Pont Anne-de-Bretagne : carnet de voyage d'une charpente hors norme

Publié le 20 oct. 2025

Dernière mise à jour 25 oct. 2025

La charpente métallique du futur pont Anne-de-Bretagne entame un long voyage depuis l’Italie. Ce tablier aux dimensions gargantuesques arrivera à Nantes en une seule pièce, sur une barge qui traversera la mer Adriatique, la Méditerranée, le golfe de Gascogne, avant de remonter la Loire. Embarquez dans les coulisses de la traversée d’un convoi hors norme.

  • L'immense charpente métallique est chargée sur la barge à l'aide de kamags. Stationné devant sur le port, un bateau semble tout petit
    La barge transportant le tablier du pont Anne-de-Bretagne a quitté le port de Monfalcone samedi 25 octobre 2025. © Gaël Arnaud

Tablier chargé, haubans installés : la traversée maritime et fluviale de la structure du futur pont Anne-de-Bretagne peut commencer. Elle devrait durer quatre à six semaines. Voyage exceptionnel pour un chantier exceptionnel, qui aboutira, fin 2027, à un « pont-place » aussi large qu’un terrain de football et accueillera les deux nouvelles lignes de tramway 6 et 7. Mais pour tripler sa largeur actuelle, une charpente métallique doit être juxtaposée au pont existant. 

Six mois de construction

Ce tablier aux dimensions impressionnantes – 150 m de long, 42 m de large, pour 2 200 tonnes – a été construit dans l’usine Cimolaï, entre Venise et Trieste. « 80 personnes sont mobilisées depuis six mois pour construire cette charpente », raconte Philippe Moreau, commercial de l’entreprise italienne spécialiste des structures métalliques de très grandes tailles. « La fabrication en Italie a permis de réaliser simultanément les piles, les culées et le tablier, faisant gagner du temps sur le site du chantier » explique Sophie Louis, cheffe de projet à Nantes Métropole, assurant la maîtrise d'ouvrage.

Bien qu’habituée aux projets spectaculaires – comme les portes du canal de Panama – Cimolaï qualifie ce tablier « d'exceptionnel, par ses dimensions, son mode de transport et ses choix techniques ». Premier défi technique : acheminer la charpente jusqu’au port de Monfalcone. Le portail d’accès a ainsi dû être démonté et le sol renforcé. La charpente a ensuite été chargée sur la barge à l’aide de kamags, des véhicules autopropulsés. Parée au départ !

Un futur lieu de vie et de passage

Bien plus qu’un simple franchissement de la Loire, le nouveau pont Anne-de-Bretagne se veut un espace de vie, un lieu de promenade et un jardin belvédère. Attendu fin 2027, chacun y trouvera sa place : piétons, cyclistes, tramways, bus et véhicules individuels. 75% de la surface sera dédiée aux déplacements doux, avec de larges pistes cyclables, des espaces piétons végétalisés et les deux futures lignes de tramway 6 et 7, qui relieront le secteur de l’hôtel de ville de Rezé à La Chapelle-sur-Erdre et Saint-Herblain.

Jour 1 : départ de Monfalcone

Le ciel était partiellement dégagé ce samedi 25 octobre à Monfalcone quand la barge a quitté le port. Cap sur Nantes ! La traversée commence sur la mer Adriatique, se poursuit en Méditerranée, puis direction le Golfe de Gascogne avant de remonter la Loire. 

 

Au-delà de la prouesse technique, transporter le tablier en une seule partie par voie maritime et fluviale permet d'éviter 200 allers-retours par camion. Durant la traversée, la stabilité de l’ouvrage est assurée par un haubanage provisoire. Ces câbles renforcent la rigidité de la structure pour éviter toute déformation, liée à son propre poids ou aux mouvements de la barge. Au total, entre la charpente, les haubans et les pièces métalliques soutenant le chargement, c’est un convoi de 25 m de haut et 3 000 t qui prend la mer. « Il faut imaginer un immeuble de huit étages qui navigue » illustre Sophie Louis. Et d'ajouter « ce sera encore plus impressionnant sur la Loire. » Si les conditions météo sont bonnes, la barge devrait arriver à l’embouchure du fleuve autour du 25 novembre. À suivre…

Comment se déplacer pendant les travaux ?

Début décembre, la pose du tablier entraînera, pendant quelques jours, la fermeture du pont à tous les usagers : piétons, cyclistes et automobilistes. C’est une garantie de sécurité pour les Nantais et les Nantaises, mais aussi pour les travailleurs en charge de cette délicate manœuvre. 

  • Vous circulez en voiture ?  Les déviations se feront via le pont Haudaudine, en face du CHU.
  • Vous vous déplacez à vélo ? Vous pouvez également emprunter le pont Haudaudine ou la passerelle Schoelcher en mettant le pied à terre.
  • Vous êtes à pied ou en tramway ? Pour traverser la Loire en arrivant en tram, il faut s'arrêter à Médiathèque. Le passage se fait sur la passerelle Schoelcher.