Le ruisseau de la Ménardais a retrouvé son lit originel
Publié le 14 nov. 2024
Après des mois de travaux, dans son lit retrouvé, le ruisseau de la Ménardais serpente à nouveau dans le cimetière-parc et le terrain de golf adjacent. Déjà, il revitalise la zone humide, réduisant ainsi les risques d’inondation.
Dans le cimetière-parc et le terrain de golf Bluegreen de Nantes-Erdre, le ruisseau de la Ménardais avait perdu son lit. Un sort partagé par de très nombreux cours d’eau, victimes des dommages infligés notamment dans les années 1970-1980. Mais on sait aujourd’hui que recalibrer, déplacer, voire combler les ruisseaux a de lourdes conséquences pour la vitalité des zones humides, qui absorbent la pluie lorsqu’elle tombe en quantité, et la restituent aux cours d’eau lorsqu’il y a sécheresse, limitant ainsi les risques d’inondation. De plus, comme l’explique Damien Linard, technicien des milieux aquatiques à la direction du cycle de l’eau à Nantes métropole, « un cours d’eau en bon état signifie une eau de qualité et riche en biodiversité. Cela amène aussi de la fraîcheur dans des villes en cas de canicule. Mais tout obstacle nuit à la circulation des sédiments et à la migration des espèces. Pour certaines d’entre elles, il ne s’agit que de quelques mètres, mais ils sont nécessaires. »
Déjà, la flore reprend ses droits
Restaurer les cours d’eau est donc dans l’intérêt de tous. Nantes Métropole a lancé un programme en ce sens pour le Cens, le Gesvres et le Charbonneau, affluents de l’Erdre. Ainsi, rectifié au fil du temps pour l’adapter aux activités humaines, et surtout coupé par quatre retenues d’eau qu’il alimentait, le ruisseau de la Ménardais, qui se jette dans le Gesvres, vient de retrouver son cours au terme de travaux conséquents.
Il a fallu évacuer 14 000 m³ de remblais pour retrouver le niveau du sol naturel. Puis, le cours du ruisseau a été redessiné avec ses méandres, retrouvés sur d’anciennes cartes. Il a fallu aussi supprimer des buses qui empêchaient le transport des sédiments et la remontée d’espèces aquatiques. Enfin, trois plans d’eau ont été effacés et un bras de contournement a été creusé autour de l’étang utilisé pour l’arrosage du golf. Soit quelques mois de chantier pour restaurer le ruisseau sur 1,7 km et recréer 0,6 hectare de zone humide aux alentours. « Il faudra des années pour que le cours d’eau cicatrise, sous notre surveillance. Mais nous pouvons être optimistes puisque, déjà, la flore typique des zones humides réapparaît. Le ruisseau a aussi retrouvé sa granulométrie naturelle », se réjouit Damien Linard.
Plus qu’à planter !
Si les usagers du terrain de golf ont d’abord été inquiets de la présence de pelleteuses, ils sont aujourd’hui pleinement rassurés. « Nous les avons tenus informés de ce qui se préparait, raconte Geoffrey Marziale, directeur du golf. Mais finalement, tout le monde est d’accord pour trouver le résultat très joli. »
Il ne reste plus qu’à planter le long du cours d’eau la ripisylve, « forêt de rive », qui régule la température et dépollue l’eau, protège les berges et constitue un habitat pour de nombreuses espèces. Ce sera chose faite en décembre prochain. Au niveau du terrain de golf, ce sont des plantes hélophytes (plantes de marais) qui garniront et soutiendront les rives.
D’autres cours d’eau en cours de soins
La restauration est en cours ou terminée pour les cours d’eau du Charbonneau, du Gesvres à La Chapelle-sur-Erdre, du Géraudeau à Orvault, sur les marais Nord-Loire et dans la vallée de Bouguenais. Des travaux complémentaires, visant à limiter les ruptures hydrauliques et réduire les pollutions, sont programmés pour plusieurs bassins versants.
Les collectivités unies pour l’eau
Le coût des travaux (plus d’un million d’euros) a été financé conjointement par la Métropole, l’agence de l’eau Loire-Bretagne, la Région et le Département. Leurs représentants saluent unanimement la réalisation. Jean-Sébastien Guitton, vice-président de Nantes Métropole délégué au cycle de l’eau et à la biodiversité, rappelle que « 7,5 M€ sont investis par la Métropole pendant ce mandat pour la restauration des cours d’eau, dont plus de 5 M€ pour le bassin de l’Erdre. Ces travaux sont indispensables pour permettre à la nature de jouer son rôle de régulation et préserver nos territoires de catastrophes climatiques, telles que les inondations vécues récemment en Espagne. »
Leïla Thominiaux, conseillère départementale du canton d’Ancenis et élue déléguée à l’action foncière, renchérit : « La Loire-Atlantique est le deuxième département français qui recèle le plus de zones humides. Nous avons la chance de pouvoir être particulièrement résilients, à condition d’atteindre l’objectif de zéro artificialisation des sols à l’horizon 2050. » Pour Romann Kermanac’h, conseiller régional, « seulement 11 % des masses d’eau superficielles de la région sont en bon état écologique. Il est urgent d’agir. »
« Nous accompagnons les collectivités et les acteurs publics et privés pour désartificialiser les villes et renaturer les campagnes, en assurant une solidarité entre amont et aval, milieu urbain et milieu rural, explique Morgan Priol, directrice de la délégation Maine-Loire-Océan de l’agence de l'eau Loire-Bretagne. Les travaux comme ceux réalisés ici montrent que c’est faisable. »