Le site, au cœur de Nantes, est en pleine transformation. Le Département de Loire-Atlantique, son propriétaire, table sur une réouverture au public avant l’été 2024. Visite guidée.
Engagé en 2021, le chantier de réhabilitation du musée Dobrée bat son plein, avec une vingtaine d’entreprises et une centaine de personnes mobilisées sous la houlette de Bouygues bâtiment Grand ouest. Budget global des travaux : 43 millions d'euros.
« Ce sont six chantiers en un, souligne Michel Ménard : trois bâtiments rénovés, la construction d’un bâtiment enterré, les jardins et la scénographie ». Le président du conseil départemental de Loire-Atlantique, s’il se veut prudent face aux aléas d’un tel chantier, en rappelle les objectifs : une fin des travaux en 2023, puis le retour des collections du musée, l’installation des œuvres, pour une réouverture « avant l’été 2024 ». Nantes aura alors retrouvé un « musée exceptionnel », au cœur d’un site patrimonial de premier plan.
Le chantier en images
Se rendre demain au musée Dobrée n’aura plus rien à voir avec autrefois. Après avoir franchi les grilles, les visiteurs emprunteront un grand parvis dallé menant au bâtiment d’accueil : situé en « rez de parvis », il est aménagé pour partie sous le bâtiment Ferré (également appelé "Voltaire") datant des années 1970. L’ensemble du site et des collections sera accessible aux personnes à mobilité réduite (PMR).
Le bâtiment Voltaire accueillera également des locaux administratifs, des ateliers de pratique artistique, une boutique et un café. Dans le prolongement, une extension appelée à être souterraine, par où transiteront les visiteurs. Les travaux auront permis de créer « plus de 2000 m² de planchers nouveaux », explique Fabrice Julia, à la direction des opérations immobilières du Département.
Le manoir de la Touche, édifié au 15e siècle, accueillera des expositions temporaires. Ses façades ont été entièrement restaurées, avec le sablage des pierres et la reprise des joints de chaux. Ce qui fut la résidence d’été du duc de Bretagne Jean V s’est vu adjoindre une extension où se nichera un ascenseur pour les PMR. Il permettra d’accéder aussi au nouvel auditorium, construit en sous-sol au pied du bâtiment.
Les extensions neuves du musée seront invisibles sous les remblaiements. En surface, le site proposera quatre espaces extérieurs : en plus du parvis d’entrée ombragé par les tilleuls, une promenade végétalisée libre d’accès, un square accueillant des jeux d’enfants, et un « cœur de jardin pensé comme une pièce de musée ». La direction Nature et jardins de Nantes Métropole va sélectionner des espèces qui rappelleront les voyages de Thomas Dobrée, constructeur du palais au 19e siècle.
Surplombées par la tour carrée de 30 m de haut, les toitures du palais Dobrée ont été restaurées à l’identique par une entreprise de Saint-Julien-de-Concelles : « Un chantier à 20 m de hauteur qui a consisté à découper et clouter 27 000 ardoises sur 640 m2 », précise le Département. Et cela dans la chaleur caniculaire de l’été 2022...
Les visiteurs entreront dans le palais Dobrée par la salle des colonnes, où se trouvait l’entrée initiale du site, avant d’accéder au grand escalier. Le bâtiment rénové va accueillir les collections permanentes du musée : des objets venus des cinq continents, d’une grande diversité et touchant aussi bien l’art statuaire que les arts graphiques, la numismatique, l’archéologie militaire, des manuscrits...
Après d’importants travaux de consolidation, d’étanchéité, de rénovation, les sous-sols voûtés du palais Dobrée vont désormais être utilisés comme espaces d’exposition. Ils présenteront les pièces les plus anciennes parmi les 2 600 qui seront exposées le musée, notamment les antiquités égyptiennes.
Issu d’une riche famille d’armateurs nantais, Thomas Dobrée (2e du nom, 1810-1895) est un passionné d’art, d’histoire et de littérature. Ses premières acquisitions d’objets datent de 1830. « Pendant plus de 60 ans, il suit le marché de l’art à la recherche d’œuvres du plus haut intérêt, de grande rareté et en excellent état », écrit Claire de Lalande dans le Dictionnaire de Nantes. C’est au début des années 1860 que Dobrée décide la construction d’un bâtiment pour y vivre et abriter ses collections. Il achète alors le manoir de la Touche et le terrain adjacent, dessine les plans de son « palais » dans le style néo-médiéval, dont les travaux vont durer… 40 ans. Dobrée meurt deux ans avant la fin des travaux. Le Département de Loire-Inférieure hérite de ses collections. Celles de la Société archéologique et historique de Nantes et de Loire-Inférieure les rejoignent au sein du musée Dobrée, qui ouvre au public en 1899.
