nature au son de tubes disco. Ensuite, trois ateliers seront proposés aux habitantes et aux habitants avant des représentations le 21 juin à Nantes Nord et le 22 juin dans le cadre des Scènes vagabondes au parc du Grand Blottereau. » 

  • Norman Barreau-Gély face à « l'éloge de la transgression de Philippe Ramette, situé cours Cambronne, à Nantes.
    Cours Cambronne, Norman Barreau-Gély imite « L'Éloge de la transgression » de Philippe Ramette. © Christiane Blanchard

Nantes et toi

Ton lieu préféré ? 

« Je vais plutôt choisir une trajectoire qui part de la place Graslin pour rejoindre le quai de la Fosse en passant par le cours Cambronne et la rue Maurice-Sibille. On passe d’un quartier bourgeois avec cette belle place, ce théâtre néoclassique et la brasserie La Cigale, évocation de Jacques Demy, pour gagner le lieu des ouvriers et des chantiers, également cher au cinéaste. » 

Une bonne adresse à recommander ? 

« Le café Au bon coin, rue de Bel Air. C’est mon bar de quartier. J’adore y aller le dimanche pour boire un verre de muscadet avec des huîtres achetées au marché. La cuisine est bonne et l’équipe très sympathique. Je dois aller faire le DJ prochainement car je suis un grand collectionneur de vinyles ! » 

Un souvenir marquant ? 

« Je me rappelle d’une grande parade lorsque j’étais enfant, sans doute le spectacle La véritable histoire de France de Royal de Luxe. C’était peut-être aussi le carnaval. J’ai le souvenir, réel ou fantasmé, d’avoir reçu un œuf sur le visage ! » 

Une Nantaise ou un Nantais qui t’inspire ? 

« L’artiste Claude Cahun. J’en parle dans mon livre Femmes des années folles. Photographe, elle questionnait dans ses autoportraits son identité et le genre. Il y a un siècle déjà, elle disait : « Neutre est le genre qui me convient toujours. » Et s’assumait en couple avec une femme, Marcel Moore (Suzanne Malherbe). Elle portait sur le monde un regard intransigeant, subversif et excentrique. Tout ce que j’aime. » 

L’événement que tu attends ? 

« Deux festivals littéraires de l’automne : Impressions d’Europe, qui nous plonge dans la vivacité des écritures contemporaines d’un pays, et Bifurcations, qui donne carte blanche à un auteur pour un week-end de découvertes. » 

Nantes en 2050 ? 

« J’espère qu’elle continuera à être une ville engagée pour la culture, l’inclusion, l’accessibilité et l’égalité. J’aimerais qu’on y ajoute la pincée d’excentricité qui manque un peu aujourd’hui. J’ai envie de retrouver une liberté malicieuse. »