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Entre rêve, réalité et identité multiple, Anaïs Allais brouille les pistes

ActualitésPublié le 04 mai 2023

Autrice, actrice et metteuse en scène, Anaïs Allais présente son nouveau spectacle, Par la mer (quitte à être noyées), du 9 au 13 mai au TU-Nantes. Rencontre avec l'artiste nantaise.

Le nouveau spectacle d'Anaïs Allais tisse des liens entre les femmes des deux rives de la Méditerranée, entre hier et aujourd’hui © Virginie Meigne
Le nouveau spectacle d'Anaïs Allais tisse des liens entre les femmes des deux rives de la Méditerranée, entre hier et aujourd’hui © Virginie Meigne

Comment passe-t-on de comédienne à autrice ?

« Je voulais faire du théâtre et le jeu me semblait la porte d'entrée la plus simple. J'ai fait des études d'interprétation mais plus j’avançais, plus je me rendais bien compte que ce qui m'intéressait le plus était l'écriture. À 23 ans, avec mon frère et ma sœur, nous sommes partis en Algérie pour rencontrer la famille de ma mère. En revenant de ce voyage, on me demandait de raconter ce qu'il s'était passé, mais je n'arrivais pas à trouver les mots à l'oral. C'est l'écriture qui m'a permis de comprendre, de penser ce qui m'était arrivé. Ce récit est devenu ma première pièce, Lubna Cadiot (x7). »

Quelle forme prend votre nouvelle création Par la mer (quitte à être noyées) ?

« J'aime brouiller les frontières entre le trivial et l'onirique. Proposer une image poétique du quotidien, ne plus savoir ce qui est de l'ordre du rêve ou de la réalité. Ici on se rapproche de la forme du conte : elle permet de déconnecter l'intellect, de retrouver un rapport à l'enfance. Cela passe par des histoires a priori assez simples, des personnages bien dessinés, pour ensuite prendre des chemins de traverse. Le conte me ramène à la mythologie : chaque histoire peut en contenir mille autres, et tendre vers l'universel. »

Vous revendiquez aujourd’hui une identité multiple. Comment vos origines et inspirations vous nourrissent-elles ?

« Cette idée d'identité multiple m'est apparue comme une évidence. L'identité ne se résume pas aux liens de sang et aux origines. On se rencontre aussi par le biais de personnes qui croisent nos routes, qui révèlent un fragment de nous. Dans Par la mer, il s'agit de trois femmes que, a priori, rien ne lie. Elles vont devoir cohabiter, se supporter, quelque part faire famille. Dans l'identité, il y a aussi un rapport au hasard : comment on compose avec ce qui nous tombe dessus, quel fragment ça éveille en nous. Dans mes spectacles, ce qui revient à chaque fois, c'est un rapport à l'exil au féminin. C'est presque obsessionnel, même si ce n'est pas conscient. Parce que je suis héritière de cela, l'exil de ma mère était très fondateur. J'ai besoin de comprendre, d'enquêter, même si je ne comprendrai jamais. »

Vous avez été artiste associée du Grand T de 2017 à 2022, qu'est-ce que cela vous a apporté ?

« Cet accompagnement a été extrêmement précieux : il y a une approche très singulière au Grand T, globale et "sur mesure". Dès le début, j'avais très régulièrement des rendez-vous avec Catherine Blondeau, la directrice, où l'on parlait artistique. C'est assez rare et précieux. Écrire est un travail solitaire et cela a adouci cette solitude. Je me suis accrochée à la confiance qu'on avait dans mon travail. Le Grand T m'a accompagnée sur cinq ans et j'y ai créé mes autres spectacles. Sauf ce dernier qui a été créé à la Comédie de Caen, où je suis également artiste associée. »

Pratique

Par la mer (quitte à être noyées), d'Anaïs Allais. Au TU-Nantes, en coréalisation avec le Grand T, du 9 au 13 mai 2023. À partir de 14 ans. Infos et réservations sur le site du TU-Nantes.