Le rideau se lève sur un Jardin (encore plus) extraordinaire
Handicap(s) : comment faciliter les déplacements au quotidien ?
Publié le 13 oct. 2025
Dernière mise à jour 13 oct. 2025
Malgré un engament national pris en 2005, se déplacer reste un défi pour les personnes en situation de handicap, les obstacles restent nombreux pour des millions de Français. À Nantes, les chantiers engagés permettent d’avancer vers une accessibilité universelle, bénéfique à toutes et tous.
En 2005, une loi majeure pour l’égalité des droits et des chances des personnes handicapées est votée à l’Assemblée nationale. Elle visait à rendre accessibles tous les pans de la société (notamment les transports, les bâtiments et les espaces publics) en dix ans. Mais vingt ans plus tard, l’ambition reste inachevée. 67 % des Français déclarent avoir du mal à se déplacer au quotidien. Ce problème dépasse le cadre des personnes à mobilité réduite (PMR) : une étude réalisée par l’Ifop en 2020 pour APF France handicap relève que 33 % des personnes valides, et 72 % des personnes avec une poussette, éprouvent aussi des difficultés à se déplacer en ville.
« Dans ce paysage Nantes est une ville accessible. Des bâtiments comme le château des ducs de Bretagne représentent un modèle de bâtiment 100 % accessible avec son réseau de rampes, d’ascenseurs et de pictogrammes, note Christine Lamberts de l’APAJH 44 (Association pour adultes et jeunes handicapés). Pourtant, côté rue, de nombreux trottoirs restent trop hauts et trop étroits pour permettre le passage d’un fauteuil roulant. Comme partout en France, les pavés, les escaliers et les rails de tramway compliquent le trajet des personnes à mobilité réduite. De même, les plateformes descendantes des bus ne sont pas toujours adaptées ou fonctionnelles. »
Un enjeu d'égalité
« Les villes sont construites selon une norme qui correspond aux personnes valides, mais pas aux personnes en situation de handicap », pointe Charlotte Puiseux. Dans ses ouvrages cette docteure en philosophie et psychologue clinicienne, elle-même en situation de handicap, rappelle que se déplacer est un droit fondamental pour toutes et tous, et un enjeu majeur d’égalité.
« Les difficultés de déplacement provoquent des inégalités puisqu’elles compliquent l’accès à l’emploi, aux droits et aux loisirs des personnes en situation de handicap. » Résultat ? « Près d’un quart des personnes handicapées vit en dessous du seuil de pauvreté, cette situation de précarité complique l’achat d’un véhicule personnel et créé une dépendance aux transports collectifs », observe la sociologue Adèle Merle. « Et c’est un cercle vicieux, renchérit Charlotte Puiseux. Si le moindre trajet nécessite de l’anticipation pour les personnes handicapées, il y a un risque d’assignation à domicile. Plus nous restons chez nous, moins nous sommes visibles dans l’espace public, et moins les personnes valides sont habituées à nous voir, à communiquer avec nous, ou à nous aider. »
Vers l’accessibilité universelle
Pour lutter contre ces inégalités, la Ville de Nantes s’est engagée dans un processus d’accessibilité universelle. Le principe ? Offrir, à toutes et tous, la possibilité d’accéder à l’ensemble des activités et des domaines de la vie, avec la plus grande autonomie possible. Tandis que la Métropole travaille à la mise en accessibilité de 300 km de voies dans l’ensemble des quartiers et de 621 quais d’arrêts de transports en commun, plus de 200 bâtiments nantais ont été mis en accessibilité depuis 2015, 80 sont en cours de transformation (études ou chantiers). De nouveaux bâtiments sortent de terre pour se substituer au patrimoine actuel trop vieillissant. « Nous travaillons au-delà des normes attendues par la loi de 2005 afin d’offrir plus de confort, précise Laurent Poullain, à la direction du bâti. C’est une tâche nécessaire et aussi gigantesque. Ces chantiers sont coûteux, nécessitant plusieurs années de travaux. »
Pour orienter son action au plus près des besoins des habitants, la collectivité s’est dotée d’un Conseil nantais de l’accessibilité universelle (CNAU). Experts d’usage, acteurs, instituts et personnes en situation de handicap (ou non) y font des préconisations aux services. Des sujets comme les nouvelles rames de tramway ou la maison de quartier de la Halvêque ont été passés au crible. En parallèle, des actions de sensibilisation et des mises en situation sont organisées auprès des architectes et des directeurs de travaux afin qu’ils puissent se rendre compte, sur le terrain, des parcours effectués par les usagers.
« L’accessibilité universelle n’est plus perçue comme une contrainte, mais comme un levier pour apporter une garantie de confort d’usage pour toutes et tous, observe la direction égalité de la Ville de Nantes. Ce qui s’avère nécessaire pour 10 % de la population est utile pour 40 % et confortable pour 100 % des personnes. »
L'accessibilité en quelques chiffres
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67 % des personnes en situation de handicap rencontrent souvent des difficultés pour se déplacer en ville (Etude IFOP pour APF France Handicap, 2020)
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80 % des handicaps sont invisibles et moins de 5 % des personnes en situation de handicap moteur utilisent un fauteuil roulant. (handicap.agriculture.gouv.fr)
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1,7 millions d’euros ont été dépensés, en 2024, par Nantes Métropole pour mettre en accessibilité les cheminements piétons.