L’édition 2023 du VAN aura marqué les esprits – et l’économie du territoire – par ses records de fréquentation. Elle va aussi laisser des traces dans le paysage nantais, puisque quatre nouvelles œuvres sont pérennisées. Elles rejoignent le Voyage permanent, soit presque 60 œuvres d’une collection d’art contemporain qui fait la singularité de la ville. Revue de détail :
Je serais douce, Sanam Khatibi
Les plus beaux platanes de Nantes, en bordure de la Sèvre, servent désormais de galerie naturelle à cette statue féminine de 5 m sculptée dans un basalte gris au grain fin. « L’allée a sans doute été plantée vers 1850 par le frère Louis, qui a créé l’école de la Persagotière et qui était passionné d’horticulture, rappelle Marie Dupas, chargée de production artistique au VAN. Il s’agissait pour nous de faire réagir une artiste à ce site. » Sanam Khatibi a été conquise, elle dont l’œuvre tourne autour de « l’animalité » : « Quand on m’a proposé cette expérience, j’avais un peu peur car je n’avais jamais fait de sculpture monumentale, mais je suis ravie de l’avoir fait ! », explique l’artiste qui a souhaité autour de sa statue « des offrandes faites avec un matériau naturel et un jardin médicinal avec des plantes symboliques... ».
Le champ des signes, studio Katra
Un promontoire installé sur le parvis du pôle des arts graphiques, place Albert-Camus, permet de mieux embrasser du regard cette œuvre collaborative due au studio nantais Katra avec les élèves de la Joliverie et de Grafipolis. Elle se compose de 756 signes en matériau thermocollant, peints à la main. « Chaque forme a une signification, s’apparente à un hiéroglyphe, explique Antoine Gripay, fondateur du studio de design graphique. On a fait travailler les élèves sur une analyse du quartier, du parvis, de l’architecture environnante, sur la "matériauthèque", le vocabulaire de formes... » « Dès qu’on fait des interventions artistiques sur l’espace public, cela fait beaucoup parler les habitants », note de son côté Olivier Chateau, adjoint de quartier Île de Nantes et adjoint au patrimoine, pour qui « cette œuvre ancre la place, définit mieux son espace ».
The Humans, Olaf Breuning
Reconnaissables à leur air boudeur et leurs attributs symboliques (couronnes, croix, ailes d’ange…), les six personnages de marbre blanc et de bronze ont trôné tout l’été sur la nouvelle place Feydeau-Commerce. Ils attendent désormais un lieu d’accueil définitif.
Achronie 39, Marion Verboom
Totem contemporain ou cadavre exquis en colonne ? L’œuvre de Marion Verboom fait se télescoper les époques et les styles : chapiteau mérovingien, décor aztèque, coquillage, instrument de musique... Installée cet été sur le parvis de l’église Sainte-Croix, elle est elle aussi en attente d’un lieu d’accueil pérenne.