Il y a 50 ans, Nantes inaugurait le pont Anne-de-Bretagne

Publié le 13 nov. 2025

Dernière mise à jour 13 nov. 2025

Alors que le pont Anne-de-Bretagne s'apprête à faire peau neuve, Nantes célèbre cette année son 50e anniversaire. En 1975, les Nantais retrouvaient une liaison entre le quai de la Fosse et le boulevard Léon Bureau, 17 ans après le démantèlement du célèbre transbordeur.

  • Photo aérienne du pont Anne-de-Bretagne prise dans les années 1970, où on aperçoit à droite le quai de la fosse et à gauche les chantiers Dubigeon, fermés en 1987.
    Photo aérienne prise dans les années 1970 après l’inauguration du pont Anne-de-Bretagne, avec, à droite le quai de la fosse, et à gauche les chantiers Dubigeon, fermés en 1987. © D.R - Nantes Métropole

50 bougies, ça se fête ! Et pour l’occasion, ce n'est pas un ravalement de façade mais une métamorphose complète que s’offre le pont Anne-de-Bretagne. Bientôt, les Nantais pourront l’emprunter en tramway. Une petite révolution, similaire à celle vécue par les automobilistes en 1975. Le 7 octobre cette année-là, le sénateur-maire André Morice inaugure et baptise le pont Anne-de-Bretagne. L’équipement est saturé dès le premier soir. « Les voitures faisaient du sur-place, peut-être les balbutiements des premiers jours », écrit un journaliste de Ouest-France à l’époque.

Franchissement stratégique

Il faut dire que le lieu est stratégique. 

En 1903 déjà, un pont transbordeur est mis en service entre le quai de la Fosse et la Prairie-au-Duc. Silhouette emblématique de l’ère industrielle nantaise, il permet aux ouvriers des chantiers navals de rejoindre l’actuelle île de Nantes, à pied ou en vélo. Mais après la seconde guerre mondiale, l’ouvrage métallique, mal entretenu, agonise. Sa restauration jugée trop onéreuse le condamne au démantèlement en 1958.

Dix ans plus tard, une étude fait état du manque de franchissement de la Loire à Nantes. Un marché public est donc lancé. Les travaux de l’ouvrage à 11 millions de francs (l’équivalent d’un million d’euros) courent de 1973 à 1975. Ils aboutissent à un pont de 160 m de long pour 18 m de large, composé de poutres-caissons.

Un pont aux multiples noms

Durant toute la phase de travaux, le pont se fait appeler Léon-Bureau, du nom du boulevard qu’il relie au quai de la fosse. Mais lors de son inauguration officielle le 7 octobre 1975, le maire radical-socialiste André Morice le baptiste en hommage à la dernière duchesse de Bretagne.

Pourtant, ce ne sont pas les seuls noms qu’il portera. Officieusement du moins. Quatre jours après sa mise en service, des ouvriers syndiqués des chantiers navals le renomment « Pont des martyrs espagnols »pour protester contre la dictature franquisteQuelques jours auparavant en effet, le 27 septembre 1975 – soit deux mois avant la mort du général Franco – sont fusillés cinq militants. Ces dernières exécutions du régime provoquent une vague d'indignation à travers l’Europe et poussent l’intersyndicale CGT-CFDT à rebaptiser le pont, en apposant deux plaques à ses extrémités.  

L’opération semble faire des émules. En contradiction, des Nantais se rassemblent à leur tour sur le pont pour lui donner le nom de « Pont de Saïgon »,  en mémoire aux victimes du communisme au Vietnam. S'il se transforme aujourd'hui, le pont gardera bien le nom qu'on lui a attribué voilà 50 ans. 

À quoi ressemblera le futur pont ?

Nouvelle place au-dessus de la Loire, le futur pont  Anne-de-Bretagne va tripler de largeur pour accueillir deux nouvelles lignes de tramway. Les L6 et L7 desserviront le nouveau CHU et faciliteront les déplacements entre le Nord et le Sud de la métropole. En plus de la circulation à double sens des voitures, une large place sera faite aux vélos et aux piétons. Avec ses 1 779 m² d’espaces verts, le pont deviendra un véritable lieu de promenade.