Des lycéens de La Colinière présentent leur livre, "Nour"

Par petits groupes, elles et ils enchaînent lectures de dialogues, diffusion d’un podcast et slams devant un auditoire attentif : leurs camarades de deux classes de seconde, soit 70 lycéennes et lycéens, leurs enseignants, et les partenaires du projet, dont les applaudissements saluent chaque intervention. Toutes et tous sont réunis pour fêter la sortie du livre Nour, résultat d’un travail collectif mené en classe grâce à un partenariat entre le lycée de La Colinière, La Mutinerie, médiation et littérature et Info Jeunes Pays de la Loire.

Le principe : les élèves donnent des idées, travaillent sur le récit, l’auteur fait le tri et se charge de la rédaction. Les classes œuvrent à la conception de l’histoire et des personnages, et sont également associés à la partie éditoriale : choix du titre, du nom collectif, couverture de l’ouvrage, quatrième de couverture… « Cela permet aussi une approche des métiers de la chaîne du livre », expliquent les promoteurs de cette initiative.

Cinq ateliers, trois thématiques

D’octobre à février, les secondes 2 et 8 de La Colinière ont participé à cinq ateliers de deux heures avec Guillaume Le Cornec, auteur et fondateur de La Mutinerie. « Nous pratiquons la médiation culturelle, scientifique et sociétale grâce à la fiction et à la littérature, explique-t-il. Ici, nous avons choisi de travailler autour de trois thématiques : les violences sexuelles et sexistes, l’émancipation financière et l’égalité hommes-femmes. La fiction donne une approche sensible de ces questions, avec à la fois du recul et une immersion dans une histoire. »

« Un sujet délicat à traiter »

Ce que confirme David Blanchard, professeur de français de la seconde 2 : « Le sujet des violences sexistes et sexuelles est délicat à traiter car, statistiquement, la probabilité de la présence d’une victime dans la classe n’est pas nulle. L’intervention d’un médiateur, une visite au point Infos Jeunes et le travail autour de la fiction nous ont permis d’en parler, de récolter des informations, de débattre. »

« Des sujets dont on ne parle pas assez »

Au fil de la nouvelle se croisent Nour, jeune femme aux prises avec un agresseur sexuel ; Manalebesh, jeune Éthiopien exilé en situation irrégulière ; Mathis et Lena, jeune couple de lycéens sans histoire. Sans histoire ? La situation de Nour pourrait bien faire ressurgir des drames enfouis… « C’était intéressant d’inventer un récit, et de discuter de sujets dont on ne parle pas beaucoup, pas assez : l’égalité, la santé, les violences sexuelles et sexistes… C’est notre classe qui a choisi le nom de Nour, qui signifie lumière en arabe », racontent fièrement Itohan et Françoise, élèves de la classe de seconde 2.

« Une note d’espoir »

Anne Bouillon, avocate spécialiste des violences faites aux femmes et aux enfants, a préfacé le livre et tenait à être là pour sa présentation, qu’elle a saluée avec enthousiasme : « Vous avez déjà tout compris ! En vous voyant aujourd’hui, je me dis que mon combat quotidien pour essayer de changer les choses n’est pas vain. Vous avez la possibilité de vous inventer autrement, de faire couple, de faire famille, de faire l'amour autrement. Merci pour cette note d’espoir. »