C’est une installation artistique plus discrète que le parcours lumineux La Nuit je vois de Vincent Olinet, mais elle fait tout autant la singularité du Voyage en hiver. Baptisée À flot d’airain, l’œuvre sonore de Dominique Blais se fait entendre toutes les heures dans la ville. « C’est Jean Blaise qui a eu l’idée d’utiliser les cloches, qu’il associe à Noël, raconte Amélie Evrard, chargée de projets au Voyage à Nantes (VAN). Il nous fallait donc un artiste travaillant le son, pour créer une ambiance sonore dans la ville. »
Une œuvre à l'échelle de la ville
La première version d’À flot d’airain a été jouée en 2022. En 2023, c’est une partition enrichie que l’on peut entendre et qui comprend trois éléments distincts :
- Le premier « mouvement » se joue à l’échelle de toute la ville, avec « huit clochers qui sonnent une fois par heure de 9h à 21h », explique l’artiste, originaire de Châteaubriant et installé à Paris. Les ponts nantais sont intégrés au dispositif : équipés de hauts-parleurs qui reprennent les sonneries des cloches les plus proches, « ils fonctionnent comme des miroirs des clochers ».
- Second mouvement de l’œuvre, « des vagues successives de cloches, partent de l’ouest avec Sainte-Anne et jusqu’à Notre-Dame-de-Toutes-Aides » deux fois par jour. Avec en point d’orgue les solos de Sainte-Croix et Saint-Nicolas qui dialoguent l’un avec l’autre à 13h13 et 17h17, en diffusant des sons de cloches déformés. Le meilleur endroit pour écouter la vague ? « La passerelle Schoelcher », indique Amélie Évrard. Pour le solo, c’est vers la place du Change qu’il faut se trouver pour profiter au mieux de cette monumentale stéréo...
- Les quatre cloches ornées prêtées au VAN par l’abbaye royale de Fontevraud, suspendues dans les douves du château, sont activées par la partition sonore de Dominique Blais au premier et au second mouvement.
Huit clochers remis en état
À flot d’airain n’aurait pu être jouée sans un important travail de recensement puis de remise en état des clochers nantais, effectué en 2022 en vue du premier Voyage en hiver. « On s’est rendu compte que beaucoup d’éléments étaient dans un état critique, explique Amélie Évrard. On a dû en rénover un certain nombre. » Huit édifices religieux nantais ont ainsi bénéficié d’interventions, supervisées par la direction du BATII de la Ville de Nantes : Sainte-Anne, Notre-Dame-de-Bon-Port, Saint-Clair, Saint-Félix, Saint-Clément, Notre-Dame-de-Toutes-Aides, Saint-Nicolas et Sainte-Croix.
À Saint-Clément, par exemple, le clocher était devenu muet : « On a dû remplacer les tinteurs – les marteaux métalliques qui tapent sur des cloches fixes – sur d'autres églises des moteurs de volée avec leurs ensembles de tirage : c’est ce qui fait balancer la cloche, avec des chaines, le dispositif de balancement, les mécanismes de volées », précise Amanda Côté, gestionnaire de patrimoine à la direction du BATII. Au total, la Ville a fait procéder au remplacement de huit moteurs, trop anciens et menaçant de tomber en panne. « Le VAN a aussi financé quatre tableaux de commandes récents pour installer de la programmation et pouvoir jouer la partition », poursuit Amanda Côté.
Et pour jouer cette partition, le VAN a aussi fait installer des haut-parleurs. « On peut ainsi diffuser le son de cloches qui ne sont pas activées, mais que l’on a enregistrées », note Amélie Évrard, pour qui « beaucoup de travaux sont encore à imaginer » : « Une ambition serait de rénover le carillon de Sainte-Croix, dont seules trois ou quatre cloches sont activées aujourd’hui... »
Les financements liés aux différentes remises en état pour les cloches et clochers, propriétés de la Ville de Nantes, se sont élevés à 30 000 € pour la Ville de Nantes (BATII et culture) et 15 000 € pour le VAN. Ils s’ajoutent aux 50 000 € an consacrés chaque année par la Ville depuis 2020 pour la sécurité, la mise aux normes électriques, le remplacement d’anciennes installations.