Pont Anne-de-Bretagne : comment se passe la pose du tablier ?
Pont Anne-de-Bretagne : carnet de voyage d'une charpente hors norme
Publié le 20 oct. 2025
Dernière mise à jour 17 nov. 2025
La charpente métallique du futur pont Anne-de-Bretagne entame un long voyage depuis l’Italie. Ce tablier aux dimensions gargantuesques arrivera à Nantes sur une barge qui traversera la mer Adriatique, la Méditerranée, le golfe de Gascogne, avant de remonter la Loire. Embarquez dans les coulisses !
Tablier chargé, haubans installés : la traversée maritime et fluviale de la structure du futur pont Anne-de-Bretagne peut commencer. Elle devrait durer quatre à six semaines. Voyage exceptionnel pour un chantier exceptionnel, qui aboutira, fin 2027, à un « pont-place » aussi large qu’un terrain de football et accueillera les deux nouvelles lignes de tramway 6 et 7. Mais pour tripler sa largeur actuelle, une charpente métallique doit être juxtaposée au pont existant.
Six mois de construction
Ce tablier aux dimensions impressionnantes – 150 m de long, 42 m de large, pour 2 200 tonnes – a été construit dans l’usine Cimolaï, entre Venise et Trieste. « 80 personnes sont mobilisées depuis six mois pour construire cette charpente »
, raconte Philippe Moreau, commercial de l’entreprise italienne spécialiste des structures métalliques de très grandes tailles. « La fabrication en Italie a permis de réaliser simultanément les piles, les culées et le tablier, faisant gagner du temps sur le site du chantier »
explique Sophie Louis, cheffe de projet à Nantes Métropole, assurant la maîtrise d'ouvrage.
Bien qu’habituée aux projets spectaculaires – comme les portes du canal de Panama – Cimolaï qualifie ce tablier « d'exceptionnel, par ses dimensions, son mode de transport et ses choix techniques »
. Premier défi technique : acheminer la charpente jusqu’au port de Monfalcone. Le portail d’accès a ainsi dû être démonté et le sol renforcé. La charpente a ensuite été chargée sur la barge à l’aide de kamags, des véhicules autopropulsés. Parée au départ !
Jour 1 : départ de Monfalcone
Le ciel est partiellement dégagé ce dimanche 26 octobre à Monfalcone quand la barge quitte le port. Il est 13h30. Cap sur Nantes ! La traversée commence sur la mer Adriatique, se poursuit en Méditerranée, puis direction le Golfe de Gascogne avant de remonter la Loire.
Durant le voyage, la stabilité de l’ouvrage est assurée par un haubanage provisoire. Ces câbles renforcent la rigidité de la structure pour éviter toute déformation, liée à son propre poids ou aux mouvements de la barge. Au total, entre la charpente, les haubans et les pièces métalliques soutenant le chargement, c’est un convoi de 25 m de haut et 3 100 t qui prend la mer. « Il faut imaginer un immeuble de huit étages qui navigue » illustre Sophie Louis. Et d'ajouter « ce sera encore plus impressionnant sur la Loire. » En fonction des conditions météo et des marées, la barge arrivera à l’embouchure du fleuve entre le 20 novembre et le 19 décembre. À suivre…
Jour 10 : au large des Baléares
Voilà 10 jours que la barge a quitté l’Italie, tirée par deux remorqueurs, dont le Multratug 18. Le convoi se trouve désormais au large des Baléares. Avec une vitesse de croisière de 6 nœuds (environ 11 km/h), il se prépare à bientôt passer le détroit de Gibraltar. Au total, la barge va parcourir 5 000 km.
Au-delà de la prouesse technique, transporter le tablier en une seule partie par voie maritime et fluviale permet d'éviter 100 allers-retours par camion. Mais le chantier en lui-même a été pensé en termes de sobriété : grâce au réemploi du pont actuel, 4 800 tonnes de béton n’auront pas à être détruites. Environ 2 600 m3 de béton et 1 300 tonnes d’acier ne seront pas produits. C’est une économie de 6 000 tonnes équivalent en CO2, par rapport à un scénario de remplacement total du pont.
Le futur pont Anne-de-Bretagne, plus qu'un lieu de passage
Bien plus qu’un simple franchissement de la Loire, le nouveau pont Anne-de-Bretagne imaginé par Dietmar Feichtinger se veut un espace de vie, un lieu de promenade et un jardin belvédère. Attendu fin 2027, chacun y trouvera sa place : piétons, cyclistes, tramways, bus et véhicules individuels. 75% de la surface sera dédiée aux déplacements doux, avec de larges pistes cyclables, des espaces piétons végétalisés et les deux futures lignes de tramway 6 et 7, qui relieront le secteur de l’hôtel de ville de Rezé à La Chapelle-sur-Erdre et Saint-Herblain.