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Comment la cathédrale de Nantes est dépolluée centimètre par centimètre

ActualitésPublié le 27 juin 2022

La pollution massive au plomb, observée après l’incendie de juillet 2020, nécessite l’intervention de nombreux professionnels. Ce travail précède la restauration de Saint-Pierre-et-Saint-Paul, qui débutera en septembre 2022.

Les ouvriers doivent respecter un protocole drastique et s'équiper en conséquence pour se protéger du plomb. © Romain Boulanger
Les ouvriers doivent respecter un protocole drastique et s'équiper en conséquence pour se protéger du plomb. © Romain Boulanger

Six nacelles, dont 2 qui peuvent atteindre 52 mètres de hauteur, 4 unités mobiles de décontamination, 30 ouvriers au plus fort du chantier… La dépollution de Saint-Pierre-et-Saint-Paul, engagée le 10 janvier dernier, est d’ampleur. Elle devrait se terminer en septembre. « On a des problématiques identiques à Notre-Dame-de-Paris : une pollution au plomb généralisée et la présence d’amiante. On applique les mêmes protocoles d’aspiration. Tout cela nécessite du temps », témoigne Anne-Marie Chepeau-Malhaire, ingénieure du patrimoine à la Direction régionale des affaires culturelles (Drac) des Pays de la Loire, maître d’ouvrage de la restauration. 

« Le plomb est presque invisible »

Les ouvriers œuvrent actuellement en hauteur, presque centimètre par centimètre. « On traite le plomb sur les maçonneries, les vitraux ou encore les boiseries au niveau des voûtes », explique Alexandre Godet, directeur de travaux pour l’entreprise Lefèvre. Mais comment s’y prennent les 10 compagnons ? « Ils utilisent des aspirateurs et des pinceaux, qui servent à décoller la poussière. Car le plomb est mélangé à la poussière. Il est presque invisible et se dépose partout. » Une fois aspiré, le plomb est évacué dans des sacs spécifiques. La dépollution des sols a elle été assurée par l’entreprise Séché.

Grâce à ce travail de haute précision, les teneurs en plomb ont drastiquement chuté. Elles s’établissaient à 92 000 microgrammes par mètre carré (la norme appliquée pour l’habitat est de 1 000 microgrammes, ndlr) au début du chantier, notamment sur la tribune de l’orgue. Elles s’échelonnent aujourd’hui de 1 000 à 5 000 microgrammes. « On aimerait atteindre 1 000 partout, c’est un taux sans danger », note la Drac. 
Dans l’immédiat, le protocole à respecter pour pénétrer dans l’édifice reste lourd : double combinaison, masque FFP3, passage dans 5 sas de décontamination. Les compagnons se soumettent aussi régulièrement à des mesures du taux de plomb dans le sang (plombémie).

Un premier tableau en restauration

Le plomb n’a pas touché que les parements de la cathédrale. Après l’incendie, une vingtaine de grands tableaux, dont certains mesurant plus de 4 mètres de haut, ont été mis à l’abri à l’intérieur de la cathédrale, avant d’être décontaminés. Là aussi, un travail de haute précision s’est engagé. « Certains, très altérés, ont été dépollués au pinceau pendant deux mois », explique Clémentine Mathurin, conservatrice du patrimoine et des monuments historiques pour la Drac des Pays de la Loire. Une première œuvre – Le Martyr de Saint-Gohard – abîmé par les très fortes chaleurs et l’humidité part en restauration cet été.
 

De l’amiante aussi !

Après la dépollution de la cathédrale, viendront différentes étapes. Le tombeau de François II et de Marguerite de Foix va lui aussi devoir être décontaminé. En cause : la serpentinite. Cette pierre qui le compose est naturellement amiantée… Le monument mortuaire, intact après l’incendie, sera transporté dans un lieu tenu secret. 
Suivront ensuite la restauration de l’orgue de chœur, du chœur, du bras sud du transept, du massif occidental et enfin, de la grande verrière. Aucune date n’est encore avancée pour une réouverture globale de Saint-Pierre-et-Saint-Paul. « Elle s’effectuera partiellement », conclut Anne-Marie Chepeau-Malhaire.

À noter

Depuis l’incendie, 5 millions d’euros ont été engagés par la DRAC pour les différents chantiers.