« Le roman néo-Victorien », par Georges Letissier

Très connu dans le monde anglo-saxon, quasiment absent en France, le roman néo-Victorien est constitué de toutes ces fictions qui réinventent l’époque victorienne (1837-1901) en adoptant une perspective contemporaine. En France, le film La Maîtresse du lieutenant français (Karel Reiz 1981, avec Meryl Streep et Jeremy Irons), adaptation du roman de John Fowles, a fait connaître ce en quoi consiste le roman néo-Victorien.
La présentation visera à remonter aux origines du mouvement, le roman de Jean Rhys, La Prisonnière des Sargasses (1966). Puis seront abordées les grandes thématiques qui s’y retrouvent, le darwinisme, l’historiographie, la volonté d’aborder ce qui a été occulté dans le roman victorien : la sexualité, les différences (orientation sexuelle, minorités racisées, le handicap – à l’instar du Elephant Man du film de David Lynch), etc.
Le roman néo-Victorien se caractérise aussi par une écriture, qui mêle fiction imaginaire et historiographie, voire réflexion sur l’écriture de l’Histoire. Sur le plan esthétique, le roman néo-Victorien envisage la persistance de l’inscription du passé dans le présent, les phénomènes de hantise, la spectralité, le paranormal. Enfin, sur le plan idéologique, le néo-Victorien occupe tout un éventail, qui irait de la nostalgie d’une grandeur passée (le retour aux valeurs tombées en désuétude prôné par Thatcher au début des années 1980) jusqu’à un néo-Victorianisme décolonial, souvent l’œuvre d’écrivain.e.s des pays du Commonwealth et qui veulent apporter un correctif, par la relecture et l’imaginaire, à un récit national qui leur a été imposé.
Professeur émérite des Universités à Nantes, spécialisé dans la littérature anglaise, notamment la littérature victorienne et le roman néo-victorien, Georges Letissier est également membre du comité éditorial de la revue Neo-Victorian Studies_._