Quel rapport entretiennent les jeunes avec l’alcool ?
« On a deux tendances qui reflètent l'ambivalence du rapport à l'alcool. Il y a tout d'abord une forte banalisation du produit. Les mineurs pensent que c'est normal de boire de l'alcool, qu'une fête sans alcool n'est pas une vraie fête. Il y a aussi ce qu'on appelle une normalisation des excès. Pour pas mal d'ados, le fait de boire en quantité et d'être ivre est un peu la norme, contrairement aux générations précédentes qui avaient tout de même l'impression de transgresser quelque chose en buvant massivement. On note aussi une pression de groupe. Certains mineurs boivent pour se faire accepter. Cependant, on assiste en parallèle à un recul de la consommation d'alcool des mineurs depuis quelques années, ce qui est aussi valable pour le cannabis et le tabac. On a donc une tendance à l'amélioration, même si c'est encore un grand problème de santé publique. C'est sûrement grâce à tout ce qui se fait en prévention au niveau des associations et des collectivités locales. On a besoin que les parents se mobilisent de plus en plus pour accentuer la tendance ».
Quels sont les risques ?
« Consommer de l'alcool à l'adolescence n'est pas anodin car leur organisme est en pleine croissance. On sait que le cerveau d'un ado est beaucoup plus vulnérable que celui d'un adulte, puisqu'il n'achève sa maturation qu'autour de 25 ans. Les effets ne sont pas les mêmes, les dommages sont plus importants. L'alcool est un psychotrope. Plus un jeune consomme tôt de l’alcool, plus il risque de développer un comportement d’addiction. On sait aussi que l'alcool est neurotoxique. Lorsqu'un adolescent s'alcoolise massivement, une destruction neuronale s'opère, plus importante encore que chez les adultes. Ceux qui boivent régulièrement peuvent avoir des trous de mémoire et des difficultés à se concentrer dans les jours qui suivent. Cela impacte la vie quotidienne. Ce n'est pas une bonne idée de boire, et encore moins avec excès ».
Quel rôle joue le marketing ?
« Les ados sont très sensibles à l'attrait des marques, que ce soit pour les vêtements, les boissons ou la malbouffe. Les industriels savent très bien communiquer à destination des jeunes. Ils développent des produits très sucrés pour plaire au palais des mineurs, font beaucoup de pub aux abords des établissements scolaires, sont très présents sur les réseaux sociaux et ont des accords illicites avec des influenceurs. Les marques viennent saboter le travail que font les parents en faisant croire aux enfants qu'ils ne vendent pas de l'éthanol mais de la convivialité » !
Quels conseils donnez-vous aux parents ?
« Le parent est le premier éducateur. Son rôle est de poser un cadre clair, avec une posture équilibrée. Il doit veiller à donner à l'ado des informations sur les risques et les dangers de l'alcool sans pour autant lui faire peur. Il ne doit pas laisser les membres de la famille lui proposer de l'alcool. Les études démontrent que les mineurs dont les parents expriment clairement leur désapprobation de voir leur enfant consommer de l'alcool boivent moins que les autres. C'est important de rappeler qu'on est là tout le temps pour lui et de l'aider. Pour que notre ado réussisse, il faut l'aider à anticiper des situations qui peuvent arriver, à trouver des répliques pour refuser un verre... Les ados ont besoin d'expérimenter des choses. Notre rôle de parent est de leur montrer qu'on peut vivre des expériences fortes de manière sereine à travers le sport, des défis... ».
Conférence-débat gratuite « Alcool pour les ados : pourquoi et comment dire non » :
- Amphithéâtre Ricordeau - Faculté d’odontologie. Mercredi 22 janvier de 18h30 à 20h. Accès libre et gratuit.
L'association Addictions France, en partenariat avec la Ville de Nantes et Nantes Université, propose cette conférence-débat à destination des parents, grands-parents et tout professionnel, acteur travaillant auprès d’enfants et adolescents, autour de son guide « Zéro alcool pour les ados ». Guylaine Benech proposera un échange interactif avec des outils concrets, des conseils pratiques non jugeant.