Pour Yann Robiou du Pont, l'idée de travailler sur les questions climatiques s'est imposée progressivement. Cet étudiant brillant, passé par les prestigieuses universités de Harvard, Oxford ou encore Berkeley, avait déjà touché aux sujets environnementaux pendant son adolescence, au cours de laquelle il avait travaillé avec Greenpeace. Mais il se destinait à la physique théorique. « Au fil du temps, j'ai eu envie de faire quelque chose de plus concret, de plus utile à court terme. »
Au fil de son parcours professionnel, il a donc conseillé des villes, des diplomates, notamment des pays du Sud, développé un outil en ligne pour évaluer où en sont les engagements climatiques de chaque pays, ou encore apporté son expertise aux actions en justice pour contraindre les États à respecter leurs engagements climatiques.
Cet automne, il sera un observateur attentif de la COP26, le grand rendez-vous international des négociations climatiques qui se tiendra à Glasgow (Royaume-Uni). « J'ai participé à ma première COP en 2015, à Paris, se remémore Yann Robiou du Pont. L'événement va rassembler des dizaines de milliers de personnes sur les deux semaines. Beaucoup d'ONG, la société civile viennent discuter de leurs stratégies : scientifiques, ONGs, lobbys climatiques, acteurs non étatiques et sous-étatiques. Et les diplomates négocient dans des salles réservées où on ne peut avoir accès si on n'est pas accrédité. Tout ne se joue pas là, mais c'est un temps qui permet de formaliser des dynamiques, de les entériner. »
Justice climatique
Concrètement, trois enjeux majeurs se joueront à la COP. « L'accord de Paris demande que tous les 5 ans, les objectifs de tous les pays soient réévalués. À l'occasion de cette COP, ce sont les objectifs de 2030 qui doivent être révisés à la hausse pour s'aligner avec une trajectoire vers 1.5°C de réchauffement. Le deuxième enjeu, c'est la question de la finance internationale. Les pays du Sud veulent savoir comment les financements internationaux seront distribués avant de renforcer leurs objectifs, et les pays du Nord veulent l'inverse. Et le dernier enjeu, c'est la question des marchés internationaux de carbone. L'accord de Paris permet par exemple à certains États de payer d'autres États pour qu'ils réduisent leurs émissions, et que cela compte dans leur bilan. »
Des enjeux complexes et interdépendants qui devront être démêlés pour que l'on puisse espérer limiter au mieux le changement climatique. Avec, au cœur de ces réflexions, la question de la justice climatique. Les pays industriels ont en effet développé leur économie depuis des décennies en émettant de grandes quantités de gaz à effet de serre. Ils ont également plus de moyens financiers et techniques pour transformer leur économie. Il apparaît donc logique qu'ils assument une plus grande part de l'effort pour décarboner l'économie mondiale. « Les pays du Sud ont d'autres priorités, ce serait injuste et impossible de leur demander de faire les mêmes efforts que les pays du Nord. Nous avons une responsabilité historique et technique à assumer. »