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La cravate solidaire, quand les habits luttent contre les discriminations

Publié le 24 octobre 2024

L’antenne nantaise de la Cravate solidaire, créée en 2020, est une association qui lutte contre les discriminations à l’embauche, en particulier celles liées à l’apparence. Entre coaching individuel et collectif d’un côté, et sensibilisation en entreprise de l’autre, la Cravate Solidaire œuvre au quotidien pour la réinsertion professionnelle de toutes et tous.

Dans l'espace d'accueil de l'association, deux hommes sont assis sur un canapé, l'un d'eux porte un costume bleu et souris pendant l'autre lui parle
© Noémie Saintilan

« La Cravate solidaire cherche à changer les regards sur les personnes éloignées de l’emploi mais aussi à lutter contre les discriminations dont elles peuvent être victimes ». Tels se résument les objectifs de l’association selon Violette Schot, responsable de son développement. Des objectifs certes ambitieux mais qui prennent corps chaque jour dans l’action menée auprès des habitants et habitantes de la métropole nantaise.

Le public qui frappe à la porte des locaux du boulevard Salvador Allende à Nantes est non seulement de plus en plus nombreux, mais aussi très varié. En effet, la Cravate solidaire « accueille inconditionnellement toutes les personnes qui en font la demande » explique Violette Schot. « Nous n’avons aucun critère d’accès, ce qui fait que nous avons un très large public, mixte, et d’âge divers. On accueille beaucoup de jeunes, mais aussi des personnes étrangères ou migrantes, des personnes en situation de handicap, ou sous main de justice. Leur point commun est une forme de précarité, mais aussi des ruptures dans leurs parcours personnels, scolaires ou professionnels ».

L’association cherche donc à influer positivement sur les trajectoires, notamment professionnelles, et ce, sous plusieurs formes. D’abord par des ateliers de coaching individuel où les personnes qui en ressentent le besoin sont accueillies pendant 2h. Au programme de ces « ateliers coup de pouce » : un temps d’accueil pour se mettre à l’aise, identifier les besoins mais aussi les freins.

Intervient, ensuite, le conseil en image : aidé par un ou une bénévole, le ou la candidate choisit une tenue adaptée et de son choix dans le dressing mis à disposition. Une tenue qui lui sera donnée gratuitement par l’association. Précision importante apportée par la responsable : « On ne fait pas de relooking ! On ne cherche pas à déguiser tout le monde en pingouin. La tenue doit correspondre aux goûts de la personne avant toute chose. On donne des conseils, et on transmet les codes de l’entreprise. On aborde aussi les questions de l’image de soi, de l’hygiène, de la coiffure etc. »

Après le passage par le dressing, vient le temps de simulation d’entretien : elle permet au bénéficiaire de se mettre en situation, face à un binôme de bénévoles spécialisés en RH et management. S’ensuivent pour terminer un débriefing et un portrait photo qui pourra être utilisé par le ou la candidate sur son CV, ses réseaux sociaux ou simplement pour stimuler sa confiance en soi. « La personne peut revenir autant de fois qu’elle le désire. L’idée est de remobiliser les personnes éloignées, voire très éloignées de l’emploi, un seul rendez-vous n’est donc parfois pas suffisant. »

 

La cravate solidaire en action

Au milieu de deux colonnes de vêtements de couleurs diverses et variées, une femme fouille et semble trouver une tenue qu'elle conseille à une jeune femme à côté d'elle
Choix d'une tenue avec l'aide d'une bénévole de l'association © Noémie Saintilan
Un jeune homme essai un costume gris et une chemise bleue avec le sourire
Essai d'une tenue par un candidat accompagné par l'association © Noémie Saintilan
Deux personnes, un homme et une femme, derrière un bureau, semblent poser des questions à un jeune garçon en costume, de dos
Simulation d'un entretien d'embauche avec deux bénévoles de l'association © Noémie Saintilan

Si les ateliers « coups de pouce » constituent l’action phare de l’association, il existe également des ateliers collectifs sur des thèmes variés comme l’entretien d’embauche, l’image de soi, les codes professionnels. L’association travaille également sur les discriminations à l’embauche, notamment celles liées à l’origine. « On essaye de sensibiliser les candidats aux questions discriminatoires que les recruteurs n’ont pas le droit de leur poser, celles sur leur lieu de naissance, leur lieu de vie, leur situation familiale. On essaye surtout de leur apprendre comment répondre à ces questions et comment les détourner posément » explique Violette Schot.

La sensibilisation et la formation des candidats et candidates sont donc primordiales. L’action ne se porte pourtant pas uniquement sur les personnes. « Il est difficile de faire évoluer les pratiques sans s’intéresser aux entreprises qui recrutent . On noue donc des partenariats avec diverses entreprises du territoire. On organise chez elles des collectes de vêtements, mais aussi des journées de tri au sein de l’asso. » Lors de ces journées, les salariés et salariées qui se portent volontaires sont sensibilisés à la non-discrimination au travers de jeux et de quiz ayant vocation à contrer les biais cognitifs qui peuvent créer des discriminations.

Désormais bien implantée sur le territoire local, l’association évolue au sein d’un vaste réseau. Les collaborations avec d’autres acteurs du secteur comme FACE 44, l’ATDEC, France Travail ou l’École de la 2ème chance sont nombreuses et fructueuses.

En 2023, 600 candidats et candidates ont ainsi été accompagnés par la Cravate solidaire. 63 % d’entre eux ont retrouvé un emploi, un stage ou une formation dans les 3 mois. Les objectifs pour 2024 ? dépasser les 800 bénéficiaires.

Concernant les projets de la fin d’année  « on a intégré le Réseau d’acteurs de vigilance et d’actions contre les discriminations (RAVADis) porté par la Ville de Nantes. Même si on est un acteur indirect de la lutte contre les discriminations, on est amené à rencontrer beaucoup de personnes qui en sont victimes. L’objectif est donc double : pouvoir faire remonter les situations, mais aussi aller plus loin sur ce sujet pour pouvoir mieux structurer notre manière d’aborder les discriminations avec les candidats et les candidates qui les vivent » conclut Violette Schot.

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