Voyage en hiver : une sixième cloche résonne sur les bords de l’Erdre

Nom : Robert. Taille : 2 mètres. Poids : 4,8 tonnes. C’est la dernière-née des cloches de l’abbaye de Fontevraud. Elle s’installe en solo au bord de l’Erdre quand ses cinq camarades des précédentes éditions – Julie, Gabrielle, Pétronille, Richard, Aliénor – retrouvent les douves du château pour cette 4^e édition du Voyage en hiver, qui se tient du 22 novembre au 4 janvier. « Elle a un caractère plus célibataire que les autres », observe avec malice le plasticien Dominique Blais, chargé de l’activer dans le cadre de son parcours sonore À flot d’airain qui fait vibrer la ville au rythme de ses cloches et clochers. 

Le dessin du bourdon – terme désignant la plus large cloche d’un ensemble – a été confié à Françoise Pétrovitch dans le cadre du projet À toute volée. Pour retrouver une identité sonore « digne de l’ensemble campanaire qui rythmait le quotidien de la vie monastique », l’abbaye de Fontevraud, orpheline de ses cloches depuis la Révolution française où elles ont été fondues, se dote chaque année de nouvelles cloches. Celle-ci sont imaginées par des artistes et fabriquées à la fonderie Cornille Havard en Normandie. 

Pour Robert, la plasticienne Françoise Pétrovtich a été inspirée par la vie de Robert d’Arbrissel, fondateur de l’abbaye en 1101. Trois figures de profil – Robert et deux abbesses – se croisent sur le bronze, sans jamais se rencontrer. L’œuvre convoque également la nature, très présente au Moyen Âge. 

Robert s’inscrit dans la nouvelle balade sonore imaginée par Dominique Blais. Pour cette 4^e édition, l’artiste enrichit sa partition en connectant la Loire et son affluent. « Le fleuve est toujours le point de départ de ce nouvel acte, avec des points d’écoute installés passerelle Schoelcher et pont Haudaudine, mais au lieu de s’y étendre, on vient longer l’Erdre jusqu’au pont Saint-Mihiel en passant par l’écluse Saint-Félix, le Lieu Unique, la porte Saint-Pierre et le quai Ceineray, explique le plasticien qui vit et travaille à Paris. L’idée est de révéler la présence souterraine de la rivière avec des enregistrements mêlant des sons de cloche, enregistrés dans les églises nantaises, et des sonorités aquatiques. »

Véritable temps fort du parcours, la cloche monumentale s’activera chaque jour à 13h, 17h et 18h : « Étant déposée au sol, on ne peut pas la mettre en volée mais seulement la faire tinter. On va donc jouer avec le marteau et les enregistrements pour créer une composition plus dense ». À découvrir jusqu’au 4 janvier.