Les chiffres sont éloquents. D’après l’enquête conduite par les géographes Édith Maruéjouls et Yves Raibaud dans plusieurs communes de l’agglomération bordelaise « 75 % des budgets publics destinés aux loisirs des jeunes profitent aux garçons, toutes activités confondues (de la danse au foot, en passant par la médiathèque, les centres de loisirs, les séjours de vacances ou les écoles de musique) ». Ces chiffres reflètent une réalité largement répandue : les choix budgétaires ne sont pas neutres. Ils traduisent les choix et les tendances d’une société qui reste inégalitaire.
À Nantes, pour contrer ces inégalités de genre, la municipalité s'engage à respecter un équilibre femmes / hommes dans les dépenses municipales. C'est ce que l'on appelle aujourd’hui « la budgétisation sensible au genre » (BSG) et c’est un des leviers phares de transformation de l’action publique en faveur d’une ville non-sexiste.
Comment ça marche ?
La budgétisation sensible au genre vise ainsi à intégrer la perspective de genre dans l’analyse budgétaire. Elle permet d’identifier l’impact différencié des recettes et des dépenses des budgets publics sur les femmes et les hommes et proposer des mesures pour rééquilibrer les écarts constatés. Autrement dit, la budgétisation sensible au genre « conduit à se demander si la collecte (impôts, taxes, paiement du service…) et la distribution des ressources financières (subventions aux associations, investissement dans des équipements, fonctionnement des services…) renforcent ou diminuent les inégalités entre les femmes et les hommes. Selon les résultats, il s’agit alors de proposer des ajustements et des modifications budgétaires pour mieux garantir l’égalité ».
Quel intérêt ?
La budgétisation sensible au genre (BSG) poursuit plusieurs finalités :
- la justice sociale et l’égalité réelle, en identifiant les disparités et discriminations entre les femmes et les hommes et en s'assurant que les politiques publiques ne viennent pas produire de nouvelles inégalités.
- l’efficacité et la pertinence de l’action publique, en évaluant et identifiant davantage les besoins des citoyennes et des citoyens pour un meilleur usage de la dépense publique.
- la justice fiscale et l’équité budgétaire en favorisant la redistribution et l’accès aux services et aux droits de manière équitable, dans un contexte de restriction budgétaire qui impacte davantage les femmes.
La budgétisation sensible au genre est une démarche au long cours !
À court et moyen terme, elle doit permettre de réajuster les actions déjà mises en œuvre, en faveur de l’égalité femmes-hommes. À plus long terme, elle entend favoriser une lecture genrée à part entière, en amont de l’élaboration des politiques publiques.
En 2023, la Ville lance l’expérimentation.
Cette année, l’enjeu sera de mesurer l’impact des politiques publiques au niveau du Conservatoire national de musique, sur le festival Scènes Vagabondes, et les projets d’initiatives citoyennes.
À la suite, il s’agira de rechercher et d’inventer des solutions pour permettre l’égalité réelle entre les femmes et les hommes.