La cathédrale de Nantes renaît de ses cendres

Ce samedi 27 septembre, la foule se masse sur le parvis de la cathédrale. L’évènement est d’ampleur : 4 ans après l’incendie volontaire qui l’a gravement endommagée, la cathédrale de Nantes revit. 

Pascal et Anne, jeunes retraités lillois, sont de passage, en chemin pour la Bretagne. « On en a aussi profité pour voir le cheval Zeus. Ce n'est pas courant une cathédrale qui rouvre, un peu comme pour Notre-Dame de Paris à laquelle nous avons assisté. On est juste un peu déçus de ne pas pouvoir la visiter, les réservations sont complètes. On reviendra ! » Samuel et Gaëlle, jeunes trentenaires, ne l'ont jamais vu ouverte : « On pense sûrement venir la visiter lundi. » 

Fabienne, Nantaise depuis 2019, a été prévoyante : avec son compagnon Christophe, elle dispose du précieux sésame pour la visite guidée du dimanche matin. « On est heureux de retrouver notre cathédrale. Je suis vraiment curieuse de voir le travail des artisans de cette restauration et ce qu'est devenu l'orgue. »

Le bagad du 9^e régiment d'infanterie de marine rejoint la place. Place à la cérémonie officielle de réouverture, ouverte par l’Évêque de Nantes, Laurent Perceron. « Cette cathédrale est notre bien commun », souligne-t-il, louant le génie de ceux qui l'ont édifiée et des artisans engagés pour la restaurer. En appui sur sa canne, Bernadette, une Nantaise de 90 ans, est très émue. « C'est toute ma vie qui remonte. Mes parents se sont mariés ici en 1928 et ma sœur y a été baptisée. » Pascal Bolo, vice-président du Service départemental d'incendie et de secours (SDIS), vient ensuite témoigner de l'engagement des sapeurs-pompiers pour éteindre l'incendie du 18 juillet 2020. 

Puis Johanna Rolland, maire de Nantes, rappelle qu'il a fallu 457 années pour édifier cette cathédrale, mais juste 4 ans pour mener à bien sa restauration. « J'adresse mes remerciements profonds et sincères à toutes celles et tous ceux impliqués dans le sauvetage et la reconstruction de cet emblème de notre ville. » La ministre démissionnaire la Culture Rachida Dati clôture les interventions officielles, en tant que responsable de ce chantier de restauration : 35 millions d'euros sont engagés au total par l’État, en charge des cathédrales. « Ce n'est pas encore la fin, les travaux vont se poursuivre jusqu'en 2028 », précise la ministre démissionnaire. 

La réouverture officielle se poursuit par deux cérémonies pour remercier les artisans de cette renaissance. 35 médailles de chevalier ou officier des arts et des lettres récompensent celles et ceux qui ont donné de leur temps pour cette mission de restauration : personnels de la Direction régionale des affaires culturelles (DRAC) qui a piloté cette restauration, responsables d'entreprises et d'ateliers de restauration, restauratrices et restaurateurs de sculptures, de peintures, facteurs d'orgue. 24 sapeurs pompiers, policiers nationaux et policiers municipaux se voient eux décerner la médaille d'honneur pour acte de courage et de dévouement face à l'incendie de 2020. 

Le spectacle « Élévation » est annoncé. C'est Fred Deb', une artiste de cirque nazairienne qui l'a conçu. Les habitants de la place Saint-Pierre se pressent à leur balcon. Jean-Jacques vient d'arriver. « Je viens souvent le samedi en ville : j'en profite aujourd’hui pour voir le spectacle. Ce que j'apprécie dans cette cathédrale, c'est son architecture. » D'autres sont heureux de bénéficier d'un concert gratuit de Stradivaria, formation musicale qu'ils connaissent bien et qui met en musique ce spectacle avec 14 de ses membres. 

Les musiciens entament l'ouverture de l'opéra Rinaldo d'Haendel : les immenses grues élèvent deux petits diablotins dans les airs, suivis de près par des pompiers acrobates sur des échelles. Auprès d'eux, une danseuse à la longue robe jaune scintillant. Les flammes du feu qui ont ravagé la cathédrale ? Chacune, chacun interprète à sa façon les 40 minutes de ce spectacle allégorique. Mais le mot de « grâce » revient souvent. Les 9 artistes sont chaleureusement applaudis lors du final à 3 échelles, leurs yeux tournés vers l'avenir, confiants. Le bagad reprend sa route. Quelques « privilégiés » se dirigent vers la cathédrale pour le « réveil de l'orgue », avant un concert de la Maîtrise et des chœurs de la cathédrale à suivre.