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Potagers solidaires : face à la crise, Nantes expérimente la culture de légumes

Actualités Publié le 24 juin 2020

Les jardiniers municipaux cultivent 10 000 plants de légumes pour aider les foyers les plus fragiles. L’objectif de cette expérimentation baptisée « Paysages nourriciers » ? Approvisionner gratuitement les familles nantaises frappées par la crise économique et sociale liée au Covid-19.

Cultiver des patates, des tomates et des courgettes dans les parcs et jardins, sur des places, à la mairie ou dans les douves du château, à des fins solidaires  ? C’est l’idée lancée par la Ville de Nantes pour approvisionner en légumes frais et locaux les habitants fragilisés par la crise économique et sociale liée à l’épidémie de Covid-19.

Baptisé « Paysages nourriciers », le projet a germé dans la tête des agents du Service des espaces verts et de l’environnement (Seve) et du Centre communal d’action sociale  (CCAS), inquiets des répercussions de l’arrêt brutal des activités économiques sur les populations vulnérables et de l'impact sur leur santé. « La crise a précipité de nombreux foyers dans la précarité : perte d’emploi, de salaire, détresse sociale et alimentaire… Les associations d’aide alimentaire, qui voient affluer de plus en plus de familles n’ayant plus les moyens de se nourrir et d'accéder à une alimentation saine et de qualité, tirent la sonnette d’alarme », explique Johanna Rolland, maire de Nantes.

Depuis le confinement, la Banque alimentaire a fourni de nombreuses associations en produits frais et secs. De mars à mai, la Croix-Rouge, le Secours populaire, les Restos du cœur, le Diaconat protestant mais aussi les associations partenaires de Nantes Entraide ont distribué plusieurs milliers de colis alimentaires aux Nantaises et aux Nantais les plus vulnérables. Dans le même temps, la demande de fruits et légumes locaux a explosé, réduisant les surplus de légumes habituellement distribués aux associations d’entraide. « Le service public doit se réinterroger et s’adapter pour lutter, à son échelle, contre cette précarité alimentaire qui risque de durer dès lors que la conjoncture économique se grippe», souligne le maire de Nantes.

Ces paysages nourriciers ont aussi une vertu pédagogique : suivre l’évolution des cultures, rappeler à quelle saison chaque légume se ramasse, les récolter de manière participative, les redécouvrir et apprendre à les cuisiner pour une alimentation saine, de qualité et locale. À partir des plants et graines semés grâce au soin des jardiniers, et une météo favorable, 25 tonnes de légumes ultra locaux pourront alimenter les Nantais d’ici cet automne. 

Johanna Rolland, maire de Nantes.

Une tonne de pommes de terre et des sillons entiers de courges ont été plantés à la pépinière municipale, avec l’aide des bénévoles de l’association EmpowerNantes.
Une tonne de pommes de terre et des sillons entiers de courges ont été plantés à la pépinière municipale, avec l’aide des bénévoles de l’association EmpowerNantes.

50 sites de production dans toute la ville

Deux parcelles d’1,8 hectares de la pépinière municipale ont été retournées début juin. Semées et plantées avec l’aide des bénévoles de l’association EmpowerNantes et de jeunes agriculteurs, elles fourniront d’ici l’automne une tonne de pommes de terre, 500 courges et des sillons entiers de haricots secs. Des légumes de saison pour l’été (tomates, courgettes, bettes à carde, betteraves et choux variés) et pour l’hiver (patates douces, courges, haricots et maïs) vont également pousser dans les massifs de fleurs des parcs et jardins nantais et dans certains espaces verts appartenant à la Ville : cours Cambronne, place Mangin, à Port-Boyer, mail Pablo-Picasso, école Lucie-Aubrac, Cité des congrès, jardins de l’Hôtel de ville, centre Accoord de la Meta à Bellevue, parcs de la Crapaudine et de la Gaudinière…

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Télécharger la carte des Paysages nourriciers (PDF ; 1 Mo)

Au total, 50 lieux de production disséminés dans les 11 quartiers de Nantes accueillent ces potagers solidaires. Paille, compost et plants potagers ont été livrés aux quatre coins de la ville et les plantations réalisées du 15 au 19 juin 2020. Tout est naturel et ultra-local, sans aucun pesticide, garantit le Seve qui s’est fait conseiller par quatre spécialistes français de la permaculture pour mener à bien cette opération solidaire inédite de culture de légumes. Les plants de pommes de terre (bio) viennent de Parthenay, les plants potagers des pépinières Renaud de Vertou, la paille d’un Gaec de Carquefou… Pour planter les pommes de terre, les jardiniers municipaux ont reçu l’appui de deux jeunes agriculteurs urbains.

25 tonnes de légumes solidaires

À la fois beaux pour les promeneurs et utiles pour les plus fragiles, ces «Paysages nourriciers» représentent plus de 25 000 mètres carrés cultivés au total. Les jardiniers municipaux prévoient d’y récolter 25 tonnes de légumes frais pour participer à l’immense effort de solidarité déployé collectivement sur le territoire par les habitants et les acteurs. Ainsi, environ 1 000 foyers pourraient recevoir environ 25 kg de légumes chacun, au fil des récoltes saisonnières. Selon les variétés, les légumes seront récoltés entre juillet et octobre, avec le soutien des habitants volontaires et de bénévoles d’associations nantaises.

 « Selon l’évolution de l’épidémie, nous proposerons des récoltes participatives », précise le Seve. Les paniers seront ensuite distribués gratuitement aux familles qui en ont besoin par le biais d’associations de quartier et d’aide alimentaire (notamment la Banque alimentaire, les Restos du cœur, le Secours populaire). Les modalités de distribution seront précisées directement aux familles concernées. Plusieurs jardins partagés s’engagent également à offrir leurs surplus de légumes. L’occasion pour les Nantais qui le souhaitent de mettre les mains à la terre pour que la récolte profite à tous ceux qui en ont besoin.

Les « Paysages nourriciers » en chiffres

50 sites de production de légumes

25000 m² cultivés au total

10000 plants potagers (pommes de terre, tomates, courgettes, courges, blettes, patates douces, choux variés, haricots et maïs)

250 jardiniers de la Ville de Nantes mobilisés pour planter

1 semaine de plantation (du 15 au 19 juin), 4 mois de récolte (de juillet à octobre 2020)

25 tonnes de légumes récoltées

1000 foyers nantais potentiellement bénéficiaires

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