Vous avez pu découvrir cette semaine le réseau nantais de transport en commun. Qu’est-ce qui vous a le plus marqué ?
« Pour nous, le busway nantais est un must ! Toute son histoire est intéressante puisque c’est la première ligne jamais construite, en site propre, en lieu et place d’un projet de tramway – peu de villes ont eu cette idée. Puis il y a eu sa transformation en busway électrique. Dans un sens, Nantes est une bonne illustration des tendances apparues ces dernières années dans les transports en commun, dont la décarbonation. Nous avons aussi visité ici de plus petites infrastructures, des aménagements pour améliorer les performances des bus. C’est moins impressionnant qu’un e-busway, mais c’est tout aussi important parce que cela démontre la volonté politique de développer le transport public dans la ville. Les modes doux – la marche, le vélo – sont bien sûr aussi importants, mais le transport public, ce doit être l’épine dorsale des mobilités dans nos villes. Les décideurs doivent lui donner la priorité sur les voitures individuelles. »
Quels sont les enjeux actuels pour les transports en commun ?
« Notre comité regroupe des professionnels du monde entier : Singapour, Argentine, États-Unis, Europe… D’où que l’on vienne, l’enjeu le plus fort, c’est la décarbonation du secteur des transports. D’un côté, il y a la transformation des flottes de véhicules par les compagnies, mais l’enjeu essentiel, c’est que les gens laissent leur voiture à la maison. Ce n’est pas si simple : on ne peut pas simplement interdire les voitures dans les villes, car beaucoup de gens en dépendent. On doit offrir des alternatives, travailler sur l’accessibilité, rendre le transport public le plus inclusif possible. Sur l’intermodalité, voir comment intégrer d’autres modes de déplacement (vélos, scooters…), les rendre complémentaires, notamment pour le dernier kilomètre. »
À quoi ressemble le futur du transport collectif ?
« Nous devons rendre à nouveau ce secteur attractif. Il y a un manque de conducteurs partout dans le monde depuis la pandémie, du fait des tensions, parfois des craintes liées à la santé. Il faut convaincre les gens que c’est un très bon endroit pour travailler, que c’est un service rendu aux gens. On entend aussi beaucoup parler des véhicules autonomes, que plusieurs villes sont en train de tester. En Espagne, c’est le cas à Madrid, ou encore à Saragosse où l’on teste des bus autonomes de 12 mètres. Ce n’est pas encore complètement opérant, les véhicules nécessitent encore d’avoir un conducteur à bord, mais les essais avancent et cela arrivera avec le temps. »
Une quarantaine de délégués à Nantes
La délégation internationale du comité bus de l'UITP réunit plusieurs fois par an des professionnels du monde entier sous un angle technique et exploitation. L’un de ses objectifs est de découvrir un réseau de transports ou une ville membre. C’est ainsi que Nantes Métropole et la Semitan ont reçu du 6 au 8 novembre une quarantaine de délégués, pour un programme de visites et séances de travail. En 2021, la collectivité et le transporteur nantais avaient reçu conjointement le prix international de l’UITP pour récompenser le e-Busway et son « excellence opérationnelle et technique ». Un des principaux prix internationaux en matière de transport public et une première pour une ville-française.