CHU de Nantes : une nouvelle unité d’hospitalisation de psychiatrie pour les jeunes à l'été 2025

Dans quel contexte créez-vous cette unité ?

« Nous sommes dans une situation problématique, avec une présence régulière de mineurs dans les services de psychiatrie adulte. 208 d'entre eux ont été concernés en 2023 en Loire Atlantique, alors qu'ils devraient être hospitalisés avec leurs pairs. Il est très important que les jeunes aient ce premier contact avec la psychiatrie dans de bonnes conditions (groupe de pairs, soins spécifiques). Si leur premier contact les renvoie à des pathologies mentales avérées chroniques, cela leur donne une image extrêmement lourde et stigmatisante de la maladie mentale. Cela peut renforcer le déni des troubles et aggraver le retard aux soins. Deuxièmement, nous constatons une augmentation très nette des jeunes qui sont en situation de détresse psychologique depuis la pandémie, qui se traduit par une augmentation de 10%  des 15-18 ans entre 2021 et 2023 aux urgences médico-psychologiques du CHU de Nantes. Troisièmement, il s’agit d’une situation de perte de chances car il faut le rappeler : 80% des pathologies psychiatriques commencent entre 15 et 25 ans. Durant cette période de vulnérabilité, malheureusement, seulement un quart des jeunes a recours aux soins, eu égard à une mauvaise représentation de la maladie mentale et une difficulté d’accès aux soins. Il faut aussi savoir que la Loire-Atlantique est sous-dotée en lits d'hospitalisation. Cette unité répond donc à un vrai besoin de santé publique. »

Comment fonctionnera-t-elle ?

« Cette unité d’hospitalisation de courte durée (UHCD) fonctionne en post-urgence et sera dotée de 8 lits pour des patients âgés entre 15 et 20 ans en situation de crises : anxieuse, dépressive, familiale, institutionnelle... Elle fonctionnera 7 jours sur 7. Le patient sera accueilli par un soignant dans des locaux adaptés et accompagné pendant son hospitalisation d’une équipe pluri-professionnelle comportant : psychiatre, pédopsychiatre, psychologue, assistante sociale, éducateurs (sportif et spécialisé) et infirmiers psychiatriques. Les jeunes seront pris en charge sur une durée de 1 à 5 jours qui se décompose en trois temps : temps d’apaisement, temps d’évaluation de l'état clinique, social et systémique et temps d’orientation selon une logique de parcours personnalisé».

1 jeune sur 5 est actuellement en détresse psychologique. Comment l'expliquez-vous  ?

« La santé mentale, c'est le socle du bien-être individuel et le reflet d'un bon fonctionnement collectif. Or, les questions du climat, des guerres, des attentats, de la précarité ou du chaos politique sont des facteurs précipitants qui jouent sur la santé mentale des jeunes. Ils sont particulièrement vulnérables parce qu'ils ont à assumer des choix en terme d’autonomie financière, affective, sociale et d’avenir professionnel. Cela fait beaucoup de choses en même temps... Pour répondre à cette détresse, PHILAE est une première brique mais il faudra aussi d'autres dispositifs pour renforcer l'offre en pédopsychiatrie et en psychiatrie de l’adolescent qui est quasiment inexistante en Loire Atlantique et notamment à Nantes ».