Nées à Montpellier en 2019, les Assises territoriales de la transition agro-écologique et de l’alimentation durable se tenaient cette année à Nantes, les 12 et 13 septembre. 800 personnes étaient réunies pour l’occasion à la Cité des congrès : élus et agents territoriaux, acteurs de la société civile et du monde économique, experts du champ agricole et alimentaire, porteurs de projets… Au centre de leurs débats : la prise en compte du changement climatique et de l’urgence sociale dans la transition alimentaire.
Mobiliser, accélérer
« Très impliqués localement sur ces enjeux, nous sommes fiers d’être la ville hôte de la seconde édition de ces assises au rayonnement national, assurait Johanna Rolland, présidente de Nantes Métropole avant l'ouverture. Les territoires ont multiplié les initiatives qui ont posé les jalons très concrets de cette transition : préservation des surfaces agricoles, aides aux pratiques agricoles vertueuses, intégration du bio et du local dans la restauration collective, création d’espaces comestibles en ville… Face à la crise climatique et à l’augmentation de la précarité alimentaire, nous devons accélérer encore pour agir avec plus de force et proposer aux habitants une alimentation locale, durable et accessible. »
L’enjeu de ce rendez-vous était de mobiliser tous les acteurs, publics comme privés, qui travaillent et innovent au quotidien, expliquent les organisateurs de l’événement : Nantes Métropole, Montpellier Méditerranée, Terres en villes, l’Ademe, le Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT), la direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (DRAAF) des Pays de la Loire, la Chaire Unesco Alimentations du Monde ainsi que le Voyage à Nantes.
Conférences, visites et expériences gastronomiques
Le programme, alimenté par un appel à contributions qui a reçu plus de 180 propositions, était riche. Il mêlait des conférences et des tables-rondes, des expositions et des ateliers participatifs sur le gaspillage alimentaire, l’agriculture urbaine dans les quartiers, l’approvisionnement local des cantines, l’adaptation de l’agriculture aux défis climatiques, etc., mais aussi plusieurs espaces de discussion et même quelques expériences gastronomiques ! Organisé en trois grandes séquences, il a permis tout à la fois de s’informer, de découvrir ce qui se fait ailleurs à travers des expériences concrètes menées partout en France, mais aussi de proposer des solutions pour l’avenir. « La façon dont on mange et dont on s’organise pour le faire influence la société dans laquelle on vit, rappellent les organisateurs. Manger nous concerne tous. »
« Transition alimentaire : il y a urgence ! »
Pour ouvrir ces assises, lundi 12 septembre, les organisateurs avaient invité Patrick Caron, géographe au Cirad, ancien président du Groupe d’experts de haut niveau sur la sécurité alimentaire et la nutrition du Comité des Nations Unies sur la sécurité alimentaire mondiale, et la sociologue Pauline Scherer. Ensemble, ils ont replacé les enjeux agricoles et alimentaires dans le contexte actuel : « L’urgence climatique se double d’une urgence sociale, rendue visible et renforcée par la pandémie de Covid ou la crise ukrainienne. Les inégalités alimentaires reflètent et renforcent d’autres inégalités sociales (de richesse, de santé, de genre…). Ainsi, il est essentiel de repenser les pratiques de production, de transformation, de distribution et de consommation afin qu’elles prennent en compte le changement climatique, mais aussi la préservation de la biodiversité, les attentes des citoyens en matière d’alimentation saine, durable et accessible à tous, la création et le partage des richesses et le développement d’emplois rémunérateurs et porteurs de sens. »
La Déclaration de Nantes remise au Ministre de l’agriculture
En clôture des Assises, une trentaine d’institutions et collectivités ont adopté un texte interpellant l’État et l’Europe autour de quatre priorités : lutter contre la précarité alimentaire des citoyens les plus fragiles et celle des producteurs, protéger et reconquérir les terres agricoles en faisant de ce foncier un pilier de la souveraineté et de la résilience alimentaire des territoires, et affirmer l’alimentation comme un service public et un bien commun. Les signataires - qui s’engagent à développer localement des politiques qui « contribueront à transformer notre modèle de production, de distribution et de commercialisation pour une meilleure préservation de la biodiversité, des paysages et des ressources naturelles mais aussi pour protéger la santé humaine et environnementale » - réclament de l’État des moyens à la hauteur des enjeux et une juste reconnaissance du rôle des territoires dans l’expérimentation et l’amorçage de solutions, au plus proche du terrain.
À l’occasion du Salon international de l’agriculture (SIA) qui se tient du 25 février au 5 mars à Paris, Nantes Métropole, Montpellier Méditerranée Métropole et Terres en villes, à l’origine de cette initiative, ont remis cette déclaration au Ministère de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire. « Bien se nourrir est fondamental. Produire localement, permettre à toutes et tous d’avoir accès à une alimentation de qualité, soutenir l’agriculture locale et les exploitants, sont désormais au cœur des politiques publiques de nos territoires, insiste Johanna Rolland, maire de Nantes et présidente de Nantes Métropole. Nantes a été parmi les métropoles pionnières en la matière. Je me réjouis que la Déclaration de Nantes fédère de plus en plus de territoires, convaincus qu’une transition agroécologique et alimentaire est nécessaire pour répondre aux enjeux écologiques et sociaux. »
Retrouvez l’intégralité de la Déclaration de Nantes, en PDF.
Plus d'infos sur le site des Assises de la transition agro-écologique et de l’alimentation durable.
Une fête paysanne les 25 et 26 septembre à Doulon
Prenez date ! Dans le prolongement des Assises, Nantes Métropole et WeAgri proposent une grande fête paysanne, gratuite et ouverte à tous, samedi 24 et dimanche 25 septembre à Doulon, berceau du maraîchage nantais et quartier pilote de la réintroduction des fermes en villes. Au menu : une visite des fermes, des cueillettes de plantes sauvages comestibles, des ateliers de cuisine, des tables rondes, des spectacles jeune public, du cinéma de plein air, un marché d’une quarantaine de producteurs et un grand banquet des chefs... Un bal paysan viendra clore ce week-end gourmand et festif, organisé sur le site des Moissons nouvelles, 56 rue de la Papotière, à Nantes.
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